Comme le rappelle Armelle Héliot, secrétaire de l’association et présidente du Jury, Le Prix Plaisir du Théâtre a été créé en 1972 par Marcel Nahmias. Grand amoureux des arts dramatiques, cet industriel français a décidé, avec son ami, le grand critique du Figaro Jean-Jacques Gautier, de créer un prix pour honorer un ou une artiste de la profession. Le prix Plaisir du Théâtre récompense l’ensemble d’une carrière. Le Prix Jean-Jacques-Gautier récompense les jeunes talents.
Cette année, le jury composé de Gilles Costaz, Philippe Chevilley, Yves Bourgade, Jacques Nerson, Nicolas Vaude, Marie-Josée Sirach, Jean-Paul Farré, Fabienne Pascaud et Olivier Frégaville-Gratian d’Amore ont décerné les prix à deux metteurs en scène, Jean-François Sivadier et Paul Platel, qui succèdent à la comédienne Anne Benoit et au comédien François Deblock.
Le Prix Jean-Jacques Gautier
C’est sur la jeunesse, l’avenir, que s’ouvre la soirée. Cette année, le jury a choisi, à juste titre, de récompenser Paul Platel. Très tôt attiré par le théâtre, le jeune niçois de 30 ans est un protégé d’Ariane Mnouchkine, comme le fut en son temps Jean Bellorini. Il est acteur, auteur, metteur en scène, « chef de troupe et galvaniseur sachant tout faire ».
Après ses deux premières créations, Je me souviens et Pardon Abel dont il signait les textes, « Ariane le pousse », comme le précise Armelle Héliot avant de lui remettre son diplôme, « à aller vers un autre univers. Il aurait pu monter une pièce du répertoire. Mais Balzac est décidément dans l’air du temps et la jeunesse prend la mesure de l’extrême force de La Comédie Humaine. » Ce sera Splendeurs et Misères, d’après Les illusions perdues, pièce présentée au théâtre de l’Épée de bois en ce début d’année.
L’émotion se lit sur le visage de cet artiste qui a l’avenir devant lui. Il avoue ressentir « grande joie de recevoir le prix en même temps que Sivadier. » Il partage son prix avec ses camarades de la Troupe des Évadés, présent en nombre. C’est en citant Zweig qu’il clôture : « Il y a plus de sécurité pour un débutant dans tout service désintéressé que dans la création personnelle, et rien de ce qu’on accomplit dans un esprit de sacrifice total n’est fait en vain. »
Prix Plaisir du Théâtre
Cette prestigieuse récompense a été décernée cette année à Jean-François Sivadier. C’est à Nicolas Vaude que revient la tâche de remettre le prix au nom du jury. Dans son discours, le comédien se place en tant que spectateur assidu de ses pièces – qu’il avoue avoir vu souvent plus d’une fois. Il évoque avec passion, Italienne avec orchestre, La vie de Galilée, La mort de Danton, Le Roi Lear, Le Misanthrope, Dom Juan, Un ennemi du peuple, Othello, Portraits de famille et Sentinelles. « Dans ce dernier, vous avez montré que la musique classique pouvait devenir plus rock que Prince ! » Il termine en citant Nicolas Bouchaud : « Sivadier est un metteur en scène qui porte-bonheur ! ».
Plus que jamais, le Prix portait bien son nom, Plaisir. Car depuis trente ans, ce grand meneur de troupe nous en a procuré beaucoup. Homme discret, Sivadier reconnaît dans un sourire lumineux n’avoir « rien préparé. En regardant Paul, cela me renvoie à mes souvenirs, à mes débuts. Je pense à François Tanguy et Didier-Georges Gabily ».
La soirée s’est terminée chaleureusement dans ces magnifiques locaux de la rue Ballu, en présence de sa présidente Brigitte Buc, du directeur général Pascal Rogard, du secrétaire général Patrick Raude et de la vice-présidente théâtre Panchika Velez. Tous les convives, artistes, auteurs, journalistes, ont alors échangé ensemble autour de ce qui nous relie tous, le plaisir du théâtre.
Marie-Céline Nivière
