Violaine Brébion © Carlotta Forsberg
Violaine Brébion © Carlotta Forsberg

Violaine Brébion, la scène en partage

Dans Le Chœur des femmes, qu’elle co-met en scène d’après le roman de Martin Winckler, la comédienne donne voix aux corps et aux récits trop souvent tus. La pièce est reprise à Artéphile du 5 au 26 juillet, dans le cadre du Festival Off Avignon.

Petite, Violaine Brébion se glisse dans les coulisses du théâtre lyrique, où son père, chef d’orchestre, l’initie sans le savoir à une forme d’évidence. La scène devient un refuge familier, un espace de fascination. Très tôt, elle se projette metteuse en scène. 

Des débuts guidés par le désir de scène

Après le bac, elle choisit d’étudier à la fois à l’université en arts du spectacle et à l’École Claude Mathieu, convaincue qu’il faut savoir jouer pour mieux faire jouer les autres. Mais dès ses premiers pas sur scène en tant que comédienne, elle comprend que c’est là qu’elle se sent le mieux : au cœur du plateau.

© Coline Ploquin
© Coline Ploquin

Diplômée d’un master en études théâtrales, elle envisage un temps de poursuivre en thèse, avant d’être rattrapée par le plaisir du jeu. Un rôle dans un téléfilm, une sélection comme Talent Cannes Adami, puis une première participation au Festival Off d’Avignon dans un cabaret Brecht-Weill marquent le début d’un parcours prolifique.

Elle explore alors différents répertoires, du théâtre classique aux comédies musicales pour le jeune public, en passant par l’opéra où elle assiste plusieurs mises en scène. Deux rencontres vont infléchir durablement son regard sur le théâtre. D’un côté, Benoît Lambert, qui l’invite à franchir le pas de la mise en scène en lui lançant un jour : « La prochaine fois, c’est toi ». De l’autre, Jean-François Sivadier, dont elle admire le travail depuis longtemps et qu’elle finit par approcher, après lui avoir écrit. Elle assiste à ses répétitions, participe à des stages, et découvre un théâtre fondé sur la légèreté du jeu, l’écoute, la joie partagée du collectif.

Un théâtre ancré dans le réel

Ces encouragements lui donnent confiance en sa propre force créatrice. En 2018, elle adapte Jours sans faim de Delphine de Vigan, et l’année suivante, elle fonde avec Xavier Clion la compagnie Actes Uniques. Avec cette structure, elle commence à explorer un théâtre de la parole qui puise dans le réel, le social, parfois même le tabou.

Le Chœur des femmes d’après le roman de Martin Winckler de Violaine Brébion © Anthony Magnier
© Anthony Magnier

Le Chœur des femmes, qu’elle co-adapte et met en scène à partir du roman de Martin Winckler, marque un tournant. En s’attachant aux voix des femmes en lien avec la gynécologie, au consentement, au soin, elle donne à entendre une parole intime, souvent muselée. Son théâtre devient alors un terrain de jeu et de vérité, nourri par des figures comme Jeanne Herry ou Jean-Xavier De Lestrade, qu’elle admire pour leur manière d’interroger les enjeux de société à travers des récits profondément humains.

Le risque comme moteur 

Violaine Brébion aime prendre des risques, sur scène comme ailleurs. Elle pratique le parapente et rêve de créer un spectacle sans paroles, tout en corps, en collaboration avec Mathilda May. Dans ses rêves les plus fous, la comédienne se verrait bien aussi travailler avec Wajdi Mouawad ou Caroline Guiela Nguyen. Par ailleurs, elle garde une tendresse particulière pour les formes nomades, jouées hors les murs. Elle se souvient avec émotion de ses lectures en Ouzbékistan, dans des lieux reculés où le théâtre devenait un lien direct, sans artifice, avec des publics souvent éloignés de la culture institutionnelle.

Aujourd’hui, elle affirme sa voix d’artiste avec une belle singularité, toujours guidée par le désir de créer, de partager et d’inventer des formes au plus près du vivant.


Le Chœur des femmes d’après le roman de Martin Winckler
vu en juillet 2024 à l’Artéphile, Festival off Avignon
Durée 1h20

Reprise
5 au 26 juillet 2025 à l’Artéphile, Festival Off Avignon

Adaptation de Violaine Brébion 
Mise en scène et avec Violaine Brébion, Xavier Clion, Clotilde Daniault 
Scénographie de Philippine Ordinaire 
Costumes de Coline Ploquin 
Lumières d’Aurore Beck
Collaboration artistique – David Gauchard 
Régie et création du son de Baptiste Marty

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.