Vos débuts
Votre premier souvenir d’art vivant ?
Enfant, j’entends ma mère, pianiste professionnelle, qui fait ses gammes dans l’appartement. Tout le répertoire classique y passe : de La Marche turque de Mozart à Schubert, en passant par Xenakis et Wyschnegradsky (un compositeur russe visionnaire vivant à Paris). J’écoute à travers la porte les répétitions sans fin des passages difficiles. Les sons déformés, l’âpreté du travail artistique, le long labeur et la joie des concerts.
Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir cette voie ?
Au moment du choix nécessaire entre suivre la deuxième année de fac de math-physique ou la deuxième année de conservatoire de théâtre, l’idée que j’aurais beaucoup plus de choses à apprendre et à comprendre en faisant du théâtre… Un instinct de survie, peut-être.
Pourquoi ce métier ?
Le fait de jouer était naturel. Jouer aux cow-boys et mourir dans un duel. Je voulais comprendre encore plus précisément comment fonctionne un être humain : les émotions, les sentiments. Jouer des personnages me paraissait être un bon moyen pour comprendre le monde.
Racontez-nous le tout premier spectacle auquel vous avez participé ?
J’avais 20 ans. C’était à la sortie du conservatoire du Xe arrondissement de Paris. Je jouais une sorte de Pierrot lunaire dans une farce de Beaumarchais. L’élastique qui tenait mon large pantalon blanc a sauté. Je l’ai retenu pendant toute la représentation, soit de la main droite, soit de la main gauche, en fonction de la pantomime prévue. Les spectateurs étaient morts de rire. C’était très intense.
Passions et inspirations
Votre plus grand coup de cœur scénique: Un spectacle, une équipe, une rencontre marquante ?
Il y en a plein : Le Mahabarata de Peter Brook. Lorsque j’étais enfant, nous habitions à côté des Bouffes du Nord et ils organisaient des avant-premières pour les voisins du quartier. C’était merveilleux.
Le Soulier de satin de Claudel, mis en scène par Antoine Vitez, la nuit, dans la Cour d’honneur. L’idée que je pouvais vivre une vie entière dans un théâtre. Un rêve.
Un Ubu roi monté par une troupe de théâtre hongroise au théâtre de l’Odéon. À un moment, un personnage était jeté dans une trappe et tous les spectateurs ont hurlé de rire. C’était magique.
Le cheval dans le Hamlet de Chéreau, les Copi du Munstrum Théâtre, My dinner with André par le TG Stan, etc, etc.
Quelles belles rencontres ont marqué votre parcours ?
Plus le temps passe, plus je suis entouré de gens que j’admire énormément : leur créativité, leur fantaisie, leur vision artistique, leur travail sans fin. Et j’aime de plus en plus cette idée d’artisanat de l’art. Des créateurs dont le travail, sans relâche, sera vu, entendu, n’existera que de manière éphémère.
Où puisez-vous votre énergie créative ?
L’idée de faire mieux la prochaine fois. Plus juste, plus vrai, plus cohérent, mieux dessiné, mieux construit, mieux pensé…
En quoi ce que vous faites est essentiel à votre équilibre ?
Je me suis souvent demandé si je voulais faire autre chose. Et en essayant d’établir une liste, je me suis rendu compte qu’il n’en était absolument pas question. Que je n’en étais pas capable. C’est là où je veux être. Quand ça marche, c’est beau de voir les gens rire, être touchés par une idée, une image. Quand ça ne marche pas, on apprend beaucoup sur soi !
L’art et le corps
Que représente la scène pour vous ?
La scène, c’est l’endroit de vérité. Si vous n’êtes pas clair, si vous n’êtes pas profond, si vous êtes vulgaire, snob, intellectuel, musclé, lâche, si vous avez peur, si vous avez froid, si vous n’avez pas envie, si vous n’avez pas travaillé, si vous pensez que ça ne se verra pas… La scène le révélera ! C’est dingue, mais j’ai compris ça maintenant. Le théâtre est tellement plus fort, plus haut que nous !
Où ressentez-vous, physiquement, votre désir de créer et de jouer ?
Chez moi, c’est organique. Dans les hormones, je pense. Je me lève et je pense à une pièce que j’aimerais jouer, un projet que j’aimerais monter. Mon ADN, c’est du théâtre. Ça vient de là, je pense, des cellules.
Rêves et projets
Avec quels artistes aimeriez-vous travailler ?
Le Munstrum Théâtre, leur univers est unique, leur discipline est redoutable, leur compagnie si généreuse, et ils sont tellement jeunes…
Jean-François Sivadier. Sentinelles est un spectacle tellement beau sur l’art, sur le travail artistique. Je suis allé le voir pour la quatrième fois au Théâtre Paris Villette ! Et j’y ai emmené tous mes amis !
Si tout était possible, à quoi rêveriez-vous de participer ?
La mise en scène de La Recherche du temps perdu de Proust, adaptée par Harold Pinter. Un scénario de film, un rêve de théâtre !
Si votre parcours était une œuvre d’art, laquelle serait-elle ?
Un jour sans fin, une comédie américaine mythique d’Harold Ramis avec Bill Murray. C’est la parabole la plus véridique du théâtre. Un éternel recommencement avec de multiples rebondissements. La vie rêvée !
Avec Plaisir de Sandie Masson
L’artéphile – Festival Off Avignon
Du 5 au 26 juillet 2025 à 10h30, relâche dimanche
Durée 1h10.
Mise en scène de Denis Lachaud
Avec Benoît Giros et Sandie Masson
Création lumières Éric Schoenzetter
Régie Matteo Freire.
Le voyage d’hiver de Denis Lachaud
L’Artéphile – Festival Off Avignon
Du 5 au 26 juillet 2025 à 20h35, relâche dimanche
Durée 1h25.
Mise en scène Benoît Giros
Avec Mikaël Chirinian, Muriel Gaudin, Benoît Giros, Philippe Giros
Lumières Natacha Raber
Création sonore Minouche Briot
Scénographie Sarah Leterrier, Éric Schoenzetter et Benoît Giros
Régie générale Éric Schoenzetter.
La décision de Marion Viel
La Scierie – Festival Off Avignon
Du 5 au 26 juillet 2025 à 17h, relâche les mardis
Durée 1h15
Mise en scène de Benoît Giros
Avec Barthélemy Héran et Manon Viel
Scénographie et costumes Sarah Leterrier
Lumière Éric Schoenzetter
Créateur sonore Subsism
Régisseuse Coline Mattel.