La salle plonge dans une faible lumière, presque imperceptible. Le rideau rouge s’ouvre lentement sur une scène crépusculaire. Dans un décor minéral, entre désert rocheux et paysage lunaire, un homme immobile se tient debout sur un rocher. Silhouette solitaire, il évoque autant un titan antique que Le Penseur de Rodin, figé dans une contemplation silencieuse. Une lumière verticale, venue des cintres, découpe son corps musculeux tandis qu’autour de lui, dans l’ombre, d’autres figures gisent, dissimulées. Peu à peu, le tableau s’anime. Des soubresauts, semblables à un tremblement de terre, secouent le sol, les corps, le décor. Tout vacille, tout s’effondre et tout est à recommencer.
Un voyage à travers les âges
Conçue comme une succession de scènes aux contours mouvants, Chroniques se déploie par strates, comme une traversée du temps et de l’espace, entre visions d’apocalypse et éclats de burlesque. Tout, ici, concourt à brouiller les pistes, à interdire les raccourcis. Un casque rond évoque à la fois le conquistador et le moine pénitent, venu des temps lointains de l’Inquisition espagnole. Puis une imprimante surgie du ciel propulse le spectateur du Moyen Âge au XXe siècle. Le sol devient palimpseste. Les époques se superposent, se heurtent, s’effacent.
La mort, omniprésente, rôde sous toutes ses formes, tantôt violente, absurde ou foudroyante et pourtant jamais tragique. Il y a dans cette désintégration du monde une part de jeu et d’ironie douce, comme un pied de nez au temps présent. Et parfois, à la faveur d’un geste, d’une chute, d’un regard, la sidération laisse place au rire. Un rire franc ou troublé, né d’un décalage ou d’un détail incongru.
Des figures grotesques, hybrides, traversent la scène. Un Elvis ressuscité y croise de petits robots mécaniques sans fonction, des silhouettes caoutchouteuses aux gestes désarticulés. On croit reconnaître d’étranges créatures sorties d’un tableau de Jérôme Bosch, des réminiscences au fusain d’Albrecht Dürer, des clins d’œil au Nom de la rose ou à 2001, l’Odyssée de l’espace. C’est cinématographique, foisonnant, intensément visuel.
Une fresque hypnotique
Portée par une scénographie millimétrée, des lumières signées Bram Geldhof magnifiant le noir et blanc et des interprètes d’une plasticité remarquable, Chroniques joue des ruptures et des glissements sans jamais perdre le fil. La création, encore fragile par endroits, laisse entrevoir une matière dense, riche, prête à s’affiner. Gabriela Carrizo puise dans les angoisses du monde contemporain une matière scénique aussi belle qu’inquiétante, qu’elle modèle au contact de ses interprètes. Rien n’est laissé au hasard. Tout semble le fruit d’un dialogue constant entre la vision de la chorégraphe et l’inventivité du plateau.
C’est sombre, fascinant, presque hypnotique. Une fresque mouvante, à la fois épique et intime, où l’humain se confronte à ses peurs, à ses limites, à sa finitude. Et pourtant, malgré l’effondrement, subsiste un souffle, une tendresse étrange, une vitalité souterraine. Chroniques regarde la fin du monde, mais choisit d’en rire – à sa manière, en clown.
Une fresque hypnotique
Portée par une scénographie millimétrée et des interprètes d’une plasticité remarquable, Chroniques joue des ruptures et des glissements sans jamais perdre son fil. La création, encore fragile par endroits, laisse entrevoir une matière dense, riche, prête à s’affiner. Gabriela Carrizo puise dans les angoisses du monde contemporain une matière scénique aussi belle qu’inquiétante, qu’elle modèle au contact de ses interprètes. Rien n’est laissé au hasard. Tout semble le fruit d’un dialogue constant entre la vision de la chorégraphe et l’inventivité du plateau.
C’est sombre, fascinant, presque hypnotique. Une fresque mouvante, à la fois épique et intime, où l’humain se confronte à ses peurs, à ses limites et à sa finitude. Et pourtant, malgré l’effondrement, subsiste un souffle, une tendresse étrange, une vitalité souterraine. Chroniques regarde la fin du monde, mais choisit d’en rire – à sa manière, en clown.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Nice
Chroniques de Gabriela Carrizo – Peeping Tom
Création du 4 au 6 juin 2025 au TNN – Théâtre national de Nice
durée 1h30
Tournée 2025
18 au 20 juin 2025 à La Criée – théâtre national de Marseille, dans le cadre du Festival de Marseille
27 et 28 septembre 2025 à l’Aperto Festival Reggio Emilia (IT)
2 et 4 octobre 2025 à TorinoDanza (IT)
8 et 9 octobre 2025 à la Triennale Milano (IT)
13 et 14 octobre 2025 à Dialog Festival Wroclaw (PL)
14 au 16 novembre 2025 à Anthéa Antibes (FR)
20 et 21 novembre 2025 au Théâtre des Salins Martigues (FR)
27 au 29 novembre 2025 au Théâtre Liberté,Toulon (FR)
5 et 6 décembre 2025 au Carré Leon Gaumont Sainte-Maxime (FR)
9 au 19 décembre 2025 au KVS Bruxelles (BE)
Tournée 2026
23 et 24 janvier 2026 au Tanz Köln (DE)
4 au 6 mars 2026 à l’Aula Magna Le Vilar, Louvain-la-Neuve (BE)
20 et 21 mars 2026 au Teatro Central Sevilla (ES)
28 et 29 mars 2026 – Emilia Romagna Teatro Cesena (IT)
02 au 08 avril 2026 à La Villette Paris (FR)
28 au 30 avril 2026 aux Théâtres de la ville de Luxembourg (LU)
4 au 14 juin 2026 au Teatre Nacional de Catalunya Barcelona (ES)
Mise en scène de Gabriela Carrizo
En co-réalisation avec Raphaëlle Latini
Création et interprétation- Simon Bus, Seungwoo Park, Charlie Skuy, Boston Gallacher et Balder Hansen
Assistante artistique – Helena Casas
Composition sonore de Raphaëlle Latini
Scénographie d’Amber Vandenhoeck assistée d’Edith Vandenhoeck
Création lumière de Bram Geldhof
Création costumes de Jana Roos, Yi-Chun Liu et Boston Gallacher
Conseil artistique – Eurudike de Beul
Création technique de Filip Timmerman assisté de Clement Michaux et Peter Brughman
Ingénieur du son – Jo Heijens
Collaboration spéciale – Lolo y Sosaku
ExtraPôle SUD Production est une plateforme de production soutenue par la Région SUD PACA pilotée par la Friche la Belle de Mai et rassemblant le Festival d’Avignon, le Festival de Marseille, le Théâtre National de Nice – CDN Nice Côte d’Azur, le Théâtre National de Marseille La Criée – CDN, Les Théâtres Aix-Marseille, anthéa – Antipolis Théâtre d’Antibes, Châteauvallon-Liberté – SN
