La BIAC © DR

La BIAC fait rayonner les arts du cirque à Marseille et dans ses alentours

La 5e édition de la BIAC, à Marseille, va s'achever sur une belle édition.

La BIAC © DR

Commencée le 12 janvier, la 5e édition de la Biennale Internationale des Arts du Cirque fermera son édition le 12 février. Retour sur la visite que nous avons effectué les 26 et 27 janvier, où sous la froidure de l’hiver mais le beau soleil de Provence, émerveillement et découverte ont été au rendez-vous.

Pour beaucoup d’entre nous le nom Archaos nous rattache à une révolution dans ce que l’on appelait alors le cirque nouveau. Ce fameux « cirque de caractère » mélangeait théâtre, rock et poésie. Il était composé d’artistes qui avaient forgé une esthétique qui tournait en dérision les conventions de genre. C’était en 1987, on n’avait jamais rien vu de tel. Depuis 2012, Archaos a été labellisé Pôle National Cirque par le Ministère de la culture et s’est implanté dans les quartiers nord de Marseille.

LA BIAC - Guy Carrara et Raquel Rache de Andrade © DR
Guy Carrara et Raquel Rache de Andrade © DR

En 2015, les co-directeurs d’Archaos, Guy Carrara, Raquel Rache de Andrade et Simon Carrara, créent la Biennale Internationale des Arts du Cirque. Cette manifestation, organisée sur Marseille et ses environs, est vite devenue un des rendez-vous incontournables pour le public et les professionnels. Comme le stipulent ces organisateurs : « Des milliers de compagnies de créations en France et à travers le monde inventent et élaborent le répertoire du cirque, miroir de son époque sur les évolutions qui traversent notre société́ (réflexion sur le genre, rapport au Vivant…), exprimées par le langage du corps, de l’exploit, de la prouesse ». Ils ajoutent à cela que la programmation est « le reflet de cette diversité créative et le propose au plus grand nombre ». Et au regard 73 spectacles présentés, dont 24 créations, dans 34 villes de la région, leur objectif est atteint.

Splendor

Ce qui est bien avec le TGV, c’est qu’il faut de Paris, 3h30 pour atteindre la cité phocéenne. En partant à 9h, on arrive pour le déjeuner et surtout pour voir le soleil. Les trois co-directeurs et une partie de leur équipe nous reçoivent au Splendor, un restaurant à la décoration tout à fait étonnante. Le cirque, à l’ancienne, y est à l’honneur. Même les toilettes valent le détour ! La carte à l’italienne est à la hauteur de l’ornement. Nous devisons sur la BIAC, sur les arts du cirque, évoquant spectacles et artistes, sur l’implantation de la manifestation dans la ville et sa région. Mon voisin, Guy Carrara a cette belle phrase : « Les chapiteaux mettent des pointes de couleurs dans la ville ». Puis, nous nous mettons en route pour découvrir justement le village et ses 4 chapiteaux, installés face à la mer sur les belles plages du Prado.

BIAC - I Love You Two de Circus I Love You © Minja-Kaukoniemi
I Love You Two de Circus I Love You © Minja-Kaukoniemi
I love you two

Comme nous sommes en début d’après-midi, une file de scolaire se presse devant le charmant petit chapiteau de la compagnie suédoise Circus I love you. Cela va des petits de maternelles, tous bien en rang et encadré, aux grands lycéens. Tout ce petit monde s’est tenu à carreau, assistant avec les yeux bien grands ouverts, s’émerveillant aux diverses prouesses artistiques. Nous avons même conseillé, après le spectacle, à certains petits durs de ne pas chercher à reproduire les numéros chez eux. « Moi j’ai déjà fait un salto arrière ! » m’a répondu fièrement en zozotant un minot de 6 ans !

I love you two est un spectacle de cirque et de musique regroupant trois duos d’acrobates accompagnés par un orchestre. Les numéros sont formidablement interprétés. Nos préférés ayant été les acrobaties sur contrebasse et le final avec la bascule. Le thème de l’amour, décliné sous toutes ces formes est un peu difficile à cerner comme fil rouge. Mais ce spectacle étant une création, il est à parier qu’il va trouver son rythme.

Rencontre

La BIAC a une autre volonté, ouvrir les débats et les échanges avec les artistes, lors de rencontre professionnelle. Nous avons donc rencontré Tatiana-Mosio Bongonga, co-directrice artistique de la Cie Basinga, qui le matin avait participé à la table ronde : Circassien.nes et maternité, est-ce possible ? Cette funambule, sportive à haute intensité physique est maman d’une petite fille. Devant les difficultés croisées, la jeune femme a décidé de faire entendre les problèmes rencontrer lorsque l’enfant paraît. Les questions ont fusé, les réponses nous ont laissés parfois bouche bée ! Et l’actualité nous rattrapant toujours, voici que la skippeuse Clarisse Cremer ne pourrait pas participer aux Vendée Globe pour cause de maternité ! Artcena est sur le coup et le Ministère s’intéresse de près à ce problème qui ne devrait pas en être un !

Désobérire

Nous voilà de retour au village, sous le barnum cabaret, pour assister à Désobérire de la compagnie Les Attentifs. Un spectacle que nous avions déjà vu au festival Tournée générale organisé par l’association « 12 bars en scène ». Guillaume Clayssen est comédien, mais il a été aussi professeur de philo. Il propose une rencontre surprenante entre philosophie et performance circassienne, exécuté par Roberto Stellino. Le thème est sur l’obéissance ou la désobéissance. L’endroit était peut-être trop grand, par rapport au bar où il se produit généralement, mais l’assistance s’est faite muette et l’interaction, que génère habituellement le spectacle, n’a pas eu lieu.

BIAC - Brame de la Cie libertivore © Jeremy Paulin
Brame de la Cie libertivore © Jeremy Paulin
Brame

Et nous voilà parti pour le nord de la ville, direction la scène nationale Le ZEF pour la création du nouveau spectacle de l’artiste d’honneur de cette édition de la BIAC, Fanny Soriano, de la Compagnie Libertivore. La nature est au cœur de ses spectacles, Brame n’y échappe pas, même s’il aborde également les relations humaines. « Dans une forêt clairsemée de lignes verticales faites de mâts chinois et d’arbres », huit artistes déploient leur talent pour faire bruisser et vivre ces rituels de la séduction. La beauté du décor et des mouvements des corps, accompagnés de superbes musiques, nous transportent dans un univers sombre et lumineux à la fois. C’est magnifique.

Exposition des photos de Philippe Cibille

Dès potron-minet, nous partons pour Aix-en-Provence, à la Galerie de la Manufacture, située à la Cité du livre. La BIAC y présente l’exposition du photographe Philippe Cibille, 30 ans de cirque contemporain. Philippe nous le connaissons depuis de longues années, les débuts des Achille Tonic. Ses photographies ont illustré mes articles. Alors vous imaginez bien l’émotion ressentie en regardant ses œuvres, remarquablement bien exposées ! Que de souvenir ! Ils étaient tous là ! Archaos, évidemment, mais aussi Les Cousins, Nikolaus, Les nouveaux nez, le cirque Plume, le cirque Buren, le CNAC, et tant d’autres. Qu’elles sont belles ses photos, si vivantes, si poétiques, si pertinentes ! Un magnifique livre d’images retraçant avec amour 30 ans de création et de folie artistique.

Et voilà, il est midi, le temps de repartir. Certains sur Marseille, d’autres pour Paris et moi pour Villeurbanne, voir Othello au TNP.

Marie-Céline Nivière

Biennale Internationale des Arts du Cirque
(La BIAC est organisée par Archaos, pôle national cirque)

Marseille – Provence Alpes Côte d’Azur
Du 12 janvier au 12 février 2023.

I love you two de la Cie I Love Circus
Date de tournée page Facebook

Brame de la Cie Libertivore
Date de tournée sur le site.


Désobérire de la compagnie Les Attentifs

Date de tournée sur le site

Philippe Cibille, 30 ans de cirque contemporain
Galerie de la Manufacture – Cité du Livre
Aix-en-Provence (13).

Jusqu’au 11 mars

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