Jean Anouilh, l’auteur aux quarante-sept pièces, ressort du purgatoire dans lequel la marche du temps l’avait enfermé. Quatre de ces œuvres sont à l’affiche, comme Léocadia au Lucernaire, où l’ont précédée, Pauvre Bitos, La culotte et Eurydice. C’est en jouant cette dernière que les trois comparses se sont retrouvés et qu’est né le projet de raconter un jeune auteur en devenir.
Gaspard Cuillé et Benjamin Romieux, les deux auteurs de ce spectacle biographique, finement ciselé, se sont inspirés de La Vicomtesse d’Éristale n’a pas reçu son balai mécanique et En Marge du théâtre. Leur récit se déguste avec grand bonheur. « Inscrit, comme tous ceux qui ne savent pas quoi faire plus tard, à la Faculté de droit, je compris un jour que je perdais mon temps. »
Avant la reconnaissance
De 1930 à 1950, traversant les tempêtes, mais aussi les jours heureux, on suit sans jamais perdre haleine le chemin qui a mené à la gloire cet anti-Rastignac, fou de théâtre, tirant le diable par la queue, rêvant d’être auteur dramatique pour « faire oublier aux hommes pendant trois heures leur condition et la mort, car c’est un bon métier, et utile. »
Sur scène, ils sont deux Anouilh, échangeant et dialoguant. Benjamin Romieux représente son côté bon chic bon genre, mais sans tomber dans l’austérité. Normalement, c’est Gaspard Cuillé qui incarne l’autre facette, plus facétieuse. Le soir de notre venue, le metteur en scène Emmanuel Gaury (Le roi des Pâquerettes, Et si on ne se mentait plus) le remplaçait avec brio. L’idée est ingénieuse. Cela donne une belle dynamique à cette savoureuse leçon de vie dans une époque où tout était encore possible. Comme Anouilh ne manquait pas d’humour, les anecdotes fleurissent, les grands noms surgissent et la nostalgie se fait joyeuse. On se régale.
Jean Anouilh, souvenirs d’un jeune homme, d’après La Vicomtesse d’Éristale n’a pas reçu son balai mécanique et En Marge du théâtre, de Jean Anouilh
Théâtre de Poche Montparnasse
Jusqu’au 9 juillet 2025
Durée 1h15.
Un spectacle imaginé par Gaspard Cuillé et Benjamin Romieux
Mise en scène d’Emmanuel Gaury
Avec Gaspard Cuillé ou Emmanuel Gaury, Benjamin Romieux
Musique de Mathieu Rannou
Lumières d’Alireza Kishipour.