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Lo Faunal de Pol Jiménez © Pierre Gondard
Lo Faunal de Pol Jiménez © Pierre Gondard

Festival de Marseille : 30 ans de mouvement à célébrer

Pour sa 30ᵉ édition, qui se tient du 12 juin au 6 juillet, la manifestation phocéenne, dirigée depuis 2022 par Marie Didier, poursuit son exploration du territoire. Elle investit aussi bien l’espace public que les lieux de culture et les scènes à ciel ouvert.

Difficile d’imaginer plus bel élan pour donner le coup d’envoi des festivités. Ce matin-là, place Charles-de-Gaulle, la ville résonne d’une rumeur inhabituelle. Quatre cents enfants — écoliers et collégiens âgés de 8 à 14 ans — ont investi l’espace public. Banderoles à la main, visages radieux, ils sont prêts à habiter la ville et à faire entendre leurs revendications, portées par des mots simples, pour plus de tolérance, d’amour et de paix.

Une manifestation bon enfant
Manifête de Marina Gomes © Pierre Gondard
Manifête de Marina Gomes © Pierre Gondard

Depuis six mois, sous la houlette de Marina Gomes, en partenariat avec le Badaboum Théâtre, ils ont patiemment préparé cette Manifête, une manifestation d’enfants imaginée pour inaugurer cette édition anniversaire. Théâtre, cirque, débats dans les écoles de Marseille, les ateliers ont nourri une réflexion collective sur le monde qu’ils habitent, et sur celui qu’ils rêvent de bâtir.

Ce matin-là, c’est le grand jour. Par groupes, les quinze classes s’organisent, se mettent en ordre de marche. Peu à peu, le cortège s’ébranle, animé d’une énergie débordante, et remonte la Canebière vers le Vieux-Port, où un premier sitting est organisé. Leurs slogans, tour à tour tendres ou percutants, résonnent dans les rues : « Maman, on vous aime », « On ne doit pas t’embrouiller, on va t’aider ». Étonnant mélange de naïveté et de lucidité enfantine.

Tout au long de la marche, les enfants répètent les gestes et les pas appris lors des ateliers. Ils s’approprient l’espace public comme un terrain de jeu et de revendication. La colonne progresse joyeusement jusqu’à la place située en contrebas de la mairie, où les attend un final un peu chaotique, mais vibrant. Rires, applaudissements, effusions. : Pour cette jeunesse marseillaise, le Festival s’ouvre sous le signe du partage et de la parole libérée.

La transe castagnette
Lo Faunal de Pol Jiménez © Pierre Gondard
Lo Faunal de Pol Jiménez © Pierre Gondard

Après ce premier rendez-vous joyeux et convivial, place aux spectacles. Dès le lendemain, dans la cour baignée de la lumière d’une fin d’après-midi estivale à la Vieille Charité, une tout autre forme de transe attend le public. Seul en scène, Pol Jiménez ouvre le bal avec Lo Faunal, un solo fiévreux inspiré de L’Après-midi d’un faune, le poème pastoral de Stéphane Mallarmé et du solo de Nijinski sur l’œuvre symphonique de Debussy. Sans chercher à imiter son aîné, le danseur espagnol traverse les âges et les répertoires, entremêle les traditions pour bâtir un geste neuf. Jota bondissante, flamenco viscéral, danses populaires et sacrées s’enchaînent dans un vertige jubilatoire.

Corps en tension, Pol Jiménez semble littéralement habité, traversé de forces contraires. Il tourne, pivote, se contorsionne, propulsé par une maîtrise virtuose des castagnettes. Ces dernières, prolongement naturel de son corps, frappent l’air avec une célérité prodigieuse. On le croirait en lévitation, astre fou dont la course ne connaît plus de limite.

Dans cette cour transformée en arène solaire, le faune devient une figure de métamorphose, : passeur de danses, chaman du mouvement. Planant, terrien, il aimante les regards et emporte le public dans une célébration hypnotique du corps en liberté.

Le souffle de la nuit
La Nuée de Nacera Belaza © Pierre Gondard
La Nuée de Nacera Belaza © Pierre Gondard

Le temps de traverser la ville, et c’est un tout autre monde qui se déploie au Ballet national de Marseille. Avec La Nuée, créée en novembre dernier à la MC93 dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, Nacera Belaza plonge le spectateur dans une expérience sensorielle troublante.

Comme souvent chez la chorégraphe, tout se joue dans les interstices, entre chien et loup, entre visible et invisible. Sur un plateau plongé dans une pénombre presque opaque, des silhouettes surgissent, s’effacent. D’abord solitaires, elles s’agrègent lentement en une nuée mouvante.

Les corps, suspendus entre ciel et terre, entre ombre et lumière, tournent tels des derviches, effleurent les contours de l’espace scénique. La lumière, rare et tamisée, oblige l’œil à s’adapter, à percevoir l’infime, à deviner plus qu’à voir. Peu à peu, une transe collective s’installe, hypnotique.

Ici, la danse devient souffle, vibration plus que geste. Le spectateur assiste à une cérémonie secrète, dont le sens profond échappe autant qu’il fascine. Puis, soudain, un éclat de lumière. L’aveuglement final tranche dans la nuit, réveille brutalement. La pièce s’achève, radicale, laissant le public suspendu entre rêve éveillé et songe d’une nuit d’été.

Une ville en fête

Ces premières heures de festivités donnent le ton. Cette 30ᵉ édition sera populaire, ouverte à tous, ancrée dans le tissu vivant de la ville. Mais elle saura aussi se faire exigeante, capable de convier les spectateurs à une expérience sensorielle d’une rare subtilité. Dans quelques jours, les festivaliers pourront découvrir Chroniques du Peeping Tom, Weathering de l’Américaine Faye Driscoll360 de Mehdi KerkoucheCoup de grâce de Michel Kelemenis ou My Fierce Ignorant Step de Christos Papadopoulos. Sous le ciel d’été, le dialogue entre la rue et la scène est lancé jusqu’au 6 juillet, il ne tient qu’à chacun de se laisser emporter.


Festival de Marseille
du 12 juin au 6 juillet 2025

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