Que font une sirène, Charles Aznavour et un scooter à la Ménagerie de Verre ? Ce pourrait-être une blague, mais c’est surtout un événement comme il en existe peu : le Cabaret Les Moches.
Porté par un éclectisme peu commun depuis ses débuts, ce cabaret temporaire est passé par le Silencio, le Cirque électrique et le Consulat. Pour le Festival Paris l’Été, il prendra ses quartiers dans la Chapelle du Village Reille dans le 14e arrondissement de Paris, un lieu d’occupation temporaire, porté par Plateau Urbain.
Un radar pailleté
Mené par Carla-Vladya Subovici et Axel Ibot, le cabaret Les Moches embrasse les contradictions, alliant sans mal le foutraque et l’excellente, le vulgaire et le sensible.
Le show s’ouvre avec l’imprévisible Bonnie Banane qui s’amuse d’un rien et manie les mots avec une irrévérence peu commune. L’artiste à qui on doit tout un album entre orgue et orgasme saisit toujours par sa capacité à surprendre. Et quelle n’est pas notre surprise quand deux poissonniers trainent une bâche plastique, longue d’une petite dizaine de mètres, de laquelle sort une sirène (et avec elle, quelques effluves marines).
On découvrira aussi Fred Junot, transformiste bluffant dans chacune de ses interprétations. Véritable apparition alors qu’il convoque Charles Aznavour avec Comme ils disent, il enchante tout aussi bien en incarnant une drag queen, au son de la regrettée Régine.
Talents hauts
À la fois bal populaire et espace d’expérimentation, le cabaret convoque aussi bien des pole-dancers au storytelling inventif que des figures phares de l’Opéra de Paris comme l’éblouissante Hannah O’Neill. À l’image du Cabaret de Poussière qui profite de la flexibilité du genre pour à la fois convoquer d’illustres inconnu·es au bataillon d’un côté et créer des synergies avec de gros noms institués d’autres champs artistiques de l’autre, Les Moches fait primer le talent sur la notoriété.
Le spectacle pioche donc aussi bien des figures phares de la scène cabaret comme Mimi, qu’on avait vue briller dans le Fantasma Circus Erotica, Perseo, arrachée à la saison 2 de Drag Race France que de talentueux performeurs émergents comme Salem.
C’est ce mélange qui fait des Moches une expérience unique, à la fois véritable radar de talents et espace rêvé pour l’expérimentation artistique. Un grand écart salutaire à l’heure où le cabaret pourrait sans mal se cantonner aux têtes d’affiche et se penser comme un simple divertissement. Par sa création lumière, par l’inventivité inégalable de ses performances, Les Moches convoque le futur sur un plateau.
Le Cabaret Les Moches de Carla-Vladya Subovici et Axel Ibot
Festival Paris l’Été
Village Reille
18 et 19 juillet 2025
durée 2h