Le malade imaginaire de Molière Mise en scène de Claude Stratz © Christophe Raynaud de Lage
© Christophe Raynaud de Lage

Le Malade imaginaire se porte très bien

Au Théâtre des Champs-Elysées, "Le Malade imaginaire" de Molière, mis en scène par Claude Stratz pour les comédiens du Français fait un malheur.

Le malade imaginaire de Molière Mise en scène de Claude Stratz © Christophe Raynaud de Lage
© Christophe Raynaud de Lage

Il compte ses sous, Argan et il râle… Toutes ces potions, ces clystères ( lavements), ces onguents…lui coûtent beaucoup d’argent, trois sols par -ci, dix deniers par-là, deux, trois, cinq livres ! Allez, il paiera mais la moitié seulement…il le dira au docteur Purgon, pour autant pas question d’arrêter toutes ces médecines, il est si malade, il ne peut s’en passer. Installé dans sa chaise à…(vraiment) tout faire, le Malade de Guillaume Gallienne, est un être aux yeux cernés, le teint hâve, il veut se croire seul, abandonné, mal estimé, incompris. Jusqu’à cette Toinette qui le laisse hurler alors qu’il a besoin qu’on s’occupe de lui. La voici, rousse et finaude, qui sait répondre à son maître et sauver la situation pour sa jeune maîtresse que son malade de père veut marier au répugnant Diafoirus. Chère Toinette, on la plaint d’être au service d’un tel emmerdeur (au sens pas si propre que cela). Et ainsi le festival commence. Car c’en est un, tant cette mise en scène de Claude Stratz, créée à la Comédie-Française, salle Richelieu en 2001, est une réussite, toujours une réussite, plus de vingt ans après.

Tout est donc à sa place ici, le décor un peu pauvre le costume tout en « langes » d’Argan, vieux bébé qui crie bobo, la musique que Marc Olivier Dupin a composée avec à l’oreille le rythme de la Commedia dell’arte, comme le désirait le metteur en scène suisse. Quant aux comédiens, ils sont, quel plaisir de le dire, parfaits : Christian Hecq en docteurs Diafoirus et Purgon, Christophe Montenez en amoureux pas transi du tout, Coraly Zahonero en vile épouse… Un coup de chapeau particulier à Julie Sicard et à son jeu de Super-Toinette.

Mais, comme on le sait, la cause du mal-être de ce Malade n’a qu’une explication, que lui révèle Toinette déguisée en médecin : le poumon ! Et il défaille un brin dans cette belle salle du Théâtre des Champs-Elysées qui reçoit deux fois plus de spectateurs que la salle Richelieu de la Comédie-Française : les voix des très doués comédiens-français se perdaient un peu dans l’espace et l’on avait parfois du mal à bien les entendre (du moins à l’orchestre). Il leur faudra donc adapter leur système de projection (le poumon !) et aussi rendre plus claire l’articulation. Tout ceci aurait dû déjà être pensé, Éric Rufle patron du Français connait bien le Théâtre des Champs-Élysées, il y a fait, entre autres, la mise en scène de La Bohème, l’opéra de Puccini cette année. Mais les chanteurs n’ont pas ce problème. 

Gageons que celui-ci sera vite résolu et d’ailleurs le jeu des acteurs et la mise en scène sont à ce point parfaits que le public a fait un triomphe à tous les interprètes, comédiens chanteurs et danseurs tous ensemble. Les chefs d’œuvre ne meurent jamais. 


Le malade imaginaire, comédie en trois actes de Molière créée en 1673
Théâtre des Champs-Elysées
15 avenue Montaigne
75008 Paris
jusqu’au 7 janvier 2024 (19 h30)
durée 2 h 15 sans entracte.

mise en scène de Claude Stratz
avec Guillaume Gallienne, Christian Hecq, Julie Sicard, Alain Lenglet, Coraly Zahonero, Christophe Montenez, Elissa Alloula, Clément Bresson et la soprano Elodie Fonnard, le ténor Jérôme Billy, le baryton-basse Jean-Jacques L’Anthoën, Jorris Sauquet au clavecin et Marion Martineau à la viole de gambe.  La petite Louison est interprétée en alternance par Mathilde Clément, Elisa Cronopol, Eléonore Gattuso Dhion, Alice Javary.

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