Sarrazine de Julie Rossello Rochet - mise en scène de Lucie Rébéré © Jean-Louis Fernandez

Sarrazine, une vie à bout de souffle

Au Belleville, Nelly Pulicani fait revivre la fureur de vivre d'Albertine Sarrazin dans une mise en scène de Lucie Rébéré.

Sarrazine de Julie Rossello Rochet - mise en scène de Lucie Rébéré © Jean-Louis Fernandez

Au Belleville, Nelly Pulicani se glisse le temps d’une pièce de théâtre dans la peau d’Albertine Sarrazin, femme de lettres française au succès aussi fulgurant que son existence. Dans ses trois principales œuvres, L’Astragale (1965), La Cavale (1965) et La Traversière (1966), elle évoque sa vie de délinquante, de prostituée et de détenue. Suivant le fil chronologique et chaotique de sa fuite d’un pensionnat à l’âge de 16 ans à sa mort à 29 ans sur une table d’opération, Julie Rossello Rochet, au texte, et Lucie Rébéré, à la mise en scène, esquissent le portrait d’un être libre, qui brûla sa vie par les deux bouts et que ni l’amour, ni les barreaux d’une prison, ni une quelconque morale bourgeoise n’arrêta. 

Confinée dans une étroite salle de bain, que seule une baignoire évoque, la comédienne alésienne porte à sa manière, un peu gouailleuse teintée d’un joli accent du sud, la langue vive, imagée, prosaïque de l’écrivaine. Tentant de rendre palpable, tangible, la vie d’enfermement qu’on a voulu imposer à Albertine Sarrazin, et dont elle s’est libérée grâce à sa plume qui oscille en permanence entre concision et familiarité, tendresse et humour, la scénographie dialogue avec le personnage, devient confidente de ses peines, de ses joies, de ses désirs, de ses aspirations les plus secrètes. Tout est réuni pour que l’on soit happé par ce récit de vie tant romanesque qu’insaisissable, pourtant quelque chose échappe, comme si les mots défilés sans toucher leur cible, comme si faute de souffle, ou d’un bon alignement entre jeu, mise en scène et dramaturgie, le texte restait à plat. Reste l’envie, et ce n’est pas si mal, de (re)découvrir la plume de cette autrice fugace, de cette femme assurément libre !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Sarrazine de Julie Rossello Rochet
Théâtre de Belleville
16 Passage Piver
75011 Paris
du 8 au 31 octobre 2022
Lundi et mardi à 19h, samedi à 16h et dimanche à 17h30
relâches les 18 & 22 octobre

Tournée 
Du 17 au 20 janvier 2023 au Théâtre Joliette – Marseille
27 Janvier 2023 au Polaris – Corbas
23 mars 2023 au TMG – Grenoble
Du 23 mai au 3 juin 2023 aux Célestins – Lyon

Mise en scène de Lucie Rébéré
Avec Nelly Pulicani et les voix de Bouacila Idira, Ruth Nüesch, Mitchelle Tamariz et Gilles David
Collaboration artistique – Lorene Menguelti et Nans Laborde Jourdaà
Scénographie d’Amandine Livet
Costumes de Floriane Gaudin
Lumières et régie générale de Pierre Langlois
Création sonore de Clément Rousseaux

Crédit photos © Jean-Louis Fernandez

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