Hugo Jasienski © Stuart Bywater

Hugo Jasienski, artiste solidaire 

Avec Pas un pas ne se perd, projet porté par les artistes du Théâtre de la Ville, Hugo Jasienski s'engage contre la violence faite aux femmes.

Hugo Jasienski © Stuart Bywater

© Stuart Bywater

Ayant participé lors du confinement aux consultations poétiques et musicales lancées par le Théâtre de la ville, sous l’impulsion de son directeur Emmanuel Demarcy-mota, Hugo Jasienski n’a eu depuis de cesse de multiplier les actions pour redonner, le temps d’un conte, d’un poème, d’une ritournelle, le sourire aux plus démunis, aux migrants, aux toxicomanes, aux personnes isolées hospitalisées, aux précaires. Avec Pas un pas ne se perd, projet musical porté par les artistes de l’institution parisienne, le comédien et metteur en scène, avec son collectif Divagations, franchit une nouvelle étape en proposant de reverser l’intégralité des recettes des huit représentations au Planning Familial et à Women Safe & Children pour lutter contre les violences sexistes. À ses côtés, soutenons le combat ! 

Peux-tu en quelques mots parler du projet ? 

Hugo Jasienski : Pas un Pas ne se Perd est un spectacle musical né des consultations poétiques. Un projet est développé au Théâtre de la Ville où je suis en charge notamment de développer la proposition artistique dans le champ social. Depuis plus de trois ans, l’équipe du projet arpente au quotidien les services hospitaliers, les centres d’hébergement d’urgence, les écoles, les rues, les gares, les prisons. On part à l’aventure de l’autre. On plonge dans son doute, dans ses difficultés, dans sa misère parfois… et on répond par la poésie. C’est une expérience bouleversante, très difficile à raconter. Je me transforme chaque jour au contact des travailleurs sociaux, des gens isolés, des soignants qui se confient à moi. J’ai éprouvé le besoin, comme pour « marquer le coup », d’honorer ces rencontres, de composer énormément de musique et de développer une forme artistique hybride susceptible de bouleverser à la fois des mineurs isolés étrangers, des sans-domiciles, des patients atteints de troubles psychiatriques… mais aussi atteindre et raconter tout ce qu’on a pu vivre, à nos proches, familles, amis, aux spectateurs qu’on accueille « habituellement ». Ce projet est un accident poétique en soi avec une saveur toute particulière. On a ce sentiment de boucler la boucle.

Quel est l’objectif de ce projet ? 
Pas un Pas ne se Perd du collectif divagations - Hugo Jasienski © Manon Gire
© Manon Gire

Hugo Jasienski : Rassembler. Créer un point de rencontre, permettre à des gens issus d’horizons variés de regarder, le temps d’un poème, dans la même direction. La musique, qui n’est pas initialement mon métier, permet d’atteindre les non-francophones, ouvrir un dialogue vibrant, mélodique, avec des gens en situations de handicap. Les poèmes du spectacle sont puissants, nuancés, empreints de tendresse et d’amour (sous toutes ses formes). On se donne l’impression avec ce format qui frise le cabaret d’aborder chacune des questions de l’existence. Ce n’est évidemment pas totalement juste, mais c’est un marathon émotionnel et musical qui se communique au spectateur. Nous y mettons tout notre cœur, et toute notre énergie, derrière chaque note, il y a un cri, derrière chaque note, il existe un désir puissant de se raconter.

Pourquoi l’engagement contre les violences faites aux femmes ? 

Hugo Jasienski : Outre nos raisons intimes (à chacune et chacun) de s’investir dans cette lutte, ce projet est, il me semble, particulièrement lumineux et rassurant. Il s’est construit à travers le temps et les rencontres. La dernière représentation en date, c’était à la Halte de l’Hôtel de Ville, un centre d’hébergement pour des femmes sans-abris aux parcours de vie très accidentés. Leur enthousiasme, leur gratitude, leurs remerciements après la représentation m’ont donné envie d’organiser un événement solidaire pour mettre en lumière l’action de deux associations : Women Safe & children et Le Planning familial. Je suis particulièrement honoré qu’elles aient accepté qu’on se mobilise à leurs côtés. La billetterie leur est intégralement reversée, c’est pour elles que nous jouons, pour faire comprendre au spectateur que l’art est un moyen privilégié d’attirer l’attention, d’aborder des sujets clivants, de s’engager, lutter et véhiculer les valeurs qui nous animent et sont à l’origine d’une vocation, pour moi en-tout-cas. Le projet de ma compagnie s’inscrit à mi-chemin entre l’artistique et le solidaire, depuis toujours et pour toujours.

Qu’attendez-vous de cette manifestation ? 
Pas un Pas ne se Perd du collectif divagations - Hugo Jasienski © Manon Gire
© Manon Gire

Hugo Jasienski : Offrir aux gens un moment singulier, riche de sens. De grands textes. Je veux que les artistes que je porte s’y épanouissent. Je veux sensibiliser les spectateurs, offrir une tribune nouvelle aux associations (l’an dernier nous avions joué pour lever des fonds pour les Midis du Mie – une association qui prend en charge des mineurs non accompagnés – à plusieurs reprises, cela avait permis d’éveiller quelques consciences, lever une somme symbolique, combattre les aprioris et disons-le « faire reculer la peur de l’autre » et les bêtises véhiculées par certains médias). C’est aussi une étape importante pour moi parce qu’elle acte l’engagement de ma compagnie. J’ai toujours tenu à rester discret là-dessus, et je n’ai jamais souhaité politiser mon art. Cette série de représentations m’a obligé à communiquer sur tout ce que nous avons mis en place depuis presque 8 ans (ateliers bénévoles et solidaires, les consultations poétiques, les événements de sensibilisation, le souci de l’autre et l’envie viscérale de donner accès à l’art aux gens isolés). 

Que peut-on vous souhaiter ? 

Hugo Jasienski : De nouveaux partenariats, de belles rencontres, de nouveaux alliés pour faire grandir mes projets et initiatives. J’entends par là, des gens capables de prendre et tenir des engagements (ce n’est hélas, pas si courant). Inventer ensemble des modèles pérennes, repenser l’art et ses systèmes de financement pour fonctionner avec le monde et moins dans un « entre-soi ». Bref, croiser la route de gens optimistes et dévoués.

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Pas un Pas ne se Perd du collectif divagations
Théâtre de l’Hôpital Bretonneau
23 rue Joseph de Maistre
75018 Paris
du 15 au 17 avril à 20h

Au Doc
26 rue du Docteur Potain
75019 Paris 
Les 19 et 20 avril à 20h30
Sans réservations – entrée libre

Théâtre de la Ville 
Espace Pierre Cardin – Concorde
1 avenue Gabriel 75001 Paris 
le 21 avril à 17h et 19h

L’intégralité de la billetterie reversée au Planning Familial et à Women Safe & Children

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