Nicolas Vaude © Fabienne Rappeneau

Nicolas Vaude, l’éternelle jeunesse au service du théâtre

A l'occasion de la reprise au théâtre du Ranelagh du "Neveu de Rameau" de Diderot, le comédien Nicolas Vaude a répondu à notre questionnaire.

Nicolas Vaude © Fabienne Rappeneau

Sous la direction de Jean-Pierre Rumeau, Nicolas Vaude revient, toujours entouré de Gabriel Le Doze et du claveciniste Olivier Baumont, avec Le Neveu de Rameau de Diderot. L’occasion de voir ou revoir ce magnifique spectacle créé en 2009, repris en 2013, et d’applaudir la prestation de ce grand comédien sur qui le temps semble n’avoir aucune prise.

© Fabienne Rappeneau

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
La Tempête de Shakespeare, dans la mise en scène par Giorgio Strehler et un récital de Samson François à Paris.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
J’ai été « foudroyé » par le théâtre grâce au Concours interscolaire de Versailles au théâtre Montansier. Une invention merveilleuse qui durait un mois chaque année. Un mois de fête où tous les collèges et lycées de France et d’ailleurs présentaient des spectacles travaillés dans l’année scolaire. J’y ai commencé à douze ans, comme Denis Podalydès.

Le Neveu de Rameau - Nicolas Vaude © Ben Dumas
Le Neveu de Rameau de Denis Diderot © Ben Dumas

Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ?
Je ne me suis jamais posé la question d’autre chose que le théâtre ! Peut-être parce que j’ai été fasciné par Jules Berry dans Les Visiteurs du soir et Gérard Philipe dans Fanfan la tulipe.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Clérambard avec Danièle Lebrun et Jean Pierre Marielle. Un doux souvenir magique. J’avais été choisi par eux pour jouer un rôle sublime. J’avais vingt-trois ans.

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Il y en a tant ! Je citerai : Hamlet mis en scène par Peter Brook, Les Géants de la montagne par Klaus Michael Grüber au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, Les Exercices de Style avec Danièle Lebrun, Platonov avec Patrick Pineau dans la mise en scène de Claire Lasne, Deburau avec Robert Hirsch, Art de Yasmina Reza, Richard II par Ariane Mnouchkine, La fausse suivante, Hamlet et Phèdre, dans les mises en scène de Patrice Chéreau. Je pourrais aussi toutes les mises en scènes de Strehler. Et récemment le Hamlet, mis en scène par Gérard Watkins, avec Anne Alvaro.

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Jean-Pierre Marielle, Danièle Lebrun, Jean Rochefort, Isabelle Carré, Robert Hirsch, Claude Rich, Suzanne Flon, Marcel Maréchal, Yves Robert, Françoise Sagan, Pascale Bordet, Stéphanie Tesson, Florian Zeller (dont j’ai créé quatre pièces). Il y a bien sûr, Peter Brook à l’occasion de trois jours de travail exceptionnels. C’était pour le rôle de Trinculo dans La Tempête, mais j’étais finalement trop jeune. Je n’oublierai jamais ses conseils et sa douceur.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Je ne peux pas vivre sans le théâtre… Je raffole des instants de préparation. Le moment avant. La petite régie de l’acteur. Ses petits coins secrets.

Clérambard de Marcel Aymé - Nicolas Vaude © Collection privé
Clérambard de Marcel Aymé, mis en scène par Jacques Rosny, avec Danièle Lebrun et Jean-Pierre Marielle © Collection privé de Nicolas Vaude

Qu’est-ce qui vous inspire ?
Les grandes interprétations musicales. Ce que fait une interprète où un interprète d’un morceau. Pour moi, le théâtre commence au moment où la comédienne et le comédien deviennent libres interprète d’un texte, en accord avec la vision du metteur en scène chef d’orchestre.

De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Mon rapport à la scène est concret, soigneux, lent, doux et toujours à recommencer. Le théâtre est l’école du doute et de l’humilité. Je ne sais rien ! Vais-je y arriver ce soir ?

À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Mon désir de faire ce métier se situe dans des endroits de rêves secrets, mais aussi dans un travail qui se voudrait proche des danseurs, dont l’art me fascine, encore plus que tout autre. L’endroit est le cœur. Il faut qu’on entende battre le cœur du personnage… « Le comédien est là pour guérir et consoler le personnage », disait Klaus Michael Grüber. Le travail du corps m’a toujours paru le plus passionnant de notre art d’instrumentiste et d’instrument. Je travaille en secret deux heures de textes par jour depuis l’âge de ving ans. Mâcher… Dire… Des mots tu feras musique. Suivre la pensée de l’auteur et du personnage. Jouer avec l’auteur.

Elle t'attend - Nicolas Vaude © Collection privée
Photo de répétition d’Elle t’attend de Florian Zeller, avec Laetitia Casta © Collection privée de Nicolas Vaude

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Je rêve de travailler avec Claire Lasnes, Alain Françon, Julie Brochen, Irina Brook, Dan Jemmett, Didier Long toujours, Stuart Seide, Deborah Warner, Declan Donellan…

À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Je rêve de monter avec la même troupe d’acteurs, et alternativement : La Mouette et La Nuit des Rois. Un jour j’y arriverai. Mettre en scène, sans jouer.

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Papa d’enfants épanouis.

Propos recueillis par Marie-Céline Nivière

Le neveu de Rameau de Denis Diderot
Théâtre Le Ranelagh
5 rue des vignes
75016 Paris.
Jusqu’au 14 janvier 2024.
Du jeudi au samedi à 20h30, supplémentaire dimanche à 17h, relâche le 24 déc.
Durée 1h30.

Adaptation de Nicolas Vaude, Nicolas Marié et Olivier Baumont.
Mise en scène de Jean-Pierre Rumeau.
Avec Nicolas Vaude, Gabriel Le Doze et au clavecin Olivier Baumont.
Costumes de Pascale Bordet.
Lumières de Florent Barnaud.

© Théâtre du Ranelagh
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