La comédienne Tessa Volkine, la metteuse en scène Catherine Schaub et l’auteur Jean-Benoît Patricot sont allés sur le terrain dans un Ehpad municipal où pendant huit mois, ils ont observé, interroger personnels et pensionnaires. De cette immersion au cœur de la vie, ils ont créé un spectacle des plus remarquables, Old up, que l’on pourrait traduire par « debout les vieux » !
Parce qu’elle nous touche de près, la vieillesse est un sujet qui ne peut que remuer. Car, comme l’a si bien chanté Jacques Brel, mort trop tôt, « Mourir cela n’est rien, Mourir, la belle affaire ! Mais vieillir, oh vieillir ! ». Pourtant « vieillir est encore le seul moyen que l’on ait trouvé de vivre plus longtemps… ». Tant que les artères et la tête fonctionnent, pas de problème. Et puis, un jour, il devient de plus en plus difficile de rester seul chez soi. Alors il faut faire ses valises. On devient pensionnaire d’un lieu qui ne se rattache à aucun souvenir. On se retrouve à fréquenter des inconnus, à être dépendant des autres et « traverser le présent, en s’excusant déjà de n’être pas plus loin. »
« Les vieux ne parlent plus, Ou alors seulement parfois du bout des yeux »
En donnant la parole à Annie, une aide médico-psychologique à l’Ehpad privé des Trois-Fontaines, Patricot nous plonge au cœur même du quotidien. Les jours et les nuits se suivent. Les heures filent trop vite pour le personnel mais elles « ronronnent » pour les pensionnaires. Cette course après le temps, imposée pour ne pas perdre d’argent, n’a pas de sens. Car c’est tout le contraire qui est nécessaire. Ces lieux ne devraient pas être l’endroit où l’on attend de mourir mais celui où l’on nous aiderait à mieux continuer à vivre. En tout cas c’est la mission que s’est donnée cette femme.
En toute simplicité, cette Annie raconte le parcours qui l’a amené à s’occuper des anciens. Sans misérabilisme, elle d’écrit les réalités et les difficultés de son travail. Avec tendresse, elle raconte ces « petits vieux », leur rendant ainsi leur visibilité. Son observation sur cette parenthèse entre la vie et la mort est lucide et pénétrante. On s’accroche à son récit avec souvent la larme à l’œil, parce que ce qu’elle évoque bouleverse. Et comme elle ne manque pas d’humour, de cette pointe d’esprit salvatrice, son humanité en devient plus grande.
Un spectacle ciselé
La mise en scène de Catherine Schaub, comme toujours, est précise. Elle joue sur l’espace vide, ainsi toute notre attention se concentre sur ce magnifique texte et son interprète. Avec son énergie, sa voix éraillée par la vie, son sens de la rupture, sa sincérité, Tessa Volkine donne à Annie, héroïne du quotidien, une force incroyable. Dans une prestation remarquable, la comédienne nous embarque dans un tourbillon d’émotions qui nous oblige à nous projeter dans notre futur, mais qui donne surtout envie d’embrasser nos anciens, même ceux qui ne sont plus, et de profiter de la vie ! Bravo.
Marie-Céline Nivière
Old up de Jean-Benoît Patricot
Théâtre de la Reine Blanche
2 bis Passage Ruelle
75018 Paris.
Du 17 janvier au 18 février 2024
Durée 1h10
Mise en scène, scénographie de Catherine Schaub
Avec Tessa Volkine
Lumières de Rosalie Dumont
