Alexandre Faitrouni © DR

Alexandre Faitrouni, un éclatant sourire à la vie

Surexposition toute en couleur d'Alexandre Faitrouni pour la reprise du spectacle en noir et blanc "Smile" au théâtre de l'Œuvre.

Alexandre Faitrouni © DR

Alexandre Faitrouni est la crème des Liégeois, dont il a gardé un tout léger accent. Nominé aux Molières 2023, dans la catégorie de la Révélation masculine, pour sa remarquable interprétation de Charlie Chaplin dans Smile, qu’il reprend au Théâtre de l’Œuvre jusqu’en décembre 2023, nous donne l’occasion de mettre en lumière, ce comédien au jeu haut en couleur.

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Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Dans mon souvenir, les premiers spectacles que j’ai pu admirer quand j’étais enfant étaient du cirque. Nous allions avec mes parents assister, chaque année, au spectacle sous chapiteau qui passait près de chez nous. J’étais fasciné par le concept de troupe, d’artistes qui voyageaient ensemble, qui parcouraient les routes en montant ensemble leur chapiteau dans chaque ville. La notion de risque que comportaient les numéros. Les clowns pour lesquels j’éprouvais une admiration indéniable. Ce sont les premiers souvenirs qui me viennent en tête. J’ai la chance d’être issu d’une famille qui aime l’art (que ça soit la danse, le chant, ou le théâtre) donc j’ai pu baigner dedans dès mon plus jeune âge.

Smile © Jérémy Nebot
Smile © Jérémy Nebot

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
J’ai eu l’aubaine de faire partie de la Maîtrise de l’Opéra Royal de Wallonie quand j’étais enfant, donc j’avais déjà l’occasion de faire des spectacles en parallèle de l’école. Après le lycée, je me suis dirigé vers des études de droit tout en continuant mes activités artistiques. Très vite, j’ai senti que ce n’était pas ma voie. J’avais envie de tenter l’aventure, de me lancer, sans attentes, mais avec énormément d’envie. J’ai alors passé l’audition pour le Cours Florent et j’ai été admis directement en deuxième année par François Florent. Cela a été le déclenchement d’énormément de choses.

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ?
L’envie d’être sur scène, de raconter des histoires, de jouer des personnages. Une envie de m’évader et de pouvoir participer à l’évasion de certains. Avec le recul, je crois que je n’arrive pas à me voir faire autre chose. J’ai mis du temps à me dire que cela pouvait être mon métier à part entière. C’est ça qui est beau aujourd’hui, se dire que mon métier est une passion avant tout et que je continue toujours à apprendre de celle-ci et à profiter de chaque moment. Je ne sais pas de quoi sera fait demain certes, mais j’aime cette vie.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Un des premiers spectacles auquel j’ai pu participer était La Bohème, un des opéras majeurs de Puccini à l’ORW. Je devais avoir 11 ou 12 ans et je jouais Gavroche aux côtés de grands noms de l’opéra dans une mise en scène de Mireille Laroche. Je garde un souvenir magnifique de cette période, car nous avions la chance de participer à de grands opéras comme celui-là, mais aussi de présenter des spectacles originaux propres à la Maîtrise de l’Opéra Royal. Ces spectacles étaient des adaptations de grandes œuvres, mais jouées uniquement par des enfants. Ça m’a appris énormément.

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
J’en ai plusieurs. Que ça soit des aventures vécues ou encore des spectacles que j’ai pu voir. À l’époque, j’ai pu voir la création française de Titanic de Maury Yeston mise en scène par Jean-Louis Grinda. Je devais avoir 11 ou 12 ans et je me souviens avoir été ébloui face à une production incroyable, dont je garde encore aujourd’hui le souvenir indélébile.
J’ai aussi, il y a quelques années, pu découvrir le travail de la compagnie Munstrum (notamment 40 degrés sous Zéro), juste magnifique. J’adore leur univers. Sinon, je crois que je vais citer Les chatouilles d’Andréa Bescond. Je revois le propos, la performance, si personnelle, si belle, si intense. J’aime être bousculé au théâtre. Être pris de court dans mes émotions. J’en aurais encore plein d’autres à citer, mais je crois que ça risque de prendre beaucoup trop de temps.

Nos années parallèles © Ginnie Nonne

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Chacune des rencontres que j’ai pu faire a été belle. J’essaie de vivre les choses pleinement à chaque fois, ce qui fait que je pense pouvoir dire que je suis plutôt entier dans mes relations et dans mes rencontres. Que ça soit depuis mon enfance ou mon arrivée à Paris, beaucoup de rencontres sont devenues amicales et font partie intégrante de ma vie aujourd’hui. Je vais mentionner quelques personnes que j’ai pu rencontrer et qui ont marqué mon parcours.
Ned Grujic qui m’a proposé mes premiers rôles sur Paris. Stéphane Jarny qui a su créer de magnifiques aventures aux Folies Bergère à l’époque. Le théâtre Mogador avec qui j’ai eu la chance de travailler sur trois spectacles, mais aussi l’équipe de 31, mis en scène par Virginie Lemoine, qui a consolidé une famille de théâtre déjà existante constituée d’amis, et, dernièrement, l’aventure Smile qui m’a permis de retourner au théâtre à proprement parler et qui m’a permis de vivre toutes les belles choses qui se sont passées ces derniers mois.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Il est essentiel parce que, comme je le disais, je crois que je ne me vois pas ailleurs que sur scène ou un endroit lié à la scène. Ma vie est construite autour de mon métier. Il prend beaucoup de place et une grande partie de mon énergie. Au détriment parfois de ma vie personnelle je l’avoue. Mais je n’ai aucun regret sur le chemin que j’ai choisi de prendre.

Qu’est-ce qui vous inspire ?
La vie en général, la musique, l’actualité, les autres (qu’ils soient artistes ou non). J’aime me nourrir énormément de tout ce qui m’entoure. J’aime la création de manière générale. La prise de risque.

Alexandre Faitrouni - Le Roi Lion © DR, collection privée
Le Roi Lion © DR, collection privée

De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Il est unique. Personnel presque. C’est un endroit dans lequel je me sens à l’aise et possiblement libéré. Je suis très méticuleux, mon rapport à la scène est parfois difficile, car l’exigence que j’ai vis-à-vis de moi-même est parfois extrême mais je continue de travailler dessus. Je suis quelqu’un d’anxieux, la scène me permet souvent de ne plus penser à rien. D’être dans un instant, un seul.

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Si je dois choisir deux endroits, je dirai la moitié dans le cœur, l’autre moitié dans les tripes. Ça vient d’un endroit empreint d’amour et à la fois ancré au plus profond de moi-même.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Il y en a tellement… Qu’ils/elles soient auteur(e) ès, comédien (ne) ès ou concepteurs… C’est très dur de ne cibler que quelques noms mais je vais en citer quelques-uns : Christian Hecq, Alexis Michalik, James Thierrée, Johanna Boyé, Bob Wilson… Et beaucoup, beaucoup, beaucoup, d’autres encore.

À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Oh j’ai tellement d’envie ! Un seul en scène poétique mêlant théâtre et nouvelles technologies rendant la présentation complètement immersive ; une adaptation scénique de La vie est belle de Benigni ou, encore, un projet que j’ai en tête depuis un moment déjà, une autre adaptation, celle d’un très grand film des années 1990.

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Un poème de Baudelaire.

Propos recueillis par Marie-Céline Nivière

Smile de Nicolas Nebot et Dan Menasche
Théâtre de l’Œuvre
55 rue de Clichy
75009 Paris.

Jusqu’au 23 décembre 2023.
Du jeudi au samedi à 19h, dimanche à 15h.
Durée 1h15.

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