Diego, le théâtre dans sa tête

À la Reine Blanche d'Avignon, Barthélémy Fortier met en scène "Diego" avec une belle dextérité et offre à Hugo Randrianiatoavina un rôle en or.

Diego d'Alexandre Cordier - Mise en scène de Barthélémy Fortier © Laurent Charrier

Le regard droit devant, la tête haute, Diego (le survolté Hugo Randrianiatoavina) court après sa vie. Né en 1998, à l’instant exact où la France devenait championne du monde, et portant de ce fait le prénom d’un des plus grands joueurs de tous les temps, le jeune homme rêve en grand. De son enfance choyée à son entrée dans la vie d’adulte, il croit en sa belle étoile. Gringalet — c’est comme ça qu’on le surnomme dans sa cité —, il préfère les livres au sport. Mais le foot, le regarder du moins, est tellement important pour son père qu’il s’y essaye. Le succès n’est pas au rendez-vous. C’est dans les gradins qu’il trouve finalement sa place. Et le beau Jude, coqueluche du lycée n’y est pas pour rien. Entre eux, une belle et trouble amitié s’installe. 

Toutefois, le jeune Diego a d’autres aspirations. Jouer Sganarelle dans la pièce donnée en fin d’année au lycée est son plus grand bonheur. Il s’y donne à mille pour cent. Sa prof, impressionnée, lui conseille de tenter sa chance dans une grande école. Soutenu par ses parents, il fonce, s’installe à Paris, aime les filles et les garçons, et surtout, il se forme à l’art dramatique. Le chemin semble tracé. Mais heureux en apparence, un truc lui manque. Un pincement au cœur, une nostalgie. Le foot, tel un boomerang, lui revient en pleine tête. Que ne donnerait-il pas pour partager à nouveau avec son père le énième visionnage de la cassette VHS jaune où sont compilés les exploits de Maradona ? Face au doute, c’est sa seule bouée de sauvetage, sa planche de salut. Diego, l’Argentin, l’unique, reste son héros. 

Avec ingéniosité, Barthélémy Fortier s’empare du texte d’Alexandre Cordier et porte joliment au plateau cette histoire de destins entrecroisés — celui de l’auteur et celui du metteur en scène — réunis dans le corps sec de l’excellent Hugo Randrianiatoavina. Fougueux, fiévreux, le jeune comédien brûle les planches comme les calories tant il se démène comme un beau diable, et donne au destin somme toute banal de ce garçon des airs d’extraordinaire. Ce seul en scène ciselé au cordeauest à voir sans tarder au théâtre de la Reine à Avignon. Vous ne le regretterez pas !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Avignon

Diego d’Alexandre Cordier
Festival OFF d’Avignon
Théâtre de la Reine Blanche-Avignon
16 rue de la grande fusterie
84000 Avignon
Du 7 au 25 juillet 2023
Durée 1h00

Mise en scène de Barthélémy Fortier
Avec Hugo Randrianiatoavina
Lumière de Nicolas de Castro
Conception sonore de Clément Vallon
Composition et création musicale de Tommy Haullard
Collaboration artistique de Nina Ballester

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