Cette année, le soleil était au rendez-vous, tout comme les festivaliers curieux de découvrir la programmation concoctée par Philippe Berthaud. La veille, ils avaient participé au Grand Bal des Intrigants de la Compagnie Les Plastiqueurs dans la cour du château qui en portait encore les traces, plumes d’oiseaux ou d’anges blanches et de confettis rouges. Cette couleur choisie comme fil conducteur par la Mairie, porteuse de l’événement.
« La beauté sauvera le monde »
C’est avec Fleurir les abîmes de Claire Ducreux que nous avons commencé les festivités. Petits et grands ont investi la cour d’honneur du château. Assis autour de la petite scène où trônait un arbre, porteur de quelques feuilles et d’un nichoir. Il y a du Beckett dans cette très belle scénographie. Une petite femme aussi frêle que l’arbre, petit personnage clownesque arrive dans le cercle, crée le lien en embrassant ou serrant les mains de quelques spectateurs.
Le spectacle de Claire Ducreux est une performance poétique remarquable. Comme elle l’annonce à la fin, ce sera son ultime spectacle. Le temps à fait son ouvrage et le corps s’est usé. La voix fragile et vieillissante de Serge Reggiani résonne, « Combien de temps… Combien de temps encore… » Sur ce texte magnifique de Jean-Loup Dabadie, Le temps qui reste, l’artiste exécute une danse autour de l’arbre, symbole de vie. Ce moment intime va s’ouvrir sur les rires. L’artiste demande la participation d’abord d’une petite fille puis d’un grand gaillard choisi dans le public. Elle aborde, avec cette belle poésie, le vivre ensemble. L’émotion palpable a fait se lever d’un bond les spectateurs conquis par cette parenthèse de douceur.
Le rire libérateur
Pour accéder au parking Condorcet où se déroule le spectacle suivant, Gagarine is not dead, il faut descendre le magnifique escalier des jardins de l’Europe. Sur le sol des cercles orange, le public s’installe tout autour. C’est le pas de tir d’une capsule spatiale qui va envoyer dans l’espace les cendres, non pas du célèbre cosmonaute soviétique, mais d’un astronome amateur qui menait un atelier dans un MJC. Ce sont ses disciples qui ont mis en place toute une machinerie qui devrait l’envoyer voltiger dans les étoiles. Ce spectacle, conçu par les compagnies En corps En l’air et Les sanglés, est complètement déjanté. Ces fous volants et leurs drôles de machines enchaînent prouesses physiques et des gags hilarants, tout en défiant les lois de l’apesanteur. Là encore, la poésie, autre fil rouge de cette programmation, passe par là.
La beauté des girafes rouges
La soirée se clôture par le spectacle en déambulation conçu par la Compagnie Off. Le rendez-vous est donné aux Cresotines et Cresotins devant l’entrée de la cour du Château. La nuit tombe doucement. Poussée par des garçonnes et garçons de piste dans leurs habits de groom, une soprano, très diva, juchée sur un char immense et mobile pousse les premières notes. C’est le chant de ralliement pour sept girafes rouges. Maladroites comme des petits girafons, elles passent le porche, regardant avec étonnement tous ces gens. Ces marionnettes monumentales provoquent une onde d’émotion, où la féerie et la fantaisie font bon ménage. On les suit tout au long de la grande rue. Elles s’arrêtent, regardent par les fenêtres, pour finir dans un numéro de domptage impressionnant. C’est de toute beauté. Les Rugissantes ont encore gagné leur pari, surprendre, divertir et émouvoir.
Les Rugissantes
Du 11 au 13 juillet 2025
