Daina Ashbee © Patrice Mathieu

Daina Ashbee, étoile filante et vibrante de Montpellier danse

À Montpellier Danse, Daina Aishbee revient sur une décennie de créations et présente cinq de ses spectacles phares.

Invitée à une carte blanche par Jean-Paul Montanari dans le cadre de Montpellier Danse, Daina Aishbee revient sur une décennie de créations et présente cinq de ses spectacles phares. Alors que la première mondiale de sa dernière œuvre est prévue dans quelques jours aux rencontres chorégraphiques de Seine-Saint Denis, la chorégraphe canadienne clôt en beauté sa vingtaine pour entrer radieuse et apaisée dans un nouveau cycle artistique. 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de danser ? 

Daina Ashbee : j’ai été très inspirée par Michaël Jackson quand j’étais jeune. Je voulais chanter et danser en permanence. Je passais beaucoup de temps à reproduire les chorégraphies que je voyais sur MTV. Toutefois, gamine, je me destinais plutôt à devenir musicienne, compositrice. Le travail corporel a finalement pris le dessus sur mes envies, mes goûts. 

Quel type de formation avez-vous suivi ? 
Unrelated de Daina Ashbee. Montpellier Danse © Sarah Marie

Daina Ashbee : Un peu partout. J’ai commencé la danse assez tard. À quinze ans, j’ai pris mes premiers cours dans une formation plutôt axée sur le jazz. Assez rapidement, les professeurs m’ont conseillée d’approfondir mon étude des mouvements, des gestes en passant par le ballet. J’ai donc intégré une école de danse plus classique. C’était assez dur. Après une période d’anorexie quand j’étais adolescente, mon corps a changé. Il est devenu très musclé. J’ai des formes, des seins, des fesses. Du coup, je n’avais pas la silhouette adaptée pour ce type de pratique. Je me suis donc tournée vers la danse contemporaine, qui me semblait plus naturelle, plus proche de la terre et d’une certaine façon, en tout cas pour moi, plus artistique. En parallèle, j’ai aussi fait du Hip Hop, de la street dance, des choses plus commerciales. 

Comment passe-t-on de la pratique à l’écriture ? 

Daina Ashbee : Suite à un traumatisme lié à un évènement familial, j’ai fait une grosse dépression à l’âge de 21 ans. Je me suis mis en retrait de la scène. Je me suis repliée sur moi-même, je n’étais plus capable de suivre les cours. Je restais enfermée chez moi et j’ai commencé petit à petit à créer dans ma tête. J’ai donc fait des demandes de subvention au gouvernement canadien afin de mener au bout ce projet. Ce fut le début d’une autre aventure, d’une nouvelle expérience. 

Vous avez cinq spectacles à l’affiche de Montpellier Danse. La plupart ont comme point commun d’avoir un rapport fort au corps et à la nudité ? 
Serpentine de Daina Ashbee. Montpellier Danse. © Ian Douglas

Daina Ashbee : en effet, cela vient de ma manière de travailler, qui se concentre sur l’énergie du danseur, de la danseuse. J’ai besoin de cet accès direct au corps et à son subconscient, à ce qu’il représente, ce qu’il dégage, ce qu’il raconte. Je m’intéresse surtout aux images qu’il renvoie. C’est ma façon de réduire l’espace autour, et ainsi de ciseler les mouvements, les gestes. Dans mon approche de la danse, il y a ce besoin d’être au plus près de la peau, des muscles, de la respiration. C’est ensuite une fois que j’ai les grandes lignes, que je commence, quand cela est nécessaire, à rajouter des costumes, des lumières et de la musique. 

Qu’est-ce qui vous inspire ?

Daina Ashbee : Ma propre médiation. Je pratique le Yoga depuis longtemps, je plonge profondément et longuement en moi. Je vais à la source de mon être. Suite à cette immersion, cette introspection, se lâcher prise avec ce qui m’entoure, des images apparaissent. Elles servent de base à mon écriture. Je vois des mouvements, des gestes, des intentions. Des idées se forment que je retranscris ensuite. Petit à petit, tout prend forme. Le canevas entre l’imaginaire et le réel finit par se rejoindre, par donner sens à la pièce. Mon intention de départ et le ressenti de l’interprète finissent par se conjuguer. C’est un travail de connexion, de complicité qui finit par faire que la pièce existe. Évitant toute pollution extérieure, j’ai laissé de côté littérature et tout apport documentaire, pour ne me concentrer que sur les sentiments, l’émotion de ce que je suis en tant qu’être humain. 

À quelle période de votre vie, les cinq spectacles présentés dans le cadre de la carte blanche que vous offre Montpellier Danse, font-ils référence ? 
Laborious Song de Daina Ashbee. Montpellier Danse © David Wong

Daina Ashbee : De 22 ans à 29 ans. J’ai d’abord créé en 2014, Unrelated, duo sur la lutte des femmes autochtones, puis Pour et When the ice melts, will we drink the water ?, deux ans plus tard. J’avais donc 27 ans quand j’ai imaginé ainsi Serpentine en 2017 et enfin 29ans, Laborious song. C’est toute ma vingtaine qui sera sur scène. C’est comme un cycle qui se termine. Mes prochaines œuvres sont un peu plus légères. Il y a moins de résistances, de violences, de résilience. Après avoir beaucoup travaillé avec le corps féminin, je commence à m’intéresser au corps masculin, à d’autres problématiques. Mon regard évolue. Si l’intensité est toujours présente dans mon travail, je développe une écriture autour du groupe. 

Comment crée-t-on au Canada en temps de covid ? 
Pour de Daina Ashbee. Montpellier Danse © Daina Ashbee

Daina Ashbee : En fait, je suis partie au Mexique ces derniers temps. J’ai donné des ateliers et j’ai travaillé à mon futur spectacle. Très étonnement, j’ai eu l’impression d’être en dehors du monde. Proche de la nature, puis en ville les dernières semaines, je n’ai pas ressenti cette tension qui existe en occident. Par ailleurs, pendant toute cette année et demi, j’ai beaucoup voyagé. J’ai l’impression d’avoir été en dehors, comme si tout cela était un mauvais rêve. En fait, c’est plus des sensations que j’ai pu éprouver en fonction des personnes avec qui j’étais, ou que j’ai côtoyées, chacun réagissant différemment à cette période. 

Où sera créée votre prochaine création ? 

Daina Ashbee : je viens de la terminer à Guadalajara, avec deux danseuses vénézuéliennes et trois mexicaines. Elle vient d’être présentée en première mondiale à Paris dans le cadre des Rencontres chorégraphiques de Seine-Saint-Denis. 

Propos receuillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Montpellier Danse
du 23 juin au 16 juillet 2021

Serpentine de Daina Ashbee
Les 25 et 26 juin 2021 à 18h
Agora – Cité internationale de la Danse
Studio Cuningham

Unrelated de Daina Ashbee
Les 25 et 26 juin 2021 à 18h
Agora – Cité internationale de la Danse
Studio Cuningham

Pour de Daine Ashbee
Les 1er et 2 juillet 2021 à 18h
Agora – Cité internationale de la Danse
Studio Cuningham

Laborious Song de Daina Ashbee
Les 3 et 4 juillet 2021 à 18h
Hangar Théâtre
3, rue Nozeran
34000 Montpellier

When the ice melts, will we drink the water ? de Daina Ashbee
Première en France
Les 7 et 8 juillet 2021 à 18h
Hangar Théâtre
3, rue Nozeran
34000 Montpellier

Crédit portait © Patrice Mathieu
Crédit photos © Sarah Marie, © Ian Douglas, © David Wong, © Daina Ashbee

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