Zazie dans le métro de Raymond Queneau - Breitman - Wagner © Christophe Raynaud de Lage
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Zazie dans le métro par Zabou, c’est « zosée »

A Amiens d’abord, puis en tournée, ensuite, la fameuse « moufflette » débarque avec sa gouaille et son sacré tempérament dans une comédie musicale fidèle à l’esprit de Raymond Queneau.

En ce soir de première, la Maison de la Culture d’Amiens est pleine à craquer et la fameuse formule, de 7 à 77 ans, correspond totalement au public venu en nombre. L’événement est de taille. Zabou Breitman (adaptation et mise en scène) et Reinhardt Wagner (musique) portent au plateau, Zazie dans le métro, le monument littéraire de Raymond Queneau, qui comme le film de Louis Malle, appartient à notre patrimoine culturel quel que soit notre âge. Ayant gardé leur âme d’enfant et le goûts des bêtises, les deux artistes ont avec leur comédie musicale, déclenché des éclats de rires, fait surgir de l’émotions et récolté un tonnerre d’applaudissements.

Zazie dans le métro - Queneau - Breitman - Wagner © Christophe Raynaud de Lage
© Christophe Raynaud de Lage

Zazie est une fillette pas sage du tout, rarement polie, à la langue bien pendue et qui place des « mon cul » à presque toutes ses phrases. Sa mère Jeanne, parce qu’elle a un nouveau jules, a besoin de se débarrasser d’elle le temps d’un week-end. Pour lui éviter d’être « violée par toute la famille », elle la laisse à son frère Gabriel, en qui elle a toute confiance et qui en plus à la bonne idée d’habiter Paris. La petite ayant comme rêve de visiter le métro, cela tombe à pic. Il va s’en suivre toute une série d’aventures rocambolesques, avec à la clef la réponse à sa grande interrogation, à savoir si son oncle est un « hormosessuel » et ce que cela signifie… Quand sa mère la récupère et lui demande, puisqu’elle n’a pas vu le métro, pour cause de grève, ce qu’elle a fait durant ces trois jours, sa réponse fuse : « J’ai vieilli ».

Puisque, comme le disait Queneau, « parler, c’est marcher devant soi », tous les personnages de son histoire ont des choses à dire. Zabou Breitman a su mettre en valeur l’écriture truculente de l’auteur. On entend très bien les jeux avec les mots et leur phonétique dont l’Oulipien à parsemé son œuvre ! Un régal. Avec sa mise en scène et sa superbe scénographie, très visuelle, voir télégénique à l’ancienne, elle enchaîne les situations extravagantes de l’intrigue dans un tourbillon d’images. Elle a bien fait de laisser Zazie dans son jus, celui des années 1960. Ce qui, curieusement, nous permet d’entendre la modernité des nombreux sujets abordés par l’auteur, comme la violence faite aux enfants, l’acceptation de l’homosexualité, la recherche de tendresse et même d’amour…

Zazie dans le métro - Queneau - Breitman - Wagner © Christophe Raynaud de Lage
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Pour illustrer les mots du poète, qui a signé de si beaux textes de chanson, il fallait un ton musical qui, sans jamais parodier l’époque, en rappelle le rythme. Reinhardt Wagner est un compositeur de talent. Il a travaillé, entre autres, auprès de Jean-Michel Ribes, notamment pour l’opéra bouffe et tumultueux René l’Énervé. Loin d’être la première collaboration avec Zabou Breitman – il avait composé la musique de La dame de chez Maxim, présentée en 2019 à La Porte Saint-Martin – , l’artiste a su mettre des notes, et des bonnes (interprétée en direct), sur le livret de mots et de maux écrit par Zabou Breitman.

La bouille de Zazie est évidement dans notre mémoire collective celle de la petite Catherine Demongeot, enfant star qui irradiait le film de sa présence espiègle. Zabou Breitman en a dégoté une extraordinaire. Avec ses macarons et ses allures d’aujourd’hui, Alexandra Datman apporte une dimension très contemporaine à la gamine. C’est une belle découverte. Franck Vincent est exceptionnel dans le personnage du « colosse » Gabriel qui le soir venu devient Gabriella. Ce grand acteur, très à son aise dans le musical et le registre comique, se révèle bouleversant dans le grand discours final où il chante qu’il n’a plus le cœur à continuer son numéro. Gilles Vajou, Fabrice Pillet, Jean Fürst, Delphine Gardin, Catherine Arondel, tous excellents, incarnent nombreux personnages de l’histoire. Le spectacle est en tournée, en France et en banlieue parisienne, mais gardons l’espoir que cette Zazie verra très vite le métro à Paris !


Zazie dans le métro de Raymond Queneau.
Maison de la Culture d’Amiens
2 place Léon Gontier
80006 Amiens.
Du 12 au 15 mars 2024.
Durée 1h45 environs.

Tournée
20 au 23 mars 2024 à MC93 – Bobigny (93).
27 au 28 mars 2024 à L’Azimut | Antony – Châtenay-Malabry (92).
3 et 4 avril 20234 au Le Volcan – Le Havres (76).
10 au 13 avril au Théâtre de Liège (Belgique).
16 au 18 avril à l’Anthéa, Antipolis Théâtre d’Antibes (06).
24 avril à l’Equilibre Nuithonie – Fribourg (Suisse).
2 et 3 mai à la Scène nationale Sud-Aquitain – Anglet (64).  
14 et 15 mai à La Coursive Scène nationale La Rochelle (17).
22 au 25 mai 2024 au Théâtre national populaire – Villeurbanne (69).

Adaptation, scénographie et mise en scène Zabou Breitman.
Musique originale Reinhardt Wagner.
Avec Alexandra, Franck Vincent, Gilles Vajou, Fabrice Pillet, Jean Fürst, Delphine Gardin, Catherine Arondel,
et les musiciens Fred Fall, Ghislain Hervet, Ambre Tamagna, Maritsa Ney,Scott TaylorNicholas Thomas.
Assistant orchestrations Matthieu Roy.
Assistanat mise en scène de César Duminil.
Lumières de Stéphanie Daniel.
Son Unisson Design.
Cosutmes d’Agnès Falque.
Perruques de Cécile Kretschmar.
Chorégraphies d’Emma Kate Nelson.

Bande annonce Zazie dans le métro © Maison de la Culture d’Amiens
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