Noires mines Samir d'Antoine d'Heygere © Nicolas Drouet
© Nicolas Drouet

« Noires mines Samir », une vie fracturée

Avec leur nouvelle création, le collectif l a c a v a l e poursuit, au théâtre du Train Bleu, à Avignon, son exploration de l’humain et de ses fêlures. 

Samir (Adil Mekki) va avoir 50 ans. Il est temps pour lui de faire le bilan de sa vie. Par fragments, il remonte les chemins tortueux ses souvenirs. Ni linéaire, ni totalement aléatoire, le fil de sa pensée est comme son état psychique quelque peu chaotique. Sixième enfant d’un couple d’immigrés, père violent, mère aimante mais brimée, il découvre à treize ans qu’il n’aime pas les femmes, mais plutôt les garçons, que sniffer la colle à rustine et boire du blanc coca, ça décalque la tête et lui fait oublier tous ses soucis. 

Jeté à la rue par son géniteur, il erre de foyer en foyer, se perd de plus en plus dans la drogue et l’alcool. De moins en moins lucide, il échappe à la police, enchaîne les petits boulots, mais n’arrive jamais à se stabiliser. De cures de désintox en hôpitaux psychiatriques, rongé par ses démons, assommé par les médocs, Samir semble au bord du précipice. Rien ne semble pouvoir empêcher sa chute, ni ses amours plus ou moins tarifées avec de jeunes hommes, ni l’affection amoureuse que lui porte une autre patiente du service dans lequel il est suivi. 

S’inspirant d’une histoire vraie, d’un homme rencontré en 2015 lors d’un reportage en hôpital psychiatrique, Antoine d’Heygere déplie de manière défragmentée et kaléidoscopique, une vie abîmée, détruite, atomisée. Débit lent, voix hésitante, jeu sur le fil, fragile, le beau et athlétique Adil Mekki se glisse dans la peau de Samir et tente de lui insuffler autre chose que cette fatale descente aux enfers. Encore en rodage, Noires mines Samir cherche son rythme, son juste équilibre entre pathos et véracité. La pièce gagnerait en fluidité, en intensité, en percutant, débarrassée d’une scénographie plus encombrante que pertinente. Le temps devrait faire son affaire et toucher le public dans ce qu’il dit de notre époque, de notre manière de traiter les gens à la marge ! 


Noires mines Samir, âme sucre et cœur charbon d’Antoine d’Heygere
Festival off Avignon
Théâtre du Train Bleu
40 rue Paul Saïn
84000 Avignon
à 20h05 du 3 au 21 juillet 2024 – relâches les 8 & 15 juillet 2024
Durée 1h15

Texte d’Antoine d’Heygere 
Avec Adil Mekki 
Création lumières de Claire Lorthioir 
Régie – Kyriane Zimmermann 
Collaboration artistique – Chloé Simoneau 
Scénographie de Charlotte Arnaud 
Costumes de NINII 
Regard chorégraphique – Céline Cartillier , Regard dramaturgique – Julie Ménard , Regard extérieur – Nicolas Drouet 

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