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Le Bal des Vampires – Le musical – mordant mais pas piquant

En transposant en comédie musicale son propre film, Roman Polanski reste certes fidèle à l’intrigue mais en oublie un peu trop ce qui a érigé cette œuvre de jeunesse au rang de film culte… l’esprit parodique. L’argument : Partez en voyage pour la mystérieuse contrée de Transylvanie en compagnie du professeur Abronsius et de son jeune assistant Alfred. Dans un petit village, dont les habitants sont terrifiés par une étrange présence, Sarah, la fille de l’aubergiste, est enlevée. Alfred, transi d’amour pour elle, et le professeur Abronsius partent à sa recherche. Elle est retenue au château du terrifiant Comte Von Krolock

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Stéphane Métro interprète le comte Von Krolock au théâtre Mogador ©VBW_BRINKHOFF-M_GENBURG

En transposant en comédie musicale son propre film, Roman Polanski reste certes fidèle à l’intrigue mais en oublie un peu trop ce qui a érigé cette œuvre de jeunesse au rang de film culte… l’esprit parodique.

L’argument : Partez en voyage pour la mystérieuse contrée de Transylvanie en compagnie du professeur Abronsius et de son jeune assistant Alfred.
Dans un petit village, dont les habitants sont terrifiés par une étrange présence, Sarah, la fille de l’aubergiste, est enlevée. Alfred, transi d’amour pour elle, et le professeur Abronsius partent à sa recherche. Elle est retenue au château du terrifiant Comte Von Krolock dont les deux voyageurs parviennent à retrouver la trace. Mais ils découvrent vite que le château abrite des buveurs de sang. 
Les vampires sortent de leurs tombes, le bal peut commencer…

La critique : Transformer le théâtre Mogador, en une taverne et en château des Carpates n’est pas une mince affaire. C’est pourtant le pari insensé et parfaitement réussi du géant européen de la comédie musicale : Stage Entertainment. En effet, depuis quelques semaines, le musical Le Bal des Vampires a investi les lieux. Créée  en 1997 à Vienne et déjà vue par plus de 7 millions de spectateurs dans 12 pays, la comédie musicale, tirée du film culte de Roman Polanski arrive enfin en Français à Paris.
Pour cela, le réalisateur s’est entouré de pointures : Michael Kunze pour le livret – auteur de nombreuses comédies musicales dont Elisabeth qui retrace la vie de la célèbre Sissi-, Jim Steinman pour la musique rock – compositeur à succès qui a notamment écrit le fameux Total Eclispe of the Heart de Bonnie Tyler qui sert de thème au spectacle -, William Dudley pour la scénographie et les décors – connu Outre-Manche pour son travail sur de nombreux opéras et comédies musicales, Dennis Callahan pour les chorégraphies et enfin de l’Anglaise Sue Blane pour les costumes – spécialiste incontestée de ce domaine depuis qu’elle créa ceux du Rocky Horror Picture Show. Clairement, Roman Polanski n’a pas lésiné pour que cette super production musicale soit à la hauteur du film culte qu’il a réalisé en 1967. Ces artistes de talent ont mis le paquet et l’ensemble est plutôt réussi : les décors spectaculaires se métamorphosent en quelques secondes passant d’une taverne transylvanienne pur jus, à l’intérieur art déco tendance gothique teintée d’horreur du château du comte Von Krolock à un cimetière de mort-vivants ;  les costumes, et particulièrement ceux des vampires, sont somptueux et dignes de ces nobles aux dents acérées ; les ballets s’enchaînent avec grâce , fluidité et beaucoup d’énergie.

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Raphaelle Cohen incarne Sarah dans le Bal des Vampires ©VBW_BRINKHOFF-M_GENBURG

Au milieu de ce déluge de tulles, de toiles d’araignées et de lumières donnant de l’étrangeté à ces décors mouvant au rythme des accords joués par un orchestre live d’une vingtaine de musiciens, une trentaine d’artistes se déhanchent sur scène en poussant la chansonnette. Si, tous donnent du cœur et du coffre à l’ouvrage, il n’en reste pas moins que c’est au niveau musical que le bât blesse. Sous les flots de notes souvent assourdissants, tellement le volume sonore est à son maximum, il est très difficile de saisir les paroles des nombreuses chansons (aucun texte n’est dit) qui égrènent le spectacle. Et quand on a le malheur d’enfin les comprendre, c’est malheureusement souvent décevant. La faute à une traduction (Nicolas Nebot) trop souvent potache,  lourde de sens et en dessous de la ceinture – sucer ou être sucé, n’en est qu’un exemple. Le pire se cache dans la version made in France du tube intemporel de Bonnie Tyler, rebaptisé pour l’occasion   Cette nuit restera éternelle, avec la rime facile et subtile : « des vrais et des faux rêveurs ».

Tout cela est bien dommage, car on se laisserait bien séduire par ce bal des vampires, qui n’a que peu de choses à envier à l’original. L’histoire est respectée à la lettre. Mais voilà, en 47 ans, le film culte de Roman Polanski a pris un coup de vieux et a perdu un peu de sa superbe et de son mordant. Les crocs se sont élimés faute d’avoir été réactualisés. En laissant de côté trop souvent l’esprit parodique et satirique qui a permis au bal des Vampires de 1967 de devenir culte, Roman Polanski glisse dans la comédie à grand spectacle parfois un peu mièvre.

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Sinan Bertrand et Moniek Boersma dans le Bal des Vampires ©VBW_BRINKHOFF-M_GENBURG

Ne boudons pas notre plaisir. De David Alexis (le professeur Abronsius) à Stéphane Métro (Le Comte Von Krolock), en passant par Sinan Bertrand (le fils homo du comte), qui a bien  du mal à sortir de ce registre,  Solange Milhaud et Pierre Samuel (drôles dans le rôle des époux Chagall), tous ont le talent nécessaire pour charmer leur auditoire. Si le cœur vous en dit laissez vous mordre un de ces soirs par un de ces vampires pas si méchants que cela…

Théâtre Mogador
25 rue de Mogador
75009 Paris
Du mardi au dimanche à 20h00 – Séance supplémentaire à 15h00 le samedi
Mise en scène de Roman Polanski
Musique de Jim Steinman
Paroles de Michael Kunze
Avec Comte von Krolock : Stéphane Métro ,Sarah : Rafaëlle Cohen, Alfred : Daniele Carta Matiglia, Le Professeur : David Alexis, Chagal : Pierre Samuel, Magda : Moniek Boersma, Rebecca :Solange Milhaud, Herbert von Krolock : Sinan Bertrand, Koukol : Guillaume Geoffroy
Durée : 2h45

2 Comments

  1. Je suis plutôt d’accord avec vous (je sors tout juste du spectacle au moment où j’écris ces lignes – la 200e tout de même !), et la presse abonde dans ce sens. La faute à notre langue ou au parolier ? Je ne saurais dire… En l’occurrence j’ai regretté que tout soit quasiment chanté (contrairement à votre critique il y a quelques textes parlés mais ils sont rares), c’est un peu lourd au bout d’un moment. Ceci dit j’ai été bluffée par la mise en place des décors, à la seconde et au millimètre près, et les jeux d’ombre et de lumière, rien que pour ça ça vaut tout de même le coup d’œil – mais un peu moins d’oreille !

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