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Leviathan, un film d'Andreï Zviaguintsev © Pyramide Distribution

Leviathan d’Andreï Zviaguintsev…Russie sans concession

Quand la beauté aride et grandiose des paysages vient souligner la faiblesse et la corruption des hommes, Le brûlot sociopolitique d’ Andreï Zviaguintsev est un monstre cruel, qui tel le léviathan mythologie entraine une société entière vers le chaos. Le synospis : Kolia habite une petite ville au bord de la mer de Barents, au nord de la Russie. Il tient un garage qui jouxte la maison où il vit avec sa jeune femme Lylia et son fils Roma qu’il a eu d’un précédent mariage. Vadim Cheleviat, le Maire de la ville, souhaite s’approprier le terrain de Kolia, sa maison

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Affiche du film Léviathan ©Pyramide Distribution

Quand la beauté aride et grandiose des paysages vient souligner la faiblesse et la corruption des hommes, Le brûlot sociopolitique d’ Andreï Zviaguintsev est un monstre cruel, qui tel le léviathan mythologie entraine une société entière vers le chaos.

Le synospis : Kolia habite une petite ville au bord de la mer de Barents, au nord de la Russie. Il tient un garage qui jouxte la maison où il vit avec sa jeune femme Lylia et son fils Roma qu’il a eu d’un précédent mariage.
Vadim Cheleviat, le Maire de la ville, souhaite s’approprier le terrain de Kolia, sa maison et son garage. Il a des projets. Il tente d’abord de l’acheter mais Kolia ne peut pas supporter l’idée de perdre tout ce qu’il possède, non seulement le terrain mais aussi la beauté du paysage qui l’entoure depuis sa naissance. Alors Vadim Cheleviat devient plus agressif…

La critique : Dans un paysage apocalyptique et lunaire, d’une beauté à couper le souffle, Andreï Zviaguintsev dépeint sa mère patrie, la Russie, exsangue, corrompue et désespérée. En réadaptant le livre de Job dans une œuvre d’une rare maîtrise, le réalisateur met en abyme, avec beaucoup d’élégance, la société russe contemporaine. Sans aucune concession, la caméra filme nantis, politiques, et simple gens avec la même neutralité montrant ainsi leur force et leurs faiblesses. Saisissant, violent, d’un éclat sauvage et brut, tel est ce long métrage magistral.
Une succession d’images filmées au petit matin montrant l’étendue majestueuse des plaines de la Russie du nord-ouest, plonge le spectateur dans une sorte d’extase visuelle. Ainsi, en opposant la richesse et la beauté des paysages à la violence des comportements humains, Andreï Zviaguintsev dresse une image particulièrement âpre de son pays.

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Elena Liadova est Lilia dans Léviathan ©Pyramide Distribution

Au centre de ce film fleuve, une famille recomposée sur laquelle pèse une menace d’expulsion et qui vit dans une maison de bois passablement décrépite mais néanmoins superbe, dont la pièce principale offre une vue sans égale sur un petit port de la mer de Barents : le père, Kolya –joué avec force et conviction par Alexeï Serebriakov, un être rude et sanguin, qui n’a rien connu d’autre que cette datcha ; la seconde épouse, une femme calme, douce, aimante et compréhensive, Lilia, incarnée par la lunaire Elena Liadova, et le fils, Roma, issu d’un premier mariage. Dans la lutte impitoyable, que Kolya est décidé à mener contre l’antipathique Vadim Cheleviat, l’élu local imbu de son pouvoir – interprété par le plus vrai que nature Roman Madianov,  il est aidé par Dmitri (le très charismatique Vladimir Vdovitchenkov) un ancien frère d’arme, devenu avocat au barreau de Moscou, qui tente d’imposer le code civil dans un pays où seule la loi des plus riches à une vraie valeur. Débouté de sa demande en annulation d’une injonction l’obligeant à quitter sa maison familiale, Kolya, homme rustre, mais croyant en la justice de son pays, ne se doute pas une seule seconde, qu’il vient d’être happé dans une machine infernale qui n’aura de cesse de le broyer.
Dans un pays où la corruption gangrène toute la société, le citoyen honnête est bien peu de chose. En brossant un portrait noir de la société russe, confrontée une nouvelle fois à ses vieux démons et notamment au retour d’une influence particulièrement prégnante du clergé orthodoxe, le réalisateur dénonce avec force la violence de son pays mis en coupe réglée par une poignée de mafieux corrompus, ayant verrouillé le système judiciaire pour régner en maîtres et seigneurs sur le peuple à l’instar des tsars d’antan. Cette liberté de ton, accusant clairement le gouvernement en place d’entraîner cet immense pays dans un précipice sans fond, est d’autant plus étonnante, que le film d’ Andreï Zviaguintsev est subventionné en partie par le ministère russe de la Culture.
Dans ce pays où l’âme humaine semble perdue et où seule la beauté froide et glaciale de la nature semble apporter poésie et quiétude, il n’y pas pas d’échappatoire. La vodka est la seule à offrir aussi bien aux riches qu’aux pauvres d’éphémères moments d’oubli où les maux d’existences médiocres se dissolvent dans les vapeurs d’alcool.

Succombez à la beauté féroce d’une Russie en perte d’humanité, et laissez vous happer par ce tourbillon cruel qui vous touchera au cœur et à l’âme.

Réalisé par Andreï Zviaguintsev
Avec Alexeï Serebriakov, Elena Liadova et Vladimir Vdovitchenkov
Sortie de le 24 septembre 2014
Durée 2h21

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