Déborah Grall © James Weston

Déborah Grall, enfant de la balle

Au théâtre des Halles à Avignon, Déborah Grall incarne Christine, aux côtés de Sarah Biasini dans le Mademoiselle Julie monté par Lidon.

Déborah Grall incarne le personnage de Christine dans Mademoiselle Julie de Strindberg dans la mise en scène de Christophe Lidon au Théâtre des Halles à Avignon. Cette délicate actrice, que nous suivons depuis ses premiers pas, a répondu à notre questionnaire. 

Déborah Grall © Christophe BRACHET - Mother Production - FTV

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
En 1997, je découvre mon grand-père (Philippe Noiret, ndlr) sur la scène de la Porte Saint-Martin, il décide de faire son grand retour sur les planches avec Les côtelettes de Bertrand Blier. Le public est choqué, il hurle, il sort, il rit. Ça m’a beaucoup marqué. Surtout après avoir grandi avec l’image d’un théâtre sacré, quasi mystique au TNP : la Cour d’Honneur, Chaillot, Vilar, Casarès, Gérard Philippe…

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ? 
Je pense que le désir est né doucement, progressivement. J’ai grandi entouré de gens qui vivaient ce métier avec passion. C’était compliqué pour moi d’envisager autre chose. 

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédienne ? 
J’aurais pu choisir un autre corps de métier, la technique comme ma mère ou la réalisation comme mon père, mais j’ai sûrement senti que c’est avec celui-là que j’allais m’amuser le plus. 

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ? 
Country Music de Simon Stephens aux Déchargeurs à Paris en 2006. Un drame social anglais mis en scène par Tanya Lopert. Elle était ma professeure chez Perimony. C’est la première metteuse en scène à avoir cru en moi. Elle m’a offert un rôle fort, avec des partenaires magnifiques. Je lui dois beaucoup. 

Votre plus grand coup de cœur scénique ? 
C’était, il y a presque 20 ans, la première fois que je suis allé seule au théâtre : le Phèdre de Patrice Chéreau. Je pense que je suis resté en apnée pendant plus de 2 h. Et je suis surtout tombée amoureuse de tous les acteurs sur scène, d’Eric Ruf à Dominique Blanc, Marina Hands… J’en ai encore la chair de poule. 

Déborah Grall © Christophe BRACHET - Mother Production - FTV

Quelles sont vos plus belles rencontres ? 
Tous les réalisateurs/metteurs en scène/réalisatrices avec qui j’ai travaillé. Ils m’ont tous aidé à progresser, à grandir, à m’amuser, que ce soit sur un plateau ou sur une scène. Ce sont tous de belles rencontres. 

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ? 
Je suis malheureuse quand je ne travaille pas, comme beaucoup d’artistes, je pense. J’aime le collectif, j’aime faire partie d’un projet commun, avancer avec les autres pour raconter une histoire. J’ai l’impression d’être vide quand je ne peux pas me projeter, d’où l’importance d’être à l’initiative de choses. 

Qu’est-ce qui vous inspire ?
Les rencontres, essentiellement, l’humain. 

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
Jusqu’ici, j’ai beaucoup plus fréquenté les plateaux de cinéma et de télévision. Mais depuis l’année dernière, j’ai la chance de travailler sur de belles pièces, dans de beaux théâtres. Grâce à Christophe Lidon, j’ai pu découvrir le CADO d’Orléans avec Mademoiselle Julie, une salle de plus de 700 personnes, je n’avais jamais joué devant autant de monde avant, j’étais au summum du trac. 

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
Je pense, comme beaucoup de comédiens, que ça se situe dans les tripes, dans le cœur, un endroit vital. 

Gainsbourg (Vie Héroïque) de Joan Sfar © Universal Pictures International France

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ? 
Ceux que j’aime humainement et dont j’admire le travail : Cyril Teste, dont l’approche du travail est totalement organique et obsessive. Lorraine de SagazanMaëlle Poésy, Frédéric Bélier Garcia, Simon Abkarian

À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Jouer en septembre au Théâtre du Rond-point, dans la mise en scène de Virginie de Clausade, The Normal Heart de Larry Kramer. On vit un peu au jour le jour en ce moment, j’ai l’impression, et ce projet a déjà été repoussé une fois, donc je croise les doigts, très très fort. 

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ? 
J’aimerais qu’elle soit aussi belle et intense qu’un film d’Almodovar. 

Marie-Céline Nivière

Mademoiselle Julie d’August Strindberg
Au Cado, centre national de Créations Orléans-Loiret
Jusqu’au 29 septembre2020
Durée 1h20

Tournée
Juillet 2021 au Théâtre des Halles dans le cadre du Festival Off d’Avignon

Crédit portrait © James Weston
Crédit photos © Christophe BRACHET – Mother Production – FTV et © Universal Pictures International France

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