Cœurs sauvages - Les Colporteurs © Sébastien Armengol

Les Colporteurs de rêves et de féerie

À l’Espace Chapiteau de La Villette, Les Colporteurs présentent leur nouvelle création, Cœurs Sauvages. Alliant poésie, beauté du geste et sensations fortes, ce spectacle est une grande réussite.

Cœurs sauvages - Les Colporteurs © Sébastien Armengol

À l’Espace Chapiteau de La Villette, Les Colporteurs présentent leur nouvelle création, Cœurs Sauvages. Alliant poésie, beauté du geste et sensations fortes, ce spectacle est une grande réussite.

© Sébastien Armengol

En ce soir de première, la voix d’Antoine Rigot, co-fondateur de la compagnie avec Agathe Olivier, rappelle avec émotion les liens étroits qui relient Les Colporteurs à La Villette. C’est ici qu’en 1998, ils avaient présenté leur première création, Filao. J’y étais ! Ce spectacle de haute voltige, inspiré du Baron Perché de Calvino, nous avait réjouis. À cette belle époque, le cirque contemporain prenait une place de plus en plus grande dans la création artistique, ne cessant de nous surprendre, de nous éblouir.

Depuis, Les Colporteurs ne cessent de se réinventer et d’explorer les champs de ce bel art du cirque. Leur nouvelle création, Cœurs Sauvages, a été présentée pour la première fois au Festival D’Alba-la-Romaine, l’été dernier, puis à Marseille dans le cadre de la BIAC, en janvier. Elle est donc toute fraîche.

Notre vieille Terre est une étoile
Cœurs sauvages - Les Colporteurs © Sébastien Armengol
© Sébastien Armengol

La thématique part du principe que « suivant l’évolution technologique toujours plus sophistiquée de notre société, nos modes de vie nous éloignent de notre environnement naturel et, particulièrement aujourd’hui, le besoin de nous reconnecter au “vivant” devient essentiel ». L’environnement et le rapport à l’espèce humaine sont en ce moment des thèmes très explorés par les circassiens. On pense à Brame, le spectacle de Fanny Soriano et sa compagnie Libertivore, que nous avons vue au ZEF durant la BIAC. Cela s’explique : ces artistes, par leur travail et leur itinérance, ont un rapport particulier avec le monde qui nous entoure et une acuité pour faire corps avec notre environnement.

La première image est saisissante. Une belle fildefériste, tout de blanc vêtue, deux ailes blanches pour garder l’équilibre, virevolte gracieusement sur son fil. Un coup de feu retentit et cette colombe tombe. Surgit ensuite un être bizarroïde, sorte de coléoptère rampant. En regardant de plus attentivement, sa carapace est faite de pulls d’où, par le trou d’une manche ou du cou, sortira un bras ou une tête. Si l’on perd souvent le fil de la dramaturgie, cela n’a aucune importance, car les numéros qui la composent sont tellement formidables que l’on se rattache à l’essentiel, la poésie et l’émotion.

Où l’artiste brille
Cœurs sauvages - Les Colporteurs © Sébastien Armengol

Dans ce maillage suspendu de fils, de cordes et de tissus, les artistes partent sur des chemins de traverse et ne cessent de nous surprendre, de nous éblouir par leurs prouesses. Ils surgissent du haut du chapiteau, se faufilent sous les fils, dansant et sautant, glissent dessus, se prennent dans une corde, se déploient dans un tissu aérien, grimpent sur le mât. Gracieux, doués et talentueux, Valentino Martinetti (danse, acrobatie), Anniina Peltovako (fil, irrésistible clown), Riccardo Pedri (corde lisse), Molly Saudek (fil), Manuel Martinez Silva (tissu aérien), Marie Tribouilloy (mâts fixe et oscillant) et Laurence Tremblay-Vu (funambule) sont magnifiques.

Où les notes résonnent

La musique a sa place chez les Colporteurs. Jouée en direct, elle accompagne bien sûr, mais fait surtout partie intégrante du spectacle. Comme il est beau, ce duo entre le son acoustique et les pas des funambules glissant sur leur fil ! Sans temps morts, dans une fluidité légère, le spectacle se déroule et file dans un temps totalement suspendu. Nous ne savons plus où poser nos yeux émerveillés.

Marie-Céline Nivière

Cœurs sauvages par la Compagnie Les Colporteurs
Espace Chapiteau du Parc de la Villette
Quai de la Charente
75019 Paris.
Du 8 mars au 2 avril 2023.
Du mercredi au vendredi à 20h (relâche le 9 mars), le samedi à 19h, dimanche à 16h.
Durée 1h30.

Conception, écriture et mise en scène d’Antoine Rigot et Agathe Olivier.
Avec Valentino Martinetti, Anniina Peltovako, Riccardo Pedri, Molly Saudek, Manuel Martinez Silva, Marie Tribouilloy, Laurence Tremblay-Vu.
Musique Damien Levasseur-Fortin (guitare, contrebasse), Coline Rigot (violon, voix), Tiziano Scali (électro-acoustique)
Collaboration à la chorégraphie Molly Saudek.
Composition musicale et électro-acoustique de Damien Levasseur-Fortin, Tiziano Scali.
Collaboration à l’écriture musicale Coline Rigot et Raphaël-Tristan Jouaville.
Scénographie d’Antoine Rigot et Patrick Vindimian.
Lumières d’Éric Soyer
Costumes d’Hanna Sjodin, assistée de Camille Lamy.
Direction technique de Pierre-Yves Chouin.
Régie chapiteau de Christophe Longin et Florent Mérino.
Régie Olivier Duris (lumières), David Lockwood (plateau), Stéphane Mara (son).

Crédit photos © Sébastien Armengol.

Teaser de Cœurs sauvages des Colporteurs © La Villette
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