Cheveux blonds bien disciplinés, costume impeccable, Thomas se place devant l’assemblée. Puisqu’ils se connaissent depuis le collège, le marié lui a demandé d’être son témoin. Mais à la place d’un discours ennuyeux et formaté sur le bonheur de ces années d’amitié, le jeune homme va raconter une autre histoire, saisissant l’auditoire alors pris en otage.
« Un mariage sans la chenille, c’est un peu comme Versailles sans ses jardins »
Ce n’est pas un discours à la Festen, avec révélations sordides, c’est juste le récit d’une prise de conscience. Thomas a pris conscience que sa lâcheté, devant un acte commis par son ami, lui a brisé la vie. Alors, ce soir, il se libère dans un geste héroïque. Toute la force de ce texte réside dans la progression narrative, mais il n’est pas question d’en spoiler l’histoire. Tout au long, on se demande où Thomas nous entraîne. Il évoque leur jeunesse. L’admiration qu’il portait, lui l’enfant pauvre, à ce copain gâté par la vie. Les relations qui existaient entre lui et cette famille aisée et protectrice. Puis, viendra son parcours, sa réussite… Et ce qui a déclenché sa décision de dénoncer ce qui s’est passé, il y a longtemps, un soir de fête.
Avec sa tête d’éternel adolescent, son sourire d’un enfant sage, on donnerait le bon Dieu sans confession à ce témoin idéal. Benjamin Jungers, qui fut pensionnaire de la Comédie-Française de 2007 à 2015, et un épatant Hamlet chez Guy-Pierre Couleau, porte brillamment ce récit. Juché sur une estrade en forme de pièce montée, il fait jongler les mots et les images. Stéphane Guérin (L’art de recevoir, La grande musique…) n’a pas son pareil pour sonder les âmes et les êtres.
Le témoin, de Stéphane Guérin
Théâtre Buffon – La Luna – Festival Off Avignon
Du 5 au 26 juillet 2025 à 18h10, relâche mercredi.
Durée 1h15.
Mise en scène de Christophe Gand
Avec Benjamin Jungers
Scénographie d’Emmanuel Charles
Lumière de Denis Koransky.