Georges Lini © © Lara Herbinia
Georges Lini entouré de interprètes le comédien Félix Vannoorenberghe et la musicienne Florence Sauveur, lors de la création en 2023 au Théâtre de Poche de "La sœur de Jésus-Christ" © Lara Herbinia

Georges Lini : Une belle âme s’en est allée

Le comédien et metteur en scène, considéré comme une « figure centrale du théâtre en Belgique », s’est éteint d’un cancer le vendredi 27 juin 2025, à l’âge de 58 ans.

La Belgique vient de perdre l’un des metteurs en scène les plus doués de sa génération. En France, Georges Lini s’est fait remarquer en 2023 au Festival Off d’Avignon avec Iphigénie à Splott au théâtre 11 • Avignon. Son dernier spectacle, La sœur de Jésus-Christ arrive au Théâtre des Doms pour cette nouvelle édition. Sans lui. Mais son aura, elle, continuera de briller sur ce travail magnifique, qui témoigne de son grand talent.

Un homme de combats
Iphigénie à Splott de Gary Owen - mise en scène de Georges Lini © Debby Termonia
« Iphigénie à Splott » de Gary Owen © Debby Termonia

Le 2 juin, lors de la première représentation de sa dernière mise en scène au Théâtre de La Vénerie à Watermael-Boitsfort, dans la banlieue de Bruxelles, Georges Lini était absent. Olivier Blin, directeur du Théâtre de Poche, en a donné la raison : le metteur en scène livrait son dernier combat contre la maladie. Les nouvelles étaient mauvaises, et la tristesse comme l’inquiétude se lisaient dans les yeux et les cœurs de toute l’équipe.

Ce spectacle, créé au Poche en 2023 et récompensé par le Prix Maeterlinck de la critique, a rencontré un immense succès. Depuis, il tourne à travers la Belgique. Sa venue au Off d’Avignon, dans le lieu emblématique du Théâtre des Doms, permet à l’œuvre de franchir les frontières, avec — on l’espère vivement — une future exploitation parisienne. Au théâtre, tant que les œuvres vivent, on ne meurt jamais vraiment.

Un artiste complet


Georges Lini est arrivé au théâtre sur le tard, à l’âge de trente ans. Il sort diplômé du Conservatoire royal de Bruxelles en 1999. Il fait ses premières armes comme comédien au Théâtre de Poche dans Bent, Trainspotting, Le Colonel-Oiseau, Le Père des anges… Très vite, le désir de s’emparer de textes forts, qu’ils soient contemporains ou classiques, le pousse vers la mise en scène. En 1997, il crée sa compagnie Belle de Nuit. Il faudra attendre 2004 et la fondation du ZUT (Zone Urbaine Théâtre) à Molenbeek — collectif qu’il dirigera jusqu’en 2008 — pour qu’il rencontre un véritable succès critique et public.

La soeur de Jésus-Christ - Oscar de Summa - Georges Lini - Félix Vannoorenberghe © Lara Herbinia
Félix Vannoorenberghe dans « La soeur de Jésus-Christ » © Lara Herbinia

Il met en scène des textes de Wajdi Mouawad, Lee Hall, Joe Penhall, Xavier Durringer, Fabrice Melquiot, Denis Kelly, Sophie Landresse mais aussi Racine, Feydeau, Tchekhov ou Camus. Son dernier coup de maître est la Trilogie des Antigone, composée de trois monologues : Iphigénie à Splott du Gallois Gary Owen, La Sœur de Jésus-Christ de l’Italien Oscar De Summa, et Queen Kong de la Française Hélène Vignal. Trois textes traversés par des cris de révolte féminins. Georges Lini était un homme de son temps, qui se dressait contre les injustices et les dérèglements du monde.

Un homme généreux

Nous avions échangé longuement avec lui, après une représentation d’Iphigénie à Splott au Théâtre de Poche. Un moment lumineux avec un homme passionné, d’une rare écoute. Malheureusement, l’entretien prévu après La Sœur de Jésus-Christ n’a jamais eu lieu. Nous avions tant de choses à lui dire. Son spectacle nous avait bouleversés. La maladie a eu le dernier mot, laissant l’amertume d’une absence. Celle d’un artiste entier, habité, qui avait encore des projets, des envies, une formidable soif de vivre.


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