La gestuelle d’un musicien s’apparente parfois à une chorégraphie. Ainsi, lorsque le danseur est aussi pianiste, l’échange qui se crée entre lui et son instrument peut rapidement se muer en un étonnant ballet. Dans ce solo composé par le chorégraphe Hervé Maigret, de la compagnie nantaise NGC 25, Peter Hurtado engage un curieux dialogue avec son unique partenaire de scène, auquel il est littéralement enchaîné. Une vision de l’artiste en apparence un peu doloriste, qui flirte aussi avec l’humour et le burlesque.
Entre grandes envolées et tentations du repli sur soi, le danseur trace une trajectoire où il alterne partitions musicales et chorégraphiques. Par un jeu d’attraction-répulsion, il cohabite avec cet imposant associé autant qu’il tente de s’en affranchir. À un moment, il envisage même de plonger dans ses entrailles à cordes pour mieux le comprendre. Ou s’en détacher ? Mais au final, on peut se demander qui des deux se retrouve le plus à nu. Se dépouillant de son premier costume, le danseur en revêt un second, qui joue encore sur la gamme chromatique du noir et blanc. Mais le renouveau reste fragile.
Cherchant un équilibre, tel un funambule, entre ses deux aspirations, le danseur-musicien finit par trouver une échappatoire. Un exil volontaire, qui clôt de manière très ouverte cette pièce pleine de sensibilité. En arpentant les rues d’Avignon, quelques paroles d’une chanson de Michel Berger nous reviennent en mémoire : « Et pour quelles raisons étranges, les gens qui tiennent à leurs rêves, ça nous dérange… »
Des pieds et des mains d’Hervé Maigret
Théâtre du Train bleu – Festival Off Avignon
Du 6 au 24 juillet 2025 (jours pairs) au
à 17h10
Durée 50 mn
Chorégraphie d’Hervé Maigret
Avec Pedro Hurtado
Création lumière de Fabrice Peduzzi
Création sonore de Mathieu Roche