Directeur artistique du festival Les Rugissantes, qui appartient à la programmation estivale des Beaux Bagages du Creusot, Philippe Berthaud a répondu à nos questions sur la prochaine édition et sur son programme qui promet de mettre, du 14 au 16 juillet, en ébullition artistique, les rues de cette cité qui fut l’un des fleurons de la sidérurgie.
@ Ville du Creusot
Pourquoi Les Beaux Bagages ?
Philippe Berthaud : En 2013, pour la première fois, une programmation estivale voit le jour sous une même étiquette « Un été au Creusot ». L’objectif était d’être plus lisible pour la population et de favoriser l’accès à des animations culturelles, proposées depuis quelques années. L’appellation « Les Beaux Bagages » voit le jour en 2015. Ce changement marque une volonté : donner une régularité dans les rendez-vous proposés pour créer une véritable saison culturelle d’été. Le temps de l’été devient le temps où l’on peut voyager tout en restant sur le territoire avec des spectacles, des rencontres artistiques, des moments d’émerveillement dans nos bagages. En 2020, Les Beaux Bagages deviennent une saison culturelle estivale avec en son sein 2 festivals :
Les Rugissantes, en ouverture : le festival des arts de la rue, à la fréquentation record, qui rayonne désormais largement en Bourgogne-Franche-Comté, voire au-delà.
Les Folles Escales, en clôture : le festival de musiques festives qui a su trouver son concept.
Entre les deux festivals, Les Escales Vagabondes ont l’ambition de s’adresser prioritairement aux Creusotins, à un public familial, à celles et ceux qui ne partent pas en vacances.
Avec plus de 15 000 spectateurs en 2022, le festival Les Rugissantes est aujourd’hui au cœur du paysage culturel régional.
XIe édition, on peut dire que Les Rugissantes n’ont pas à rougir et que le festival est bien implanté…
Philippe Berthaud : Effectivement, aujourd’hui le festival est bien ancré dans la vie culturelle de la ville, il est devenu un rendez-vous incontournable non seulement pour les habitants, mais aussi désormais pour celles et ceux qui vivent dans la région Bourgogne-Franche-Comté et au-delà.
Après deux éditions contrariées par les conditions sanitaires (mise en place de jauges réduites, obligation d’assises, pass sanitaire…) et l’épuisement aux injonctions d’adaptation permanente, l’année dernière a été la première année où la saison d’été en trois escales a enfin pu s’installer et se déployer correctement. Le projet a su mûrir, et la confiance maintenue avec le public a permis à ce que les festivals des arts de la rue et de musique tiennent toutes leurs promesses.
Sans aucun doute que la programmation 2023, avec ses déambulations grand format, marquera un pas supplémentaire dans l’implantation et le rayonnement du festival auprès du plus grand nombre.
Aujourd’hui, l’identité du festival est de plus en plus affirmée autour de valeurs comme la qualité artistique, la gratuité, la diversité, la convivialité, la culture pour tous et dans l’espace public, la rencontre. C’est ce qui fait son originalité et sa force et contribue à sa reconnaissance désormais nationale.
Comment élaborez-vous votre programmation ?
Philippe Berthaud : Établir une programmation est avant tout une histoire de rencontre avec des compagnies, et/ou des artistes et le souhait de partager une aventure commune avec la population.
Depuis plusieurs dizaines d’années, je suis telle ou telle compagnie parce que leur projet artistique m’intéresse, ou que tel ou tel spectacle est particulièrement original, touchant, pointu, bluffant, etc.
J’essaye le plus possible de faire des thématiques par année pour trouver une cohérence d’ensemble et donner une coloration au festival qui évolue et change chaque année. Mais la programmation ne s’arrête pas uniquement au choix de compagnies, je travaille beaucoup à donner une âme, une identité claire et lisible au festival, notamment à travers la scénographie, ainsi qu’au choix de la compagnie qui va réaliser « le village » du festival : au cœur du festival, plus qu’un lieu de restauration, il représente le véritable esprit du festival ; un lieu d’échange entre les publics et les artistes.
Le processus de programmation ne s’arrête finalement jamais, car d’une part certaines compagnies ne sont pas forcément disponibles tout de suite, leurs agendas sont bouclés parfois sur 2 ou 3 ans, et d’autre part les projets participatifs notamment se préparent souvent plus d’un an à l’avance. Je suis déjà en train de préparer la programmation de 2024, plusieurs compagnies sont déjà réservées et la thématique générale déjà retenue, donc plus d’un an en avance.
Cette année, il y a des nouveautés, pouvez-vous nous en dire plus ?
Philippe Berthaud : Tout le week-end, la tonalité sera très familiale, avec cette année une nouveauté d’importance : les déambulations. Ce ne seront pas moins de cinq déambulations, proposées par trois compagnies, qui sillonneront la ville et plus particulièrement le quartier de la Molette et celui du site de la Verrerie. Une déambulation est toujours une manifestation un peu hors du commun, car elle rappelle les grandes fêtes ou rassemblements populaires.
Les cultures urbaines ne seront pas en reste puisque trois spectacles imprimeront leurs identités fortes et originales, comme le bmx, le slam, ou le hip hop.
Le théâtre de rue sera aussi mis à l’honneur cette année avec plusieurs compagnies qui proposeront des spectacles pour tous ; drôles, inventifs et captivants.
Enfin les arts du cirque toujours présents sur le festival apporteront une touche « virevoltante » avec jonglerie, monocycle ou mât chinois pour le bonheur des plus petits jusqu’aux plus grands.
Propos recueillis par Marie-Céline Nivière
Les beaux bagages
Du 14 juillet au 26 août 2023
