La Délicatesse © Fabienne Rappeneau

Sous le charme de La Délicatesse

Au théâtre de l'Œuvre, l'adaptation et la mise en scène du roman de David Foenkinos, La Délicatesse, emballe les coeurs.

La Délicatesse © Fabienne Rappeneau

Après le Chêne noir, au Festival Off d’Avignon 2022, La Délicatesse, spectacle de Thierry Surace s’est installé à Paris, au Théâtre de l’Œuvre. Coup de cœur pour cette élégante et délicieuse adaptation du roman éponyme de David Foenkinos.

Dès sa sortie, en 2009, le roman a connu un grand succès. De par sa forme et son contenu, cet ouvrage appartient à ce que l’on nomme la littérature « Feel Good ». Ce qui signifie qu’il fait du bien. Sur le ton de la comédie romantique, à travers des personnages attachants, l’auteur évoque cette possibilité de tomber à nouveau amoureux après le décès de l’être chéri. Conjuguant sur trois temps le verbe aimer, celui du bonheur, du deuil et de la renaissance, Foenkinos nous entraîne dans une histoire qui réchauffe le cœur. Toutefois, le plus marquant dans son ouvrage est la qualité de son écriture. À la manière d’un Gary-Ajar, il anime ses phrases et ses images de poésie et d’humour.

La Délicatesse © Fabienne Rappeneau
Raffinement et sensibilité

La première chose qui saisit dans le travail d’adaptation de Thierry Surace, c’est de ne jamais avoir perdu de vue le style narratif du roman. Il y avait matière à une théâtralisation. Dans un dosage parfait, les faisant se répondre, il alterne monologue et dialogue et ce que chacun pense où ressent nous parvient adroitement. La deuxième chose est sa mise en scène. Nous avions découvert son univers au Vingtième théâtre, avec son épatante Odyssée Burlesque. Ce Niçois, implanté solidement avec sa compagnie Miranda, dans sa ville, est un metteur en scène à l’imaginaire réjouissant. Ce que l’on retrouve totalement dans la façon dont il a conçu le spectacle. La scénographique et les lumières permettent à notre imagination d’œuvrer selon les lieux, mais aussi à notre entendement de suivre les traversées émotionnelles des personnages.

Un trio au diapason

Le traitement des personnages est fort judicieux. Nathalie est incarnée par une comédienne (Sélène Assaf). Normal, elle est le point central autour duquel l’histoire circule. Un seul comédien (Jean Franco) se glisse dans la peau des amoureux de la jeune femme, François (l’idéal), Charles (l’éconduit) et Markus (l’inattendu). Et puis, il y a ce « major d’homme » (Jérôme Schoof). Prédisant l’avenir comme une promesse, cette silhouette fantomatique rayonne, observe, commente et accompagne ces êtres partis à la quête d’eux-mêmes. Les partitions de chacun s’orchestrent admirablement pour faire résonner cette symphonie du bonheur.

Jeux, set et match
La Délicatesse © Fabienne Rappeneau

L’échange est au théâtre aussi important qu’au tennis. Faut que cela joue et que cela circule. Je peux vous dire que la rencontre Assaf-Franco vaut une rencontre Federer-Nadal ! Sous l’arbitrage très subtil de Jérôme Schoof, qui sait relancer le jeu, on les regarde évoluer sur la scène avec un immense plaisir.

Sélène Assaf possède un beau parcours. On a pu la découvrir dans deux mises en scène de Chloé Dabert (Des corps qui respirent et Le Firmament). De son « potentiel érotique » à ses déchirements, elle insuffle à son personnage toutes les nuances nécessaires pour ne jamais tomber dans le pathos et la facilité. Cette brillante comédienne, franco libanaise, a tout d’une grande !

Jean Franco ne cesse depuis le début de sa carrière de nous surprendre. Nous avons découvert ce Niçois, en 2001, avec Les bras m’en tombent. Depuis, il a enchaîné, comme comédien, mais aussi comme auteur. Sa prestation remarquable dans Plus haut que le ciel, en 2020, a été récompensé par le Molière du second rôle ! Dans une belle diversité de jeu, l’acteur s’est emparé avec une aisance remarquable de ces personnages d’hommes aux caractères bien représentatifs de leur espèce. C’est admirable !

Marie-Céline Nivière

La délicatesse d’après le roman de David Foenkinos.
Théâtre de l’Œuvre
55 rue de Clichy
75009 Paris.
Jusqu’au 30 avril 2023.
Le jeudi, vendredi et samedi à 19h, le dimanche à 15h30. Relâche les 2, 24, 25 et 26 mars.
Durée 1h15.

Adaptation et mise en scène Thierry Surace.
Avec Hélène Assaf, Jean Franco et Jérôme Schoof.
Scénographie Bastien Forestier.
Costumes Chouane Abello Tcherpachian.
Musiques de Julien Gélas.

Crédit photos © Fabienne Rappeneau

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1 Comment

  1. … Marie Céline la toujours juste … coucou … tu donnes vraiment envie d’aller voir ce spectacle … merci …

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