« Quelqu’un se sert de mes objets familiers » par Grand Magasin © Véronique Ellena

Le Grand Magasin ouvre son rayon Philosophie !

À la Ménagerie de verre, dans le cadre des Inaccoutumés, Grand magasin présente leur nouvelle création, "Quelqu’un se sert de mes objets familiers".

« Quelqu’un se sert de mes objets familiers » par Grand Magasin © Véronique Ellena

À la Ménagerie de verre, dans le cadre du festival Les Inaccoutumés, le Collectif Grand magasin présente leur nouvelle création, Quelqu’un se sert de mes objets familiers. Un spectacle déambulatoire, ovniesque autant que génial ! 

© Véronique Ellena

Ils sont toujours aussi drôles et légers et profonds. Après le chapitre de « Grammaire étrangère », voici les six complices (François Hiffler et Pascale Murtin les fondateurs et Ondine CloezValentin LewandowskiDiederik Peeters et Sophie Sénécaut) lancés sur les chemins de la philosophie, s’interrogeant génialement sur le modus operandi de la vie : « comment être au monde ? » et « comment le monde est avec moi ? »… Le résultat est hilarant, jouissif. Un bijou que le festival Les Inaccoutumés à la Ménagerie de Verre a inscrit dans son programme anniversaire.

« Quelqu’un se sert de mes objets familiers » par Grand Magasin © Grand Magasin
© Grand Magasin

Les spectateurs ne se retrouveront tous ensemble qu’à la fin. En attendant ce moment de réunion, ils seront répartis en petits groupes et attendront sagement assis qu’un comédien, une comédienne en solo ou en duo, viennent leur parler. Ou, plus exactement leur délivrer des citations que François Hiffler et Pascale Murtin ont piquées ici et là lors de leurs recherches sur ce sujet à priori pas facile : que disent les philosophes de leur perception du monde ?  « C’est par notre spectacle précédent sur la grammaire que nous arrivés là, explique François HifflerJusque -là nous refusions d’utiliser des citations d’auteurs car nous ne voulions pas imposer au public un présupposé niveau de culture qui aurait été commun à tous. Et puis « Grammaire étrangère » nous a menés aux « phrases trouvées », que nous utilisions dans nos spectacles et qui sonnaient un peu comme des poèmes. Est venue alors cette interrogation, entre autres, « que se passe-t-il quand on perçoit quelque chose ? »

Eh oui, que se passe-t-il quand je vois la table dans la pièce, que j’entends un bruit, que mon odorat détecte un parfum, que mon palais détecte l’amertume ? Que se passent-il avec nos sens, les autorisés comme les interdits ? Les philosophes qui fournissent les fameuses citations à notre joyeuse bande, se sont interrogés longtemps et avec une grande attention. Comment sais-je que le monde est là ? Si je ferme les yeux est-il ou n’est-il plus là ?  Les uns après les autres, de David Hume (philosophe écossais mort en 1776, chaque nom est suivi de cette information sur sa mort) à Virginia Woolf, d’Emilie du Châtelet à Maurice Merleau-Ponty, d’Hanna Arendt au fameux George Berkeley dont les acteurs arborent le nom sur leur casquette comme s’ils jouaient dans l’équipe de base ball…de Berkeley l’université… Citons encore comme compagnons de route : l’anglais John Locke, l’allemand Kant, le français Descartes et d’autres encore qui cherchent à tâtons la lumière, qui exposent leurs pensées, qui assurent et doutent et acceptent de penser la perplexité.

« Quelqu’un se sert de mes objets familiers » par Grand Magasin © Grand Magasin
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« Tous ces philosophes que nous citons ont exprimé inquiétude, étonnement, ajoute François Hiffler. Wittgenstein, le premier que nous avons lu et qui travaillait par fragments, portait cet étonnement, ce doute sur chaque instant de la vie, par exemple, il demandait : « Peut-on dire quelque chose à quelqu’un et être sûr qu’il comprenne ce qu’on a voulu dire ? » Comme le disait Merleau-Ponty : « …nous entrons dans un labyrinthe de difficultés, de contradictions… ». Et c’est ce labyrinthe qui nous conduit pendant le spectacle. »

Ainsi viennent-ils les uns et les autres, comédiens et philosophes, comédiens philosophes, nous visiter, apporter un élément de plus à notre réflexion. Pas facile à entendre, à comprendre, à retenir, parfois on voudrait lever la main et leur demander de rembobiner…et pourtant on ne se prend pas la tête entre les mains, on rit car les situations mises en scènes par leur jeu(x) à la fois distancié et direct sont tordantes. Chacun dit sa citation et la voici qui rebondit ici et là, dans le public, sur les murs, sur leurs corps, sur le corps de l’autre comédien. Car ce spectacle est éminemment physique sans que les artistes ne bougent beaucoup, formidablement sophistiqué, sans jamais ne s’aventurer vers le prétentieux, génialement conçu comme un tour de magie pour enfants. 

Mercredi soir, lors de de la première, le public (et il y en avait beaucoup, beaucoup de jeunes !) leur a fait un triomphe. Les six savouraient leur plaisir, sortaient par une porte, revenaient par une autre. Les tours et les détours, ils savent y faire. Le spectacle n’est pas encore prévu pour une tournée. On espère que les programmateurs fûtés l’inscriront très vite à leur programme.


Quelqu’un se sert de mes objets familiers par Grand Magasin
Festival d’Automne à Paris
La Ménagerie de Verre
11 rue Lechevin, Paris 
les 16 et 17 novembre à 20h, le 18 à 16h et 19h
durée 1h50

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