Le rossignol à langue pourrie - Jehan-Rictus - Agathe Quelquejay © Laurent Schneegans
© Laurent Schneegans

Agathe Quelquejay, un Rictus au coin des lèvres

Dans Rossignol à la langue pourrie, la comédienne, mise en scène par Guy-Pierre Couleau fait merveilleusement entendre les mots du poète de Montmartre, chantre des petits Poulbots, du populo, gens de la rue et de la misère.

Dans une langue qui fleure bon l’argot, les pavés de Paname et de la Butte, Jehan-Rictus, « l’homme moderne qui crie sa plainte », donne la parole au petit peuple, à la « misère du faubourg ». À la fin du XIXe et au début de XXe siècle, alors que l’industrialisation battait son plein, la pauvreté traînait ses chausses à chaque coin de Paris. À travers cinq poèmes, ballades et complaintes tirés du recueil Le Cœur populaire, ce spectacle trace le portrait de deux « pauv’s ‘tits Fan-fans » à qui la vie n’aura fait aucun cadeau. Il y a d’abord l’enfant crève-misère qui prend des coups par sa mère (Les petites baraques). La petite fille qui veut protéger sa petite sœur des violences du père quand il a bu (La frousse). Les deux adolescents qui découvrent l’amour (Idylle). La jeune prostituée épuisée qui, la nuit du Réveillon, fait sa prière à la Sainte-Vierge (La Charlotte prie Notre-Dame). Pour finir, il y a cette mère qui pleure sur la tombe de son gosse qu’on a guillotiné (Jasante de la Vieille).

Dans cet écrin de la salle en pierre de l’Essaïon, Guy-Pierre Couleau signe une mise en scène d’une beauté saisissante. Par les couleurs, on songe aux peintures de Théophile-Alexandre Steinlen et aux illustrations de Francisque Poulbot. Avec ses cheveux courts, son joli minois, sa silhouette androgyne, Agathe Quelquejay est exceptionnelle. Dans un jeu lumineux, elle fait vibrer cette belle langue argotique de Rictus et les maux de son époque, si cruellement actuels. C’est magnifique.


Rossignol à la langue pourrie, poèmes de Jehan-Rictus
Théâtre de l’Essaïon
6 rue Pierre au lard
75004 Paris.
Jusqu’au 18 mars 2024.
Durée 1h.

Mise en scène de Guy-Pierre Couleau.
Avec Agathe Quelquejay.
Lumière de Laurent Schneegans.
Musique d’Hervé Devolder.

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