Un d'après Le Roman d’un être de Bernard Noël - Mise en scène de Frédéric Leidgens © Claire Bardane

Dans les méandres métaphysiques d’Opalka 

En partenariat avec Les Subs, Les Célestins – Théâtre de Lyon présentent la dernière création du belge Leigdens, une plongée réflective dans l’œuvre conceptuelle d'Opalka.

Un d'après Le Roman d’un être de Bernard Noël - Mise en scène de Frédéric Leidgens © Claire Bardane

En partenariat avec Les Subs, Les Célestins – Théâtre de Lyon présentent la dernière création du belge Leigdens, une plongée réflective dans l’œuvre conceptuelle du plasticien franco-polonais, connu pour son obsession pour le temps qui passe et les chiffres. 

Des nombres, une succession de chiffres flottent dans les airs, impalpables, invisibles. C’est une impression étrange, rien de vraiment concret, tout n’est que subjectivité, perception fugace, mirage philosophique. En portant au plateau Le Roman d’un être de Bernard Noël, recueil de douze discussions partagées entre avril 1985 et février 1996 avec Roman OpalkaFrédéric Leigdens concrétise un projet qui lui tient à cœur de longue date, faire découvrir à un public averti, curieux ou passionné d’histoire de l’art, l’œuvre conceptuelle de l’artiste franco-polonais. Le pari était audacieux, le comédien et metteur en scène belge, formé à l’École du TNS, le relève dans la petite salle des Célestins à Lyon avec sensibilité et épure. 

Une expérience presque mystique
Un d'après Le Roman d’un être de Bernard Noël - Mise en scène de Frédéric Leidgens © Claire Bardane

Pas facile, d’évoquer un travail très abstrait dont l’essence même consiste à transcrire artistiquement parlant la trace d’un temps irréversible, notamment en inscrivant des séries de nombres à la suite sur des toiles, toutes de même dimension. Avec sa complice Sophie RobinFrédéric Leigdens ne cherche pas à contourner la difficulté, mais à la rendre envoûtante, presque entêtante. S’appuyant sur des voix caressantes, un jeu tenu, pour ainsi dire absent, les deux interprètes entraînent le spectateur dans une sorte de rêve ouaté, d’entre-deux transcendant où les réflexions sur l’art d’Opalka éclaire son œuvre avec acuité et lucidité. 

À la frontière de l’art et de la philosophie

Tout n’est clairement pas intelligible, mais il se dégage de cet objet singulier, entre installation performative – la scénographie d’Éric Blosse fait de boîtes à lumières rondes évoquant un autre médium d’Opalka, la photographie – et lecture théâtralisée, une singularité qui n’a rien d’immédiat, mais qui au long cours, convie à une belle et intelligente réflexion sur l’art, le temps qui s’égrène impassiblement. Hommage à l’œuvre de l’artiste autant que sa pensée, Un n’a rien de commun, bien au contraire. En obligeant le public à sortir de son confort, à quitter sa passivité, à mettre en route les rouages de son cerveau, Frédéric Liegdens signe un spectacle rare à l’instar de son sujet. Chapeau l’artiste ! 

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Lyon

Un d’après Le Roman d’un être de Bernard Noël
Collectif jesuisnoirdemonde
Célestine

en partenariat avec Les Subs
Les Célestins – Théâtre de Lyon
4, place Charles Dullin
69002 Lyon 

Mise en scène et adaptation du texte – Frédéric Leidgens
Assistanat à la mise en scène – Sophie Robin
avec Frédéric Leidgens et Sophie Robin
Scénographie et lumière d’Éric Blosse
Vidéo d’Olivier Crouzel
Son – Étienne Martinez
Extraits musicaux et sonores issus des œuvres de Lucy Railton, Akira Rabelais, Jana Winderen, Mark Hollis 

Crédit photos © Claire Bardane

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