David Nathanson © Béatrice Cruveiller

David Nathanson, comédien solaire et pertinent

À l’occasion de la reprise avignonnaise de son excellent spectacle, "Truffaut correspondance", au théâtre Transversal, ce comédien à l’esprit vif et l’humour mordant répond à nos questions.

David Nathanson © Béatrice Cruveiller

À l’occasion de la reprise avignonnaise de son excellent spectacle au théâtre Transversal, Truffaut correspondance, le comédien, à l’esprit vif et l’humour mordant, répond à nos questions.

© Béatrice Cruveiller

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?

Un concert d’Yves Duteil, à Paris je crois. Je ne pourrais pas dire dans quelle salle mais je sais que le 33 tours Yves Duteil chante pour les enfants a ensuite beaucoup tourné sur la platine à la maison.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?

Difficile d’attribuer un choix de carrière à un événement en particulier. Disons que certains spectacles que mes parents m’ont emmené voir m’ont beaucoup marqué. Les 3 mousquetaires de Dumas mis en scène par Marcel Maréchal par exemple que j’ai vu quand j’avais dix ans et qui m’a donné l’impression que le théâtre était avant tout un plaisir pour les acteurs et pour les spectateurs. Par ailleurs, notre mère nous parlait souvent de Gérard Philipe et de son émotion lorsqu’elle allait au TNP. Ces souvenirs ont dû résonner suffisamment fort pour que j’aie eu envie — à un moment — de monter moi aussi sur les planches.

Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ?

Truffaut correspondance de David Nathanson © Luca Lomazzi/voyez-vous

En dehors des souvenirs dont j’ai déjà parlé, il y avait, de ma part, un amour immodéré pour le cinéma. Je passais beaucoup de temps dans les cinémas du Quartier Latin pour voir les Lubitsch, Hitchcok ou Capra. J’ai d’ailleurs pensé dans un premier temps faire l’Idhec (l’ancêtre de la Fémis) pour devenir réalisateur avant de me tourner vers une carrière de comédien.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?

C’était le Dom Juan de Bertolt Brecht qu’une élève de troisième année avait monté au Cours Florent. Je n’étais qu’en deuxième année et j’étais très flatté qu’elle m’ait demandé de jouer la statue du Commandeur. Je passais donc les trois quarts de la pièce assis sur un gradin en bord de scène, un peu comme les artistes immobiles et grimés dans les rues des secteurs touristiques. À la toute fin je me levais, ce qui ne manquait pas de faire peur aux spectateurs qui avaient oublié ma présence, je disais une ou deux phrases puis disparaissais en coulisses.

Votre plus grand coup de cœur scénique ?

Sans doute la découverte de Robert Lepage dans un spectacle de huit heures, Les 7 branches de la rivière Otta, à Créteil. La pièce se jouait sur deux jours. J’avais gagné des places dans un magazine culturel. Je ne connaissais absolument pas Robert Lepage à l’époque. J’étais allé voir la première partie, persuadé que je n’irais pas voir la deuxième. Non seulement je suis allé voir la deuxième mais je crois n’avoir raté aucun de ses spectacles depuis.

Quelles sont vos plus belles rencontres ?

Les gens que j’ai rencontrés à l’époque de l’école sont restés pour beaucoup des amis et des gens avec qui j’ai continué de travailler : Pétronille de Saint Rapt, Julie Laufenbüchler qui a monté dernièrement le magnifique N’essuie pas de larmes sans gant, Roland Menou qu’on a pu voir souvent dans les spectacles de Michel Fau, Justine Heynemann avec qui je collabore régulièrement depuis vingt ans et puis tous ceux avec qui je travaille au sein de ma compagnie Les Ailes de Clarence, Tatiana Werner, Judith D’Aleazzo, Samuel Poncet, Lætitia Poulalion, Camille Demoures…

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?

Disons que quand je ne le fais pas, le manque n’est jamais très loin. Cela dit, j’ai toujours pensé qu’on n’était pas ça ou ça mais ça et ça. Je pourrais tout à fait imaginer faire autre chose dans une autre partie de ma vie.

Qu’est-ce qui vous inspire ?

Truffaut correspondance - David Nathanson © Luca Lomazzi (voyez-vous)
Truffaut correspondance de David Nathanson © Luca Lomazzi/voyez-vous

La musique (elle m’est indispensable), le réel (quand il se décale), l’actualité (quand elle se mélange au romanesque).

De quel ordre est votre rapport à la scène ?

Très détendu. Je n’ai jamais considéré la scène comme un endroit sacré. J’aime la liberté qu’elle me procure, mais j’ai du mal avec les injonctions à la sacralisation.

À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ?

Le cerveau et le cœur, j’imagine.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Jean-François Sivadier, Robert Lepage, Bruno Podalydès, Estelle Meyer…

À quel projet fou aimeriez-vous participer ?

Une pièce de théâtre sur l’écoterrorisme qui convaincrait les dirigeants du monde entier de changer radicalement de trajectoire.

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?

Mister Smith goes to Washington, film de Franck Capra pour cette recherche d’un idéal (parfaitement inatteignable) qui voit l’intégrité récompensée et les petits tenir tête aux grands. Je précise que ma vie ne ressemble pas toujours à cela, mais j’aimerais que cela soit le cas.

Propos recueillis par Marie-Céline Nivière

Truffaut – Correspondance

Festival Off Avignon Théâtre Transversal.
10, rue Amphoux 84000 Avignon.
Du 7 au 25 juillet 2023 à 14h40, relâche les 10 et 19 juillet.

Durée 1h15

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