Ce week-end du 14 juillet, comme un feu d’artifice, le festival des arts de la rue, Les Rugissantes ont fait vibrer le Creusot et ses Creusotins. Le rire, l’émotion, l’émerveillement étaient au rendez-vous.
© Olivier Gaulon
Depuis 2013, grâce aux Beaux Bagages, sous la bienveillance du maire David Marti et du délégué à la culture Jérémy Pinto, la ville du Creusot est animée durant tout l’été. Les festivités démarrent par Les Rugissantes, festival des arts de la rue. Pour cette nouvelle édition, son directeur artistique, Philippe Berthaud, a réussi un sans-faute.
La Cie de l’Homme debout
Il faut dire que cette année, le festival appartenait vraiment aux Creusotines et Creusotins, toutes générations confondues. Dès 2021, de nombreux rendez-vous et résidences ont été mis en place entre les habitants et les membres de la compagnie. Ensemble, ils ont construit Plume, la marionnette géante et conçu sa cabane, installée sur la place Schneider. Ils ont également participé à la confection des costumes. C’était beau, ces gens avec leurs chapeaux ornés d’un bec ou de plumage, portant fièrement leur bâton à la main. Chacun connaissait par cœur l’incantation et les pas de danses qui allaient permettre à Plume de sauver le monde. Les petits élèves du conservatoire étaient également de la partie, entourant Plume tels une nuée d’oisillons.
Plume comme rempart contre l’orage
Ce spectacle déambulatoire s’est déroulé en trois étapes dans une partie de la ville. Plume est une enfant d’osier qui, tel le Petit Prince, a les cheveux aux couleurs des blés et porte une chemise verte. Cette marionnette de sept mètres de haut est magnifique et prend vie par la grâce de ses manipulateurs. C’est impressionnant de la voir traverser les rues, dépassant presque les immeubles. La première déambulation, en ouverture du festival, était une invitation à la suivre dans son combat pour faire revenir les oiseaux que l’urbanisation a fait disparaître.
Le lendemain matin, tout le monde s’est retrouvé place Duchêne pour rencontrer Nahual, le grand esprit oiseau. Le soir, tout le monde avait rendez-vous à l’esplanade François Mitterrand. Nous sommes partis pour une marche finale vers sa Cabane qu’il fallait sauver d’une démolition sauvage. La pluie battante n’a pas empêché le cortège de suivre Plume. En revanche, le spectacle final a dû être écourté, mais il n’en a rien perdu de sa qualité. L’attaque de la grue mobile a fait son effet. L’émerveillement procuré par ce spectacle nous a enveloppés comme une cape de pluie !
La Compagnie des sœurs Goudron
Gros coup de cœur pour les Sœurs Goudron, artistes totalement déjantées qui nous ont proposé Là-bas, un spectacle déambulatoire hilarant. La société a perdu ses repères et l’être humain ne sait plus très bien ce qu’il doit faire. Pas de soucis, l’ONOu (Organisation des Nomades Oubliés) veille à nous guider pour trouver la paix et la joie de vivre. Tel des bons scouts, nous suivons notre cheftaine (délirante Émile Bonnaud) et son assistant en recherche de likes et d’amis (épatant Vivien Durand). Nous arrivons à des haltes, diverses personnalités représentant nos travers, de la bourgeoise à la rebelle (des personnages hauts en couleurs, formidablement interprétés par Cécile Hanriot, Amélie Lacaf, Noémie Lacaf, Elodie Happel et Géraldine Bischy) nous attendent. On rit aux éclats tout au long du parcours et cela fait du bien.
Dans la douzaine de spectacles présentés, où chacun peut trouver son bonheur, nous avons pu n’en voir que quelques-uns, car nous n’avons pas don ubiquité ! La Cie Tout par Terre ouvrait le bal des réjouissances avec Aux P’tits Rognons, un spectacle de jonglerie culinaire où les assiettes voltigent, les verres s’élèvent dans les airs, les chaises s’écroulent et les plats se ratent. Devant un parterre rempli, les artistes ont enchaîné les numéros où le burlesque était de mise.
La joie de la diversité
L’affaire Sardines est une conférence judiciaire à base de boîtes à sardines. Ce spectacle d’Avec-ou-Sanka a célébré ses vingt ans. Il est iconique et on comprend pourquoi, car c’est totalement loufoque et réjouissant. Il était une fois de la Cie Chaos Carré nous embarque aux royaumes des contes, où le prince charmant, la princesse, le loup et l’ogre sortent des sentiers traditionnels. Ce spectacle de cirque original mériterait une dramaturgie plus resserrée. Et pour le jeune public, La classe verte de la Compagnie Robert et moi, spectacle drôle et décalé, nous apprend à organiser un sac de rando.
Il ne faudrait pas oublier le village, lieu de rencontres et d’échanges, qui cette année était géré remarquablement par la Compagnie Boumkao. Voilà, Les Rugissantes se sont terminées le 16 juillet, mais les Beaux Bagages et les Escales Vagabondes prennent le relais du 25 juillet au 17 août.
Marie-Céline Nivière
Les beaux bagages
Du 14 juillet au 26 août 2023
