Pascal Sangla © Alex Delamadeleine

Au Méta, Pascal Sangla met des notes sur les mots de Wajdi Mouawad 

Dans le cadre des rencontres du printemps du Méta, qui se sont tenues du 14 au 19 mars 2023, Pascal Sangla a imaginé un « pas de côté » musical avec Wajdi Mouawad.

Pascal Sangla © Alex Delamadeleine

Dans le cadre des rencontres du printemps du Méta, qui se sont tenues à Poitiers du 14 au 19 mars 2023, Pascal Sangla a imaginé un « pas de côté » musical avec Wajdi Mouawad. Quelques jours après ce moment partagé avec le directeur de la Colline, le compositeur revient sur cette expérience suspendue et unique, où les notes de l’un se sont conjuguées aux mots de l’autre.

© Alex Delamadelaine

Vous venez de faire un pas de côté dans le cadre des rencontres du Méta. Pouvez-vous nous expliquer le concept ? 

Pascal Sangla : un.e invité.e – un piano – un lieu, c’est le cadre de ces moments hors des clous que nous nous offrons avec le public… 
Les pas de côté ont été initiés la saison dernière, en dialogue avec Pascale Daniel-Lacombe, qui dirige le Méta.
L’idée était de se retrouver lors des temps forts que le CDN organise, et ce malgré une saison très chargée. Nous avons donc pris le peu de temps comme base pour inventer des soirées éphémères.
Le Méta ayant la particularité de n’avoir pas de lieu fixe (pour le moment), nous avons aussi fait de cette singularité le terreau de ces pas de côté, en les installant dans une patinoire, une cage de scène, un musée, un espace vert, une salle d’exposition, etc… Ce fut l’occasion de soirées uniques avec Audrey Bonnet, Clotilde Hesme, Julie Sicard, Brian Joubert, et l’Orchestre de Chambre Nouvelle-Aquitaine.

Vous avez choisi de partager ce moment avec Wajdi Mouawad. Pourquoi ? 

Pascal Sangla : J’avais découvert l’écriture de Wajdi lors de ses premiers passages au théâtre 71 de Malakoff, et ai ensuite eu la chance plusieurs années plus tard de le retrouver autour de la musique de deux de ses spectacles. Le dialogue est depuis régulier et complice.
Je voulais que Pascale et Wajdi se rencontrent depuis longtemps, tous les signaux étaient au vert, et je l’ai invité, sachant que son goût du hors-piste serait ici titillé…
Encore une fois ce choix était guidé par un plaisir rare : inviter des partenaires ami.e.s que j’estime et admire, et avec qui les occasions de se trouver au travail sont trop rares, faute de temps… 

Comment sest déroulé le spectacle ? 

Pascal Sangla : Wajdi a proposé de revisiter un de ses textes, « le poisson-soi ». Enfermé dans la « boutique-aquarium » d’une salle d’exposition, un peu à isolé, éclairé seulement par nos ordinateurs et les rais de lumières de concert venant de la salle voisine (le pas de côté se déroulait au Confort Moderne, SMAC de Poitiers), j’accompagnais cette lecture depuis mes machines, en notes et en chansons, avec la complicité de Kevin Grin, notre régisseur-créateur son habituel. 
Les gens étaient invités à s’asseoir où et comme ils le désiraient, à s’allonger même s’ils le souhaitaient, et étaient munis d’un casque leur permettant de profiter des mots et des sons, tout simplement, où qu’ils aillent, sans point de regard imposé.

Vous êtes musicien et faites les musiques de nombreux spectacles. Comment travaillez-vous ? 

Pascal Sangla : En général, il y a un premier temps de travail en amont des répétitions, où je commence à chercher des couleurs, des thèmes, des sons, des ambiances qui me semblent correspondre à ce qu’on a commencé à se raconter avec le ou la metteur.e en scène, puis il y a des aller-retour pour trouver un langage et commun. Mais c’est pendant les répétitions que se créée vraiment la musique d’un projet, en suivant les comédien.ne.s, en écoutant les indications qui leurs sont données et en étroite collaboration avec les autres corps de métier pour que tout se complète au maximum et que rien ne s’annule…
Puis au fil du travail, on ajuste, on arrange, on dose, ensemble…

Quest-ce qui vous inspire ? 

Pascal Sangla : C’est très variable et difficile à nommer.
Le texte bien sûr, mais souvent aussi l’élan premier du ou de la metteur.e en scène, quand il ou elle parle de son idée et de ses envies, de ses intuitions.
Les lectures et images en périphérie du texte, la présence et le travail des équipes au plateau et en dehors, les lieux dans lesquels on travaille, l’énergie qui se dégage de tout ça, tout cela se mélange et provoque l’écriture, parfois à des moments inattendus… 

Sur quel projet travaillez-vous ?

Pascal Sangla : Cette saison, j’ai mis un peu en suspens les tournées, pour me consacrer à ma famille et à l’écriture.
Je viens de terminer la musique d’un film pour Jeanne Herry (Je verrai toujours vos visages, sortie le 29 mars), et j’écris en parallèle la musique d’un spectacle pour une jeune compagnie et celle du prochain projet de Fabien Gorgeart (metteur en scène de Stallone avec Clotilde Hesme la saison passée), que je retrouverai comme comédien dans quelques mois, pour une adaptation des Gratitudes, roman de Delphine de Vigan, avec Catherine Hiegel et Laure Blatter. Je jouerai aussi dans le prochain spectacle de Baptiste Amann, dont j’aime énormément le travail, la saison prochaine. 

Que peut on vous souhaiter ?

Pascal Sangla : Que ça continue comme ça.

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Les Rencontres du Méta
du 14 au 19 mars 2023

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