Je sentais venir la tempête - Lorca - Cie d'Octobre - Anselme © Thierry Decrozant
© Thierry Decrozant

Je sentais venir la tempête : Les filles de Lorca se soulèvent

Les comédiennes de la Cie d’Octobre se sont emparées de La Maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca pour faire entendre une magnifique variation nourrie de liberté et d’espoir.

Les talentueuses Sophie Anselme, Julie Duquenoÿ, Claire Marx, Ruthy Scetbon et Ana Torralbo ont confronté le sublime plaidoyer pour les libertés des femmes du grand poète espagnol assassiné par les franquistes à la temporalité de notre époque. Je sentais venir la tempête rappelle qu’il serait temps que cela change vraiment.

Après la mort de son époux, Bernarda impose un deuil de huit ans à ses filles, Magdalena (Sophie Anselme), Amelia (Ruthy Scetbon), Martirio (Julie Duquenoÿ) et Adela (Ana Torralbo). Âgées de trente à vingt ans, elles se retrouvent cloîtrées, isolées du monde, refaisant sans cesse les mêmes tâches. Les tensions créées par cette situation sont attisées par le fait qu’Angustia (Claire Marx) l’aînée issue d’une première union, va, elle, pouvoir enfin se marier. Mais, Adela, la plus jeune, se rebelle. Et dans cette version, on échappe au drame final pour laisser place à un magnifique sursaut. Adela, telle Antigone et son pouvoir de dire non, entraîne toutes ses sœurs, Angustia comprise, à trouver le chemin de la liberté.

Le rouge et les couleurs de l’été ont remplacé le noir du deuil. Les chants et le flamenco emplissent la maison. Les draps couleur sienne sont brodés indéfiniment. S’appuyant sur la scénographie très esthétique de Suzanne Barbaud, la mise en scène collective est remarquable. Si l’on ne voit jamais la mère castratrice, on entend la grand-mère. Par la voix d’Estelle Meyer, l’aïeule marque bien cet éternel recommencement. Tout est centré autour des sœurs et de leur appréhension du monde. Cette œuvre du répertoire – une des rares à n’avoir que des femmes comme protagonistes – offre une partition magistrale à ces cinq comédiennes qui l’illuminent de leur talent. La tempête est là, mais contre vents et marées, les filles tiennent haut le cap. Bravo.


Je sentais venir la tempête, écriture collective d’après Federico Garcia Lorca
Théâtre de Belleville
16 passage Piver
75011 Paris.
Du 3 au 25 mars 2025
durée 1h10.

Mise en scène et jeu Sophie Anselme, Julie Duquenoÿ, Claire Marx, Ruthy Scetbon et Ana Torralbo, et la voix d’Estelle Meyer.
Scénographie de Suzanne Barbaud
Création sonore de Julie Duquenoÿ
Lumières de Noémie Richard
Costumes de Marion Duvinage
Regards extérieurs Alix Kuentz et Elise Roth.

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