Épique ! (pour Yikakou) de Nadia Beugré
 © Werner Strouven
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Épique ! (pour Yikakou) : Les rites au féminin composé de Nadia Beugré

Avant de présenter sa nouvelle création à Montpellier Danse, dont elle est une habituée, la danseuse et chorégraphe ivoirienne investit la scène bruxelloise de La Raffinerie, dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts.

C’est un voyage en solitaire, ou presque, sur les terres de ses ancêtres que Nadia Beugré entreprend avec Épique ! (pour Yikakou). Des chants s’élèvent depuis les lointaines coulisses, un amas aérien de branches d’arbres entremêlées flotte sur scène comme des présences spectrales. À partir de ses éléments, l’artiste, assise dans les gradins, réinvente une forme de mise en condition rituelle, pour convoquer sur le plateau les fantômes des femmes de sa lignée.

Épique ! (pour Yikakou) de Nadia Beugré
 © Werner Strouven
© Werner Strouven

Il y a longtemps, en Côte d’Ivoire, existait un village nommé Yikakou. C’est là, sur cette terre considérée comme maudite, que Nadia Beugré a grandi. Depuis recouvert par la végétation, le lieu conserve pour elle une force magnétique, tant son histoire familiale y est ancrée. Comme en état de transe, l’artiste rejoint le plateau, accompagnée de Sali Diabaté, griotte au service de clans et de récits oubliés, et de Charlotte Dali, musicienne et chanteuse.

Ensemble, elles plongent dans les racines de leur identité et réinventent les figures féminines de leurs aïeules. Sorcière, oracle, conteuse, mère, fille ou amante : elles peuplent la scène de rituels multiples. La transe n’est pas loin. Elle affleure, sans jamais totalement emporter les interprètes ni les spectateurs.

La balade proposée par Nadia Beugré est constellée d’images fortes et de moments d’une grande intensité. Fragmentaire, le récit reste à l’état d’éclats, de bribes de mémoire. Les fantômes hantent l’espace, parfois entrent en résonance avec les corps, mais il manque quelques fils dramaturgiques pour que ces voix du passé percutent véritablement le présent et fassent entendre autant leur désir que leur colère ou leur foi. 

Avec Épique ! (pour Yikakou), l’artiste esquisse des existences disparues, leur lien profond à la terre, à la nature, à l’habitation d’un lieu. Mais faute d’une dramaturgie plus affirmée, la performance s’éparpille et se répète, en quelques échos que seules les puissantes présences scéniques des interprètes parviennent à faire vibrer.


Épique ! (pour Yikakou) de Nadia Beugré
Kunstenfestivaldesarts
La Raffinerie – Charleroi Danse
Rue de Manchesterstraat 21
1080 St-Jan-Molenbeek
Du 9 au 13 mai 2025
Durée 1h10

Tournée
25 et 27 juin 2025 au Studio Bagouet, Montpellier Danse

Direction artistique et interprétation – Nadia Beugré
Interprétation et musique live  – Charlotte Dali & Sali Diabate
Dramaturgie de Kader Lassina Touré
Scénographie de Jean-Christophe Lanquetin
Direction technique et lumières – Paulin Ouedraogo

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