Roméo et Juliette Roméo et Juliette Ballet en trois actes D'après William Shakespeare Musique : Serguei Prokofiev Chorégraphie : Rudolf Noureev Direction musicale : Vello Pähn Mise en scène : Rudolf Noureev Décors : Ezio Frigerio Costumes : Ezio Frigerio Mauro Pagano Lumières : Vinicio Cheli Les Etoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet Orchestre de l'Opéra national de Paris

Bruno Bouché, ses ailes et des désirs

Alors qu'il présente au théâtre du Châtelet, son adaptation des Ailes du désir de Wim Wenders, Bruno Bouché évoque son travail au sein du Ballet du Rhin.

Alors qu’il présente, jusqu’au 1eravril au théâtre du Châtelet, son adaptation des Ailes du désir de Wim Wenders, nous rencontrons Bruno Bouché, danseur de l’Opéra de Paris passé à la tête du Ballet du Rhin, pour évoquer son travail au sein de cette institution atypique.

© Agathe Poupeney

Sur scène, un Berlin tout en blocs. Et en haut, dans les travées du théâtre du Châtelet, parfois posés en équilibre, des anges au pardessus sombre qui regardent, tendrement, les pauvres humains qui se débattent. Bruno Bouché est heureux : il s’est accroché au cœur Les Ailes du désir, le célèbre film de Wim Wenders, pour en donner sa version dansée, reprenant les personnages joués par Bruno Ganz, Peter Falk et Solveig Dommartin. Un ange y tombe amoureux d’une trapéziste. Que rêver de mieux pour évoquer la chute et l’élévation ? Pour Bruno Bouché, cette pièce signe un point d’ancrage : « je pose un univers qui est le mien et pour la première fois, je me sens pleinement chorégraphe », explique-t-il. Sur le plateau, trente-deux danseurs, soit toute la compagnie du Ballet du Rhin, qu’il dirige maintenant depuis sept ans : d’excellents interprètes, fougueux et subtils.

Pourquoi pas moi ?
Les ailes du désir / Bruno Bouché / Ballet de l'Opéra national du Rhin © Agathe Poupeney
© Agathe Poupeney

Lorsqu’à trente-huit ans, le danseur du ballet de l’Opéra de Paris demande un entretien à sa directrice Brigitte Lefèvre, c’est pour lui dire : « c’est bon, j’ai fait mon temps ici, ce que je veux c’est diriger une compagnie, et pourquoi pas dans un théâtre. ». Drôlement intrépide de sa part, d’autant que, s’il a signé quelques opus lors de soirées de jeunes chorégraphes et qu’il a dirigé une troupe, Incidence chorégraphique, réunissant quelques grands talents de la « maison » pendant quinze ans, rien ne permettait d’entrevoir la belle aventure qu’il allait commencer. Il a déposé son dossier, « le plus épais de la pile », postulant à la direction du Ballet du Rhin, unique ballet d’opéra portant aussi le titre de centre chorégraphique national (CCN), en se disant « pourquoi pas moi ? ». Et ce fut lui. A son arrivée en 2017, il constate l’état terrible de la compagnie, épuisée par des directions successives qui ne trouvaient pas la clef pour que les choses se passent bien.

Qu’a-t-il donc proposé pour être entendu des instances comme des danseurs ? Une volonté, un désir : que le ballet académique n’ait pas honte d’être ce qu’il est. « Je voulais lui donner une place réelle en questionnant pleinement son évolution, en agissant sur sa mutation avec la réalité contemporaine, explique-t-il. Mon idée était de défendre le ballet narratif, de le nourrir en s’inspirant d’autres arts comme le cinéma, de ne pas penser qu’en termes de grandes pièces du répertoire comme Le Lac des cygnes ou en produisant des ballets de pseudo-Forsythe ou pseudo-Kylián. De plus, pour que la compagnie renaisse, sorte du marasme dans lequel elle vivotait, il fallait lui redonner une identité singulière et remarquable. Dans la danse, il y a beaucoup de chapelles qu’il faut réconcilier. Mais tout passe par la pensée et le corps unis, réunis.»

Les uns avec les autres
Les ailes du désir / Bruno Bouché / Ballet de l'Opéra national du Rhin © Agathe Poupeney

Le Ballet du Rhin porte donc aussi le titre de Centre chorégraphique national, double identité… unique, puisqu’aucune autre institution ne possède cette double casquette. Et bien sûr, son patron se retrouve aussi président des dix-neuf CCN. « C’est passionnant ! Nos statuts diffèrent, nos conditions de travail aussi, certains n’ont pas de lieu de diffusion, d’autres un répertoire à diffuser, etc. Les choses doivent évoluer. Nous venons d’être reçus par la ministre de la culture. Notre atout c’est qu’elle aime la danse et qu’elle connait les dossiers. » Pour son ballet, il s’agit d’être un centre d’actions, « ouvert sur le monde et ouvert au monde. Que la population voie que nous sommes là, non seulement à Mulhouse mais aussi à Colmar et Strasbourg où se trouve l’Opéra ; non seulement sur les scènes mais aussi dehors, dans les rues, sur les places. Nous pouvons créer des moments de poésie et de danse partout, des temps dansés dans des cafés, des bus. On ne demande rien, on danse, on donne. » Le partage se fait aussi avec les autres instances, comme le Théâtre national de Strasbourg et son école, ou bien à travers cette formidable expérience où cent collégiens ont appris à être les uns avec les autres. « Au début ils étaient incapables de se tenir tranquillement les uns à côté des autres. A la fin, lorsque nous nous sommes retrouvés au musée d’Issenheim, c’était devenu normal. Être à côté de l’autre, c’est un premier pas », raconte-t-il.

Le futur est proche, qui verra le Ballet du Rhin accueillir les huit comédiens de la compagnie des Petits-Champs de Daniel San Pedro et Clément Hervieu-Léger. Ce dernier, célèbre sociétaire de la Comédie-Française, est ami de longue date de Bouché, lequel a réglé plusieurs séquences dansées dans les pièces mises en scène par le comédien. Les trois hommes signeront la mise en scène d’On achève bien les chevaux, d’après le livre d’Horace McKoy et le film de 1969 réalisé par Sydney Pollack avec Jane Fonda et Michael Sarrasin. Le film ébranla les spectateurs par sa beauté tragique. Après le krach de 1929 aux Etats-Unis, les participants d’un marathon de danse s’épuisent à tenir au-delà de leurs limites pour gagner de l’argent. Le spectacle sera présenté cet été à l’Amphithéâtre de Châteauvallon-Liberté, avec une scène comme une arène. Cinéma, théâtre, danse : Bruno Bouché arme ses ailes de ses désirs…

Brigitte Hernandez

Les ailes du désir de Bruno Bouché
Théâtre du Châtelet
1 place du Châtelet
75001 Paris

Du 29 mars au 1 avril 2023 dans le cadre des saisons du Théâtre du Châtelet et du Théâtre de la Ville hors les murs.
Durée 1h50 avec entracte

Chorégraphie : Bruno Bouché
Musique : John Adams, Antony and the Johnsons, Jean-Sébastien Bach, Olivier Messiaen, Jamie Man, Einstürzende Neubauten, Steve Reich, Jean Sibelius
Dramaturgie : Christian Longchamp
Dramaturgie musicale : Jamie Man, Bruno Bouché
Scénographie : Aurélie Maestre
Assistante scénographie : Clara Cohen
Costumes : Thibaut Welchlin
Lumières : David Debrinay
Vidéo : Étienne Guiol
Avec les Danseurs du Ballet de l’Opéra national du Rhin 
Marion : Julia Weiss (29 & 30), Dongting Xing (31 & 1/04), Damiel : Marwik Schmitt (29 & 30), Ryo Shimizu (31 & 1/04), Samaël : Cauê Frias (29 & 30), Rubén Julliard (31 & 1/04), Cassiel : Alain Trividic , Homer Pierre Doncq, Peter Falk : Marin Delavaud, Nick Cave : Avery Reiners, Michel : Pierre-Émile Lemieux-Venne, Un Jeune Homme : Rubén Julliard (29 & 30), Jesse Lyon (31 & 1/04)
Et Audrey Becker, Susie Buisson, Deia Cabalé, Noemi Coin, Marta Dias, Ana Enriquez, Brett Fukuda, Di He, Erwan Jeammot, Miquel Lozano, Khanya Mandongana, Rio Minami, Mathis Nour, Leonora Nummi, Alice Pernão, Jean-Philippe Rivière, Cedric Rupp, Emmy Stoeri, Hénoc Waysenson, Lara Wolter
Piano : Bruno Anguera Garcia

On achève bien les chevaux de Bruno Bouché et Clément Hervieu-Léger
Scène nationale Châteauvallon – Liberté
Le 6 juillet 2023

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1 Comment

  1. le talent de Bruno Bouché comme danseur et comme chorégraphe m’est familier et son parcours est exemplaire; je lui souhaite le meilleur pour ses futurs projets espérant le voir un jour en Bretagne avec sa Cie.

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