Germaine Acogny et Fatoumata Diawara. Le défilé. La biennale de la danse © M. Cavalca

Un dimanche à la Biennale de Danse

Le premier week-end de la biennale de la Danse 2021, sauvée des eaux et du covid se termine en beauté.

Le premier week-end de la biennale de la Danse 2021, sauvée des eaux et du covid se termine en beauté. Sous le regard bienveillant et solaire, de ses deux marraines, Germaine Acogny-Vogt et Fatoumata Diawara, le défilé « so » Africa2020 a fait se trémousser le théâtre antique. Aux Subs, le programme de solo, Danser encore, du ballet de l’Opéra de Lyon, fut illuminé de moments de grâce. 

En ce dimanche matin, le soleil est bien timide. Des nuages d’un blanc immaculé en voilent légèrement les rayons. Petit à petit, les terrasses des cafés se remplissent. Tous veulent profiter de la douce journée qui s’annonce. En début d’après-midi, une étrange transhumance entraîne une centaine de lyonnais sur la colline de Fourvière. Dans l’ancien théâtre antique, se prépare le fameux défilé de la Biennale. Faute de pouvoir circuler dans les rues, en raison des restrictions sanitaires, Dominique Hervieu, grâce à la complicité Dominique Delorme, directeur des Nuits de Fourvière, investit les lieux. 

Le défilé, temps fort de la saison Africa2020
Le défilé vu par Qudus Onikedu. la Biennale © M. Cavalca.

Véritable institution, cette manifestation colorée, bariolée, est une aventure humaine, un temps de solidarité, de connivence, où toutes les barrières sociales tombent. En ces temps troubles, aseptisés, où chacun est resté chez soi, il était plus que vital de permettre aux douze groupes de danseurs amateurs de se donner sur scène, de se laisser porter par le groove, d’échanger et de partager. En collaboration avec plusieurs artistes africains, en présence ou par visio, les 80 citoyens investissent l’espace le temps de trois représentations uniques. Vêtus de sacs plastiques, de canettes, de tissus mutlticolores, enduits de noir, ils se donnent sans compter, avec une générosité communicative qui monte dans les gradins de pierre et entraînent sur des rythmes métissés plus 300 personnes. 

Aux confins de l’art vivant
Les grandes personnes. Le Défilé. La Biennale de la danse. © M. Cavalca

Venus d’ailleurs, les géants de papier de la compagnie des Grandes personnes, saluent la foule chauffée à blanc, bien que malheureusement clairsemée pour respecter les distanciations. Ils tournent, s’amusent comme des enfants dans un ballet imaginé par le chorégraphe invité Bouba Landrille Tchouda de la Cie Malka. Ils sont suivis par des groupes d’enfants, de femmes, d’hommes qui se meuvent sur des rythmiques africaines, mâtinés de son pop, de son Jazzy. L’ambiance est festive. La joie se lit sur les visages, malgré le masque. 

Quand Lyon rencontre Lagos 
Fatoumata Diawara. La Biennale de la Danse. © M. Cavalca.

A la demande de Dominique Hervieu, Qudus Onikeku propose une version resserrée de sa nouvelle création Re :INCARNATION, qui mêle ses dix danseurs de Lagos et 16 jeunes artistes lyonnais en formation. En invoquant les démons de la nuit, le chorégraphe nigérian déplace les frontières et invite interprètes et spectateurs à communier en un grand show énergique, électrique. Mais le point d’orgue de cet après-midi unique réunit sur le devant de la scène les deux marraines de ce défilé 2021, la danseuse Germaine Acogny-Vogt et la chanteuse Fatoumata Diawara. En aussi peu de temps qu’il faut pour le dire, les deux grandes artistes mettent le feu. Mouvements de hanches, frappes dans les mains, reprise version afrobeat de Sinnerman de Nina Simone, et c’est tout le combat des femmes pour exister, pour travailler, pour un monde résolument plus égalitaire qui irradie l’espace et emporte l’amphithéâtre gallo-romain dans une danse folle. Quel talent ! 

Les subs ouvrent leurs portes au ballet de l’Opéra de Lyon
Komm und birg dein Antliz - Ioannis Mandafounis. © Blandine Soulage

Pour clôturer cette journée intense, c’est une autre ambiance qui attend les festivaliers. Aux SubsJulie Guibert, nouvelle directrice du Ballet de l’Opéra de Lyon propose cinq soli de cinq chorégraphes très différents. Créés pendant le confinement, au moment où la danse était empêchée, ils invitent à une balade au cœur de la création contemporaine. De l’intense élégance d’Ioannis Mandafounis à la très spatiale et « hip hopesque » plume de Marcos Morau, en passant par le regard ouaté plein de douceur de Rachid Ouramdane, par l’imagination almodovarienne de Nina Santes et l’écriture très maîtrisée, codifiée par sa connaissance du corps de Noé Soulier, en moins de deux heures, c’est une vraie exploration du mouvement, du geste artistique, de la pensée du chorégraphe qui est offert aux yeux des spectateurs. A chacun d’affiner son regard, de se laisser emporter ou non. C’est aussi cela la Biennale de la danse une plongée vertigineuse dans une discipline, un art clairement majeur.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

jours effacés - Rachid Ouramdane. La biennale de la danse. © Blandine Soulage

La Biennale de la danse

Le Défilé
Théâtres Antiques

Danser encore – Ballet de l’Opéra de Lyon
Les Subs 
8 bis
quai Saint-Vincent,
69001 Lyon
Programme A :
jours effacés – Rachid Ouramdane
Self Duet – Noé Soulier
→ Sam 5 juin, 20h
→ Dim 6 juin, 15h et 18h
Programme B :
Love – Marcos Morau
La Venerina – Nina Santes 

Komm und birg dein Antliz – Ioannis Mandafounis→ Sam 5 juin, 21h
→ Dim 6 juin, 16h et 19h

crédit photos © Michel Cavalca et © Blandine Sauvage

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