Mario Banushi © Andreas Simopoulos for Onassis Stegi
Mario Banushi © Andreas Simopoulos for Onassis Stegi

Mario Banushi : « MAMI est une expérience intime et sensorielle »

À seulement 26 ans, le metteur en scène d'origine albanaise présente à Avignon MAMI, un spectacle à la lisière du théâtre et de la danse, dans lequel il célèbre les figures maternelles qui l’ont vu grandir. Rencontre.
1 juin 2025
Pourquoi écrire un spectacle sur les femmes de votre famille ? 

Mario Banushi : Quelles que soient mes œuvres, j’ai envie qu’elles parlent de mes proches. Avant ce spectacle, j’avais déjà écrit toute une trilogie sur mes amis et ma famille. C’étaient des projets très personnels. Je ne l’ai pas vraiment fait en conscience à l’époque ; j’ai plutôt eu le sentiment que je voulais être un artiste qui traite de questions intimes, parce que ceux qui m’entourent sont la meilleure source d’inspiration pour mon travail. Écrire sur les femmes de ma famille, c’est une manière parmi d’autres de nourrir cette matière très personnelle. Et aussi, je l’espère, de créer un lien avec le public, qui aura l’occasion d’être connecté à ces femmes et de comprendre leurs histoires.

Ce lien que vous entretenez avec votre famille est d’autant plus particulier, que votre famille est dispersée aux quatre coins de l’Europe…
© Andreas Sinopoulos for Onassis Stegi

Mario Banushi :
C’est vrai. Je suis moi-même originaire d’Albanie, mais j’ai vécu plusieurs années en Grèce avec ma mère. En parallèle, j’ai des sœurs qui vivent à Londres, des proches restés dans mon pays natal, d’autres éparpillés un peu partout dans le monde. L’histoire de ma famille est une histoire d’immigration, et écrire sur elle, si singulière, est aussi une manière d’entretenir les liens que nous avons.

Dans ce spectacle, il sera question de votre mère et de votre grand-mère...

Mario Banushi : En réalité, si le point de départ peut sembler personnel, ce n’est pas tout à fait mon histoire. Sur scène, le public ne se dira pas qu’il s’agit de la vie de Mario, mais plutôt de quelque chose de proche, un entre-deux, qui me permet d’exprimer ma créativité et de parler surtout de ce que je connais.

Et pour raconter cette histoire, vous avez choisi une forme particulière : un spectacle muet, entre danse et théâtre. Pourquoi avoir choisi de naviguer entre ces deux arts ? 

Mario Banushi : Je ne voulais pas choisir ! J’aime profondément les deux disciplines, et ce qu’elles expriment. Quand j’ai appris le théâtre à l’école, je me rendais aussi à des cours de danse en parallèle. C’est une manière magnifique de s’exprimer, d’utiliser son corps pour le faire, et la combinaison du théâtre et de la danse me semble la plus à même de créer de l’émotion. La beauté n’est ni dans le théâtre, ni dans la danse, elle est dans ce qui nous inspire : les formes, le mouvement, et in fine l’émotion que tout cela nous procure. C’est ce que je cherche à explorer dans MAMI.

Comment avez-vous imaginé cet entre-deux ?
© Andreas Sinopoulos for Onassis Stegi

Mario Banushi : Lorsque je travaille, souvent seul chez moi, j’ai l’habitude d’imaginer ce que j’aimerais voir sur scène. Et j’essaie de le faire advenir avec les comédiens et les danseurs. Je dessine beaucoup, et cela m’aide à composer les tableaux de la pièce. Par exemple, j’ai dessiné à plusieurs reprises une vieille femme en train de donner le sein. J’avais envie de comprendre à quoi cela pouvait ressembler sur scène, quelles émotions cette image pouvaient faire naître en moi – et chez les spectateurs.

Pouvoir raconter cette histoire particulière sur scène, dans un contexte de montée de l’extrême droite, est-ce déjà politique en soi ?

Mario Banushi : Je ne sais pas si c’est ce que les spectateurs ressentiront en premier, tant ce spectacle est avant tout une expérience intime, sensorielle et émotionnelle. Mais il est certain qu’il y a là une dimension politique. Cette histoire est née de mon parcours familial, et mon vécu d’immigrant a changé ma vie – ainsi que ma manière de voir le théâtre. C’est magnifique de pouvoir montrer cela sur scène, de dire que d’autres cultures, d’autres formes de familles existent. On manque encore trop de ces récits-là.


MAMI de Mario Banushi
Gymnase du lycée Aubanel – Festival d’Avignon
13 au 18 juillet 2025
durée 1h10

Création et mise en scène de Mario Banushi 
Avec Vasiliki Driva, Dimitris Lagos, Eftychia Stefanou, Angeliki Stellatou, Fotis Stratigos, Panagiota Υiagli 
Scénographie et costumes de Sotiris Melanos 
Musique et son de Jeph Vanger 
Lumière et dramaturge associé/partenaire dramaturgique – Stephanos Droussiotis 
Collaborateurs artistiques – Aimilios Arapoglou et Thanasis Deligiannis 
Assistante mise en scène – Theodora Patiti 
Régie lumière de Marietta Pavlaki 
Régie son de Kostas Chaidos 
Assistanat plateau – Sofia Theodorou 

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