Penda Diop par Penda Diop

Penda Diouf, une écriture à cœur de territoire

À la Comédie de Valence, La dramaturge Penda Diouf pilote, depuis 2019, les Studios d’écriture nomades en Drôme et en Ardèche.

Penda Diop par Penda Diop

À la Comédie de Valence, La dramaturge Penda Diouf pilote, depuis l’arrivée de Marc Lainé à la tête du CDN, les Studios d’écriture nomades en Drôme et en Ardèche. Ce dispositif a pour objectif de permettre à des auteur·rice·s écrivant en français d’être accueilli·e·s durant deux mois en résidence en Drôme ou en Ardèche, et de percevoir à cette occasion une bourse pour écrire un texte de théâtre. Rencontre avec une artiste engagée.

© Penda Diop

Comment sont nés les Studios d’écriture nomades en Drôme et en Ardèche ?

Penda Diouf : Ils sont nés de l’envie de Marc Lainé, directeur du théâtre mais également auteur, d’accompagner les auteur.ice.s de théâtre contemporain. En écrivant son projet pour la Comédie de Valence en 2019, il m’a demandé de réfléchir avec lui à l’élaboration d’un dispositif d’accueil en résidence pour des auteur.ice.s écrivant en français ou résidant dans des pays où le français est une des langues parlées. C’est aussi considérer l’écriture et les auteur.ice.s comme faisant partie du théâtre et leur faire de la place. Cette idée se retrouve également dans le choix des artistes de l’Ensemble artistique.

Quels sont les grandes lignes de ce projet ?

Penda Diouf : Un appel à dossiers est lancé, avec une incitation poétique en lien avec la programmation du théâtre et l’actualité. Des citations de la philosophe Simone Weil, de Vinciane Despret ou de Léonora Miano ont permis une entrée dans un projet d’écriture pour les candidat·e·s. Deux zones géographiques ont été définies, pour une meilleure visibilité des textes et une équité dans le choix des dossiers. Pour que des voix de tous les pays où l’on s’exprime en français puissent être accompagnées et entendues. La première zone comprend les pays européens et le Québec, qui bénéficient de dispositifs d’accompagnement pour les auteur·ice·s (même si ce n’est jamais suffisant), et la deuxième zone comprend le Liban, les pays du Maghreb et les pays d’Afrique subsaharienne, pays où les accompagnements sont plus fragiles ou parfois inexistants. Cinq dossiers ont été choisis depuis la création des SENDA. Au-delà de l’écriture d’un texte, ce dispositif permet également d’arpenter le territoire et de nourrir sa réflexion au travers de rencontres et d’ateliers. C’est aussi la possibilité de se confronter à d’autres disciplines comme la musique, la danse, le cirque, toujours dans l’idée que ce texte puisse être traversé autrement. Le dispositif est paritaire a minima.

En tant qu’artiste, autrice, qu’est ce qui vous a donné envie de piloter cette résidence d’écriture ?

Penda Diouf : Cette résidence d’écriture est un dispositif qui prend en compte les besoins des auteur·ice·s. Il s’agit de laisser du temps à la réflexion, à la recherche et à l’écriture d’un sujet. Et cela demande parfois d’être éloigné des contingences matérielles du quotidien. L’équipe du théâtre et l’organisation permettent cette bulle introspective qui favorise l’écriture. Et les rencontres et ateliers doivent servir le projet d’écriture. Par ailleurs, je co-organise le festival Jeunes textes en liberté avec le metteur en scène Anthony Thibault depuis huit ans.C’est donc une forme de continuité que de prolonger cet accompagnement en pilotant les SENDA.

Comment avez-vous choisi les auteurs et autrices participant·e·s ?

Penda Diouf : La sélection se déroule en deux tours. Un premier où les dossiers sont envoyés au jury. Chaque dossier est lu par trois membres différents. Le jury, composé d’une vingtaine de professionnels : libraires, universitaires, metteur·euse·s en scène, ayant une compagnie en Drôme ou en Ardèche, directeur·rice·s de structure, de festivals ou bien des auteur·ice·s. Pour le deuxième tour, ce sont les dossiers qui ont le plus retenu l’attention du jury qui sont lus et débattus par l’ensemble. Nous choisissons les dossiers lauréats en fonction de la qualité du projet, de la façon dont l’incitation poétique résonne, de la projection sur le territoire et des rencontres qui peuvent y être faites. Il est possible également d’envoyer des précédents textes pour apprécier les qualités d’écriture. Mais ce n’est pas obligatoire pour ne pas pénaliser les tout jeunes auteur·ice·s. 

Quel est votre rôle par rapport aux artistes sélectionnés ?

Penda Diouf : Pour les artistes sélectionnés, je peux leur faire des retours dramaturgiques lors de l’écriture de leur texte s’ils en ressentent le besoin. Je suis également là pour répondre à leurs questions en amont sur l’organisation et réfléchir aux suites et à la circulation du texte à venir.

Vous en tant qu’autrice, qu’attendez vous de ces rencontres ?

Penda Diouf : Je souhaite que ces rencontres puissent participer au processus d’écriture, aider à préciser le projet, à acquérir de nouvelles connaissances, à créer du lien et peut-être une autre histoire du territoire.

Ce projet est très lié au territoire. En quoi cela est-il important ? 

Penda Diouf : Il s’agit effectivement d’un travail in situ, en immersion, qui permet de rencontrer des personnes qu’on ne rencontrerait pas forcément dans notre quotidien. Ça permet un déplacement, un pas de côté qui sont nécessaires également à l’écriture puisque l’écriture, c’est aussi se mettre à la place de. Sortir de sa zone de confort permet aussi l’empathie et la possibilité de se projeter ailleurs, dans un autre. 

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Les Studios d’écriture nomades en Drôme et en Ardèche (S.E.N.D.A.)
La Comédie de Valence

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