Vos débuts
Votre premier souvenir d’art vivant ?
Ma mère chantait sur scène avec mon père au piano quand j’étais encore dans son ventre. Peu de temps après ma naissance, j’allais voir les spectacles de mon père et ceux, pour enfants, de ma mère. Mais mon premier grand souvenir de théâtre, c’est en classe de cinquième, au théâtre à l’italienne de Cherbourg : Les Jeux de l’amour et du hasard de Marivaux, une sortie organisée pour mon anniversaire par ma belle-mère.

Qu’est-ce qui vous a poussée à choisir cette voie ?
Au début, je ne voulais surtout pas faire de théâtre, justement pour ne pas faire comme mes parents. Le mot même de “théâtre” me semblait ennuyeux. Et puis, un jour, une envie de jouer est apparue. Je rêvais souvent que j’étais actrice.
Je me souviens aussi d’un moment marquant : j’avais dix ans, j’ai chanté La Vie en rose devant les invités. J’ai vu que je pouvais les émouvoir. Ça m’a bouleversée.
Pourquoi ce métier ?
Parce que, même si c’est du travail, ça reste du jeu !
Votre tout premier spectacle ? Une anecdote marquante ?
C’était un spectacle monté entre cousins, pour les parents et les grands-parents. Je ne jouais pas très bien, mais c’était génial. J’avais cinq ou six ans. Je me souviens encore de mon rôle : je jouais une mamie bio qui buvait du lait de riz en râlant contre les jeunes et leurs Game Boys ! (Rires)
Passions et inspirations
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Je n’ai pas encore vu énormément de spectacles, mais je suis en général bon public. J’aime profiter de ce qu’on m’offre à voir. Après coup, je peux revenir sur certaines choses qui m’ont moins parlé… Notamment les spectacles trop frontaux, qui cherchent à choquer le public pour provoquer un changement. Ce n’est pas ma came.

Quelles rencontres ont marqué votre parcours ?
La première, c’est celle de Romane Bohringer, sur un tournage où j’avais demandé à faire mon stage de 3e. Et puis, quelques mois plus tard, Marion Siéfert et toute l’équipe de Daddy.
Où puisez-vous votre énergie créative ?
Dans mes passions d’être humain : les soucis, les peurs, les blessures, les élans, les espoirs, les élans passagers… Dans ce et ceux que j’aime, qui m’émeuvent, me questionnent, m’agacent ou me révoltent. Et dans les ambiances que me font traverser certains films, livres, spectacles, lieux, souvenirs…
En quoi ce que vous faites est-il essentiel à votre équilibre ?
Ça structure ma vie. Ça me donne une place dans la société, me permet de contribuer, d’apporter quelque chose à mon échelle. Et puis, transformer mes tristesses et mes angoisses par l’expression artistique a un effet profondément thérapeutique.
L’art et le corps
Que représente la scène pour vous ?
C’est l’endroit où les lumières s’éteignent, puis se rallument pour laisser apparaître un bout de vie partagé avec d’autres.
C’est un mystère. Une piscine dans laquelle je plonge sans savoir si je vais nager, et où je découvre, à la fin, que j’ai rejoint l’autre rive par une magie que je ne m’explique pas. C’est fantastique.
Où ressentez-vous physiquement votre désir de jouer ?
Quand j’ai lu cette question, j’ai souri. J’ai pris une grande inspiration, avec l’envie de foncer. Alors je dirais : là, quelque part, dans cette respiration ! Des fourmillements dans le ventre, dans tout le corps. Comme une énergie dingue, presque inépuisable… enfin, épuisable à la fin, quand même !
Rêves et projets

Avec quels artistes aimeriez-vous travailler ?
Avec des artistes comme Judith Zagury ou Mégane Arnaud, qui interrogent la relation entre l’homme et l’animal.
Ce rapport me fascine : il dit beaucoup de notre lien à la Terre, à la vie, à notre époque. Et il change selon les cultures et les périodes. J’aimerais continuer à explorer ça artistiquement.
Si tout était possible, à quoi rêveriez-vous de participer ?
À la fête de mon village ou à celle de la ferme ! J’y jouerais un spectacle avec les animaux de la ferme de mon oncle.
Et puis, bien sûr, tourner dans des théâtres en France et à l’étranger, y compris dans des lieux où le théâtre va rarement : les champs, les fermes, les écoles, les prisons…
Si votre parcours était une œuvre d’art ?
Ce serait le dessin que ma petite cousine m’a offert à Noël !
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Daddy de Marion Siéfert et Matthieu Bareyre
Création le 9 mars 2023 au CNDC d’Angers
Durée 3h30 avec entracte
Tournée
22 au 25 mai 2025 à La Villette
Mise en scène Marion Siéfert
Conception scénographie Nadia Lauro
Lumières Manon Lauriol
Création sonore Jules Wysocki
Maquillages Dyna Dagger
Vidéo Antoine Briot
Costumes Valentine Solé, Romain Brau pour les robes de Lila Houel et le vol de Jennifer Gold
Régie générale Chloé Bouju
Régie plateau Marine Brosse
Régie son Mateo Provost
Assistanat à la mise en scène Mathilde Chadeau
Collaboration aux chorégraphies comédie musicale Patric Kuo
Chorégraphie de combat Sifu Didier Beddar
Avec Émilie Cazenave, Lou Chrétien-Février, Jennifer Gold, Lila Houel, Louis Peres, Charles-Henri Wolff