Lunar Comet 月の彗星 d’ Aimée Lambert-wild © Tony Guillou

iTAK le hors norme à l’honneur de cette deuxième édition

Au Manège de Maubeuge, iTAK bat son plein et propose de découvrir les pièces d’Aimée Lambert-wild et de Martin Zimmermann.

Lunar Comet 月の彗星 d’ Aimée Lambert-wild © Tony Guillou

Au Manège de Maubeuge, le festival des dérives transfrontalières iTAK bat son plein. Offrant une visibilité à des performances qui sortent du cadre, la manifestation qui se veut déjantée, singulière et totalement décalée propose de découvrir la première création d’Aimée Lambert-wild et la Danse macabre de Martin Zimmermann. 

©Tony Guillou

Le ciel est gris. La pluie menace, mais rien ne viendra perturber cette deuxième édition du festival iTAK imaginé par Géraud Didier, directeur du Manège – Scène nationale de Maubeuge, en collaboration les villes de Valenciennes, de Mons et Charleroi. Du Ballet de Lorraine à Lia Rodrigues, en passant par Raphaëlle Boitel, à Tatiana-Mosio Bongonga ou Boris Gibé, c’est tout une déclinaison de performances, de shows et de spectacles qui invitent au voyage, à aller au-delà du réel et dépasser nos imaginaires. 

Balade d’outre-monde
Lunar Comet 月の彗星 d’Aimée Lambert-wild © Tony Guillou
Lunar Comet 月の彗星 d’Aimée Lambert-wild © Tony Guillou

À quelques encablures de Maubeuge, en périphérie d’Aulnoye-Aymeries, au cœur d’une ancienne gare de triage, dans les locaux du théâtre de chambre, Aimée Lambert-wild présente sa toute première création. À tout juste vingt ans, cette passionnée d’équidés convie les spectateurs de tout âge à entrer dans son monde fait de chimères et d’utopies oniriques. Avec la complicité de la danseuse et comédienne de la troupe Satoshi MiyagiHaruka Miyagishima, de l’ânesse Chipie de Brocéliande, de la jument Dolly Parton et du lapin géant Armstrong Tsuki, la cavalière émérite imagine un voyage initiatique à travers le temps, où une vieille dame au crépuscule de sa vie cherche à retrouver son double enfantin. S’inspirant de la mythologie japonaise, Lunar Comet 月の彗星 est une sorte de poème théâtral qui suspend le temps et questionne notre capacité à rêver. Encore fragile et fébrile, ayant les défauts et les force de la jeunesse, le travail d’Aimée Lambert-wild, qui mérite encore d’être ciselé,montre une belle sensibilité et une richesse créatrice digne d’intérêt. Suivant sa propre route, l’artiste fait une belle entrée dans le monde de l’art vivant ! 

Défier la mort 
Danse Macabre de Martin Zimmermann © Basil Stücheli
Danse Macabre de Martin Zimmermann © Basil Stücheli

Après une courte pause, il est temps de retourner au Manège, pour découvrir, Danse Macabre de Martin Zimmermann. Toujours aussi inventif et barré, l’artiste Zurichois et sa troupe déjantée proposent de tromper la Mort, de danser sur les décombres du monde, au cœur d’une déchèterie à ciel ouvert. Dans une scénographie rappelant quelques univers burtoniens, une diva à barbe (inénarrable Tarek Halaby), une gymnaste aussi souple qu’une liane (hallucinante Methinee Wongtrakoon) et un clown SDF totalement débridé habitent la scène (impayable Dimitri Jourde), font voler en éclats avec un humour ravageur, une ironie folle ce qui reste de nos sociétés contemporaines. Singulier, étrange autant que burlesque cette danse macabre aux faux airs de fête des morts est une formidable et disjonctée ode à la vie. Jouant sur tous les registres de l’art vivant- pitreries, acrobaties, danses, chants et musiques – , le metteur en scène et chorégraphe suisse s’en donne à cœur joie et esquisse à sa manière totalement démente la précarité de notre pauvre condition d’être humain dans un monde devenu de plus en plus fou et instable. Des facéties de Chaplin à celles de Buster Keaton, en passant par des références à l’œuvre de Samuel Beckett, à Thriller de Michaël Jackson, à Edward aux mains d’argent ou à L’Étrange noël de mister Jack de BurtonMartin Zimmermann déploie une écriture délirante autant qu’absurde et invite le public dans un joyeux bordel sans queue ni tête…

La journée s’achève sur ce feu d’artifice performatif, qui laisse entrevoir d’autres rendez-vous prometteurs dans les jours à venir. Affirmant sa ligne iconoclaste, le festival iTAK s’installe durablement dans le paysage culturel printanier et transfrontalier. Ne boudez pas votre plaisir et laissez-vous déstabiliser, autour d’une œuvre singulière, étrange, vous pourriez être totalement séduit ! 

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Maubeuge

Festival iTAK
Jusqu’au 27 mai 2023

Lunar Comet 月の彗星 d’ Aimée Lambert-wild
232U
Leval/Aulnoye-Aymeries

Direction artistique d’Aimée Lambert-wild
Composition, création sonore d’Hiroko Tanakawa, Tomoo Nagai, Maël Baudet
Costumes de. Pierre-Yves Loup-Forest
Lumières de Marc Laperrouze
Régie Générale de Vincent Desprez
Régie Son de Maël Baudet
Régie Lumières de Nicolas Martin-Prevel
Régie animaux et plateau d’Agathe Dalifard
Avec Haruka Miyagishima, comédienne, danseuse, Aimée Lambert-wild, comédienne, artiste équestre, Chipie de Brocéliande, ânesse du Cotentin, Dolly Parton, jument Irish Cob & Armstrong Tsuki, lapin Géant Papillon Français

Danse macabre de Martin Zimmermann
Le Manège –  – Scène nationale transfrontalière de Maubeuge
Rue de la Croix
59600 Maubeuge

Collaboration artistique – Romain Guion
Conception décor, coordination technique : Ingo Groher
Construction du décor : maisondelaculture de Bourges (Nicolas Bénard, Lucas Bussy, Jules Chavigny, Jean-Christophe David, Luc Renard, Joao De Sousa, Eric Vincent), Andy Hohl
Création costumes : Susanne Boner, Martin Zimmermann
Création lumière : Sarah Büchel
Création son : Andy Neresheimer
Motorisation du décor : Thierry Kaltenrieder
Confection costumes : Susanne Boner
Peinture décorative : Michèle Rebetez-Martin
Création régie plateau : Roger Studer, Mateu Pascual Labourdette
Régie lumière : Sarah Büchel, Jan Olieslagers
Régie son : Andy Neresheimer, Frank Bourgoin
Régie générale : Roger Studer

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