Le Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare, mise en scène d'Emmanuel Demarcy-Mota © Nadège Le Lezec
© Nadège Le Lezec

Le songe d’une nuit d’été, le rêve en demi-teinte de Demarcy-Mota

Salle Sarah Bernhardt, le directeur du Théâtre de la Ville s’empare d’une des pièces les plus féériques du répertoire et invite à plonger dans un bal des illusions visuellement réussi mais en manque d’intensité dramatique.

À Athènes, Thésée, la reine des lieux, doit épouser Hippolyte. Toute la ville est en effervescence. Mais avant les noces, elle doit régler quelques distancions amoureuses. Égée, un de ses nobles sujets, exige que son unique fille, la belle Hermia se marie avec Démétrius, mais cette dernière, amoureuse du beau Lysandre, n’entend pas céder au chantage paternel. La loi empreinte de patriarcat ne faisant pas dans les sentiments, elle donne le dernier mot au géniteur. Face à cette injustice, les deux amants décident de fuir dans les bois voisins pour vivre au grand jour la belle passion qui les anime. Suivi de près par le fiancé éconduit et la douce Héléna follement entichée de ce dernier sans être payée de retour, les tourtereaux ne sont pas au bout de leurs surprises. 

Hantée par les fées et autres créatures féériques de la nuit, l’hypnotique forêt leur prépare quelques facétieux tours, mais la magie n’est qu’illusion, l’amour ne finit-il pas par toujours triompher ? Ciselant sa scénographie, préférant l’épure à la profusion d’effets, Emmanuel Demarcy-Mota fait entrer en résonnance les contes d’hier avec les réalités d’aujourd’hui. Ainsi malmenée par l’homme, la nature est ici chétive, les arbres ne sont que d’immenses troncs sans feuille, les bosquets de la terre rase sans mousse accueillante. Loin de la comédie légère imaginée par Shakespeare, le metteur en scène creuse jusqu’à l’os l’éco-fable et la volonté de croire encore à des chimères d’enfant quand le monde autour intime une fatale issue. 

La lecture de Demarcy-Motta, portée par la nouvelle traduction très contemporaine de François Regnault, est nette, moderne, parfaitement ancrée dans le temps présent. Le geste est précis, malheureusement l’ensemble souffre d’un déséquilibre entre mise en espace et direction d’acteurs. L’une est dépouillée, l’autre grandiloquente. Le surjeu permanent de la troupe fausse la donne et empêche de se laisser porter par ce Songe étrange plus proche du cauchemar que de la fantaisie shakespearienne. 


Le songe d’une nuit d’été de William Shakespeare
Théâtre Sarah Bernhardt – TDV
place du Châtelet
75001 Paris
jusqu’au 10 février 2024
Durée 1h50 

Nouvelle traduction de François Regnault
Version scénique et mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota
Avec la Troupe du Théâtre de la Ville – Élodie Bouchez, Sabrina Ouazani, Jauris Casanova, Jackee Toto, Valérie Dashwood, Philippe Demarle, Edouard Eftimakis, Ilona Astoul, Mélissa Polonie, Gérald Maillet, Sandra Faure, Gaëlle Guillou, Ludovic Parfait Goma, Stéphane Krähenbühl, Marie-France Alvarez
Assistanat à la mise en scène – Julie Peigne, assistée de Judith Gottesman
Scénographie de Natacha le Guen de Kerneizon, Emmanuel Demarcy-Mota
Lumières de Christophe Lemaire, assisté de Thomas Falinower
Costumes de Fanny Brouste, assistée de Véra Boussicot
Musique d’Arman Méliès
Vidéo de Renaud Rubiano, assisté de Romain Tanguy
Son deFlavien Gaudon
Maquillage et coiffures de Catherine Nicolas, assistée de Elisa Provin
Objets de scène et régie – Erik Jourdil
Coiffes et couronnes – Laetitia Mirault
Coaching acteurs – Jean-Pierre Garnier
Training physique – Claire Richard, Nina Dipla
Training chant – Vincent Leterme, Maryse Martines

Print Friendly, PDF & Email

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Contact Form Powered By : XYZScripts.com