Joanne Leigthon © Chloé Chauveau
Joanne Leigthon © Chloé Chauveau
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Joanne Leighton : Des gestes pour un monde à réinventer

Le 14 juin, sa dernière création The Gathering s’invite à June Events. En juillet, Le Chemin du wombat au nez poilu sera présenté à Avignon, dans le cadre du OFF à la Scierie. Deux créations, deux adresses au vivant, qui prolongent le sillon sensible et collectif d’une artiste à l’écoute du monde.

Joanne Leighton : Il n’y a pas véritablement de point de départ net. C’est un tissage continu, un fil qui se déroule d’une pièce à l’autre. The Gathering, comme People United ou 9 000 pas, s’inscrivent dans un mouvement entamé il y a presque dix ans. Quand on entre en répétitions, il y a tout un temps d’improvisation où chaque interprète est libre de proposer ce qu’il ressent, ce que lui inspire telle ou telle thématique, telle ou telle actualité. J’ai l’impression que les pièces se répondent, que certaines idées réapparaissent, mûrissent, se densifient. Il y a des gestes, des rythmes, des intuitions… Et puis une bascule : ce moment où je me dis : “ça, c’est une pièce”. Très souvent, cela naît d’un geste ou d’une thématique qui me hante. Et toujours en lien avec ce qui se passe dans le monde.

The Gathering de Joanne Leighton © Patrick Berger
The Gathering de Joanne Leighton © Patrick Berger

Joanne Leighton : cette pièce est née du désir de créer une forme qui nous rapproche du vivant, de renouer et d’approfondir le lien entre les êtres et la nature ; d’œuvrer à travers ces matières, collectivement, créant ainsi des rituels contemporains qui se déploient sur des rythmes incessants et battants, à travers les gestes répétitifs et évolutifs des danseur·euses. Ce vivant, ce « plateau-forêt », est perceptible grâce à la scénographie de Romain de Lagarde, mais aussi à travers les images vidéo et photographiques de Flavie Trichet-Lespagnol.

Cette projection — évoluant simultanément avec la chorégraphie — se métamorphose subrepticement tout au long de la pièce, passant du noir et blanc à la couleur. Il me tenait à cœur de poursuivre le travail avec ces fidèles collaborateurs artistiques, qui m’accompagnent depuis plusieurs années sur différentes créations. Chaque élément est pensé, fabriqué, créé pour servir la pièce.

Joanne Leighton : De manière collective, toujours. On part d’un socle commun, que ce soient des livres, des images ou des thématiques. J’accorde une grande importance à la cohésion du groupe. Il y a un lieu que nous affectionnons particulièrement, l’Essieu du Batu, en Aveyron. On y alterne temps de studio et immersion dans la nature. On marche, on collecte des objets, on parle beaucoup, on improvise, puis on revient au studio avec tout ça. La pièce se dessine peu à peu, dans un va-et-vient entre extérieur et intérieur, entre l’individuel et le collectif.

The Gathering de Joanne Leighton © Patrick Berger
The Gathering de Joanne Leighton © Patrick Berger

Joanne Leighton : Oui, c’est fondamental. J’ai la chance d’avoir un noyau fidèle de danseurs qui me suivent depuis longtemps – comme Marie Fonte, Flore Khoury, Sabine Rivière, Lauren Bolze. Et j’intègre aussi de jeunes interprètes issus de formations comme Coline (Istres) ou les CNSMD. C’est une compagnie intergénérationnelle, vivante. Il y a aussi des danseurs très expérimentés, comme Antoine Roux-Briffaud, qui nous a rejoints récemment. Ce brassage d’énergies, de parcours, crée une richesse de langages et de présences sur scène.

Joanne Leighton : C’est même une des premières pierres. Peter Crosbie, mon collaborateur musical, est là dès les prémices. Il vient en studio, observe, compose, revient. Rien n’est préexistant. Tout est créé main dans la main. On avance ensemble, et cela crée des pièces profondément organiques, où la musique, la danse, la scénographie dialoguent.

Joanne Leighton : “The Gathering”, c’est le rassemblement, la convergence, la collecte. J’ai imaginé un groupe d’êtres qui entre dans la forêt, à la recherche d’un lien oublié avec la terre. C’est une tentative de faire corps avec le vivant, de susciter une forme de transe douce, d’harmonie rythmique. Il y a quelque chose de primal dans cette pièce, une pulsation qui émerge de la répétition, des gestes partagés. C’est une écriture organique qui cherche l’accord avec les éléments.

Le Chemin du Wombat au nez poilu de Joanne Leigthon © Patrick Berger
Le Chemin du Wombat au nez poilu de Joanne Leigthon © Patrick Berger

Joanne Leighton : Il vit toujours, et s’étend. C’est un projet qui consiste à veiller la ville au lever et au coucher du soleil, une personne à la fois, pendant une année entière. C’est une chorégraphie discrète, un acte de présence. Chaque veilleur écrit dans un grand livre, partage une trace, une image, un mot. Et il y a les biportraits, une photo du veilleur et une photo de la ville, prises juste après. Aujourd’hui, on est à Saint-Ouen, c’est notre troisième cycle en Île-de-France. Le projet a voyagé en France, aux Pays-Bas, en Autriche, au Royaume-Uni… Il tisse une communauté invisible, mais très réelle. C’est une œuvre du temps, de la lenteur, de la persistance.


Joanne Leighton : C’est un conte chorégraphique pour la jeunesse – et les adultes avec une âme d’enfant. Deux danseuses-conteuses embarquent les spectateurs dans un récit inspiré d’un fait réel qui m’a profondément marqué. Lors des incendies en Australie en 2018, les wombats – petits marsupiaux australiens aux allures de petits ours – ont accueilli d’autres animaux dans leurs terriers et leur ont sauvé la vie. Je suis d’origine australienne, et j’avais envie de raconter cette histoire de solidarité et de survie. La pièce mêle danse, texte, vidéo et musique originale de Peter Crosbie. C’est très coloré, ludique, joyeux, mais ça parle d’écologie, de crise, et de comment, collectivement, on peut traverser l’épreuve. À Avignon, ce sera la centième représentation ! On vient aussi de créer une version en langue des signes, pour que cette fable chorégraphique touche encore plus de spectateurs.


The Gathering de Joanne Leigthon
June Events
Théâtre de l’Aquarium en partenariat avec l’Atelier de Paris/CDCN
14 juin 2025
Durée 1h10

Chorégraphie et direction de Joanne Leighton
Avec Anthony Barreri, Stéphanie Bayle, Lauren Bolze, Hippolyte Desneux, Marie Fonte, Flore Khoury, Elisabeth Merle, Maureen Nass, Sabine Rivière, Antoine Roux Briffaud
Collaboratrice artistique – Marie Fonte
Composition musicale et design sonore de Peter Crosbie
Chansons de Laboratorium Pieśni
Création photographique et vidéo de Flavie Trichet-Lespagnol
Costumes de Maïté Chantrel
Lumières et espace scène de Romain de Lagarde
Réalisation scénographie de Pierre-Yves Loup-Forest, Gaston Arrouy
Régie général – François Blet
Textes Extraits de
Walden ou La vie dans les bois, Henry David Thoreau (1854)


Le Chemin du wombat au nez poilu de Joanne Leighton
Festival OFF Avignon
La Scierie
Du 5 au 26 juillet 2025 – Relâche les 8, 15 et 22 juillet
Durée 50 min


Chorégraphie & direction : Joanne Leighton
Avec Flore Khoury & Marie Tassin
Textes de Marie Fonte, Flore Khoury, Joanne Leighton, Marie Tassin
Création Bande Sonore et Musique originale de Peter Crosbie
Collaboratrice artistique de Marie Fonte 
Création vidéo : Flavie Trichet-Lespagnol 
Lumières et Scénographie : Romain de Lagarde
Régie général de François Blet 

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