Le festival de Figeac célèbre cette année ses 25 ans. Comment est-il né ?
Éric Thimjo : D’une volonté forte des élus locaux qui souhaitaient donner une place au théâtre au cœur de l’été figeacois. Marcel Maréchal, avec les Tréteaux de France, a répondu à cet appel. Le projet reposait alors sur le répertoire classique et la décentralisation. L’idée était forte d’amener des spectacles exigeants là où il n’y avait pas toujours de lieux équipés. Déjà, il s’agissait de démocratiser la culture et d’irriguer le territoire.
Le festival a ensuite évolué…
Éric Thimjo : Il a su se réinventer. Après plus de dix ans à la tête de la manifestation, quand Marcel Maréchal est parti à la retraite, Olivier Desbordes a pris le relais et avec la complicité de Michel Fau, a donné une nouvelle impulsion. Tous deux ont apporté un regard plus parisien, une esthétique marquée, parfois proche du théâtre privé et des comédies musicales. Puis Véronique Do a orienté la programmation vers des écritures contemporaines, sans renier les grands textes du répertoire. Chaque étape a enrichi l’identité de ce festival singulier.
Aujourd’hui, vous prenez le flambeau avec l’Astrolabe. Avec quels enjeux ?
Éric Thimjo : Nous portons une double ambition : s’inscrire dans l’histoire du festival et ouvrir un nouveau chapitre, en lien avec les attentes d’aujourd’hui. Il s’agit de repenser notre façon de concevoir un festival, d’imaginer un rendez-vous pleinement ancré dans la ville et ouvert à tous. Figeac est la cité des écritures – Champollion est natif de la ville – , il nous paraissait évident de mettre le texte au cœur du projet artistique. Mais dans son sens le plus large, c’est-à-dire du répertoire classique aux écritures de plateau, des grandes fresques aux formes plus intimes. L’essentiel est qu’il y ait un regard sur le monde, qu’il y ait un propos qui fasse écho à nos vies d’aujourd’hui.
Cette volonté d’être en prise avec les enjeux contemporains traverse toute votre programmation.
Éric Thimjo : Je suis toujours frappé lorsque le théâtre nous tend un miroir et réveille en nous des questionnements. L’Abolition des privilèges revisite la nuit du 4 août 1789 et dialogue avec nos tensions sociales actuelles. Ma République et moi pousse à repenser la laïcité. Illusions perdues de Pauline Bayle fait entendre Balzac dans une modernité troublante. Ces spectacles nourrissent le débat et permettent aux festivaliers, dont beaucoup sont des locaux, de prolonger la soirée autour d’un verre, dans l’esprit convivial que l’on souhaite apporter.
Justement, le festival est pensé comme une expérience collective, à plusieurs niveaux.
Éric Thimjo : Exactement. Au-delà des spectacles en soirée, il y a toute une architecture qui rythme les journées. Le matin, les lectures de l’Avant-scène à 10h30 font entendre les textes autrement. À 16h, les projections du cinérama mettent en perspective avec des films choisis les thèmes des spectacles.
Le soir venu, les Arrière-cours transforment la ville en guinguette à ciel ouvert, entre théâtre de rue, concerts et performances impromptues. Les micro-rencontres de midi offrent un temps d’échange décontracté entre artistes et spectateurs. Cette circulation permanente entre formes et publics donne toute sa saveur à l’événement.
Comment réagit le public à ses évolutions ?
Éric Thimjo : L’engouement est très fort. Plusieurs spectacles affichent complet avant même l’ouverture. Cela montre combien les habitants du territoire se sont approprié ce festival. Nous comptons environ un tiers de vacanciers et deux tiers de spectateurs locaux. C’est d’ailleurs là un enjeu majeur. Nous devons à la fois proposer une programmation exigeante, mais qui parle aussi à ceux qui vivent ici, à l’année. Et nous savons combien le soutien de nos partenaires, publics et privés, est essentiel pour pouvoir ouvrir ce nouveau chapitre et inscrire durablement le festival dans cette dynamique partagée.
Avec cette 25e édition, c’est une nouvelle page qui s’écrit ?
Éric Thimjo : Oui, et une page enthousiasmante. Faire résonner le théâtre dans le patrimoine vivant de Figeac, créer cette rencontre joyeuse avec la ville et ses habitants, faire de Figeac un véritable théâtre éphémère au cœur de l’été : C’est tout cela que nous voulons offrir. Et nous avons hâte d’ouvrir les portes le 19 juillet !
Festival de Figeac
du 19 au 27 juillet 2025