Lucas Bonnifait © Jacques Demarthon

Lucas Bonnifait, le nouveau souffle du Théâtre 13 

Depuis juin 2021, Lucas Bonnifait, ancien de la Loge, succède à l’emblématique Colette Nucci, à la tête du Théâtre 13. Rencontre.

Lucas Bonnafait © Jacques Demarthon

Depuis juin 2021, Lucas Bonnifait, ancien de la Loge, succède à l’emblématique Colette Nucci, à la tête du Théâtre 13. Comédien, metteur en scène, il impulse depuis un an d’autres esthétismes au lieu. Écritures contemporaines, formes hybrides, il souhaite en faire un pôle majeur de la création et de la diffusion pluridisciplinaire des nouvelles générations. Rencontre. 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de postuler pour ce lieu ? 

Lucas Bonnifait : Cela s’est fait très naturellement, un enchaînement d’événements, de conjectures. Après notre départ du 11e arrondissement, la fermeture de la Loge, je cherchais un lieu, j’avais envie d’évoluer, de pouvoir développer ce que nous avions durant 10 ans mise en place. Je me sentais à l’étroit, dans les murs, mais aussi dans les conditions d’accueil que nous offrions aux compagnies, aux équipes. Je voulais pouvoir les accompagner tout au long de leur processus de création. Il était donc essentiel pour moi de postuler pour des théâtres qui me permettraient ce type de projet, plus ambitieux. Après plusieurs tentatives, le Théâtre 13 s’est imposé à moi. J’avais une affinité particulière pour le lieu, les deux salles, les deux ambiances que cela pouvait générer. Et puis le Prix, décerné chaque année à de jeunes metteurs en scène, qui présentent devant un jury une maquette de leur travail, entrait en résonance avec mon projet dédié aux nouvelles générations d’artistes. 

Quelles sont les grandes lignes de votre projet ?
pour un temps sois peu de Lauren Marx. Mise en scène de Lena Paugam © Kevin Lebrun

Lucas Bonnifait : Bien que perturbé par la crise qui a secoué durablement et en profondeur le secteur de l’art vivant, je voulais que, dès cette première saison, l’on ait une vision de ce que je souhaitais mettre en place au Théâtre 13. Malgré les reports, une programmation pléthorique, il se dessine mon appétence pour les nouvelles formes, l’hybridation des disciplines et une écriture contemporaine portée par de jeunes artistes. L’émergence est au cœur du projet, mais pensée à long terme. Il est important de créer des fidélités, d’accompagner les compagnies sur le long cours. Être découvert, c’est bien, mais il faut aussi les aider à grandir et pouvoir être là après. Schématiquement, l’on peut imaginer un processus qui consisterait à repérer les équipes, les programmer, les conseiller, les aider à se produire, à se rendre visibles. Cela s’inscrit dans une continuation avec ce que nous faisions à la Loge, mais avec la possibilité d’aller plus loin. On peut déjà voir les prémices de nouveau souffle dans la programmation de cette première saison. D’un côté, il y a quelques artistes historiques, avec qui j’avais déjà travaillé dont j’avais accompagné les premiers pas et d’autres que j’ai plaisir à faire découvrir.  

Y a-t-il des artistes associés au lieu ?
1_KURDIAN_X ! (un opéra fantastique)_répétitions © gerald kurdian

Lucas Bonnifait : Oui à partir de la saison 2022/2023, Raouf Raïs sera artiste associé. Nous avons d’abord testé des choses avec lui lors de cette première saison si particulière qui s’achève. Nous avions besoin de tenter des choses pour trouver la bonne formule d’accompagnement d’un·e artiste dans une démarche de création en lien avec un territoire et ses habitants. Nous ne nous sommes fixés aucun objectif si ce n’est de se laisser le temps de réfléchir. Le but est que le Théâtre 13 puisse être une maison pour un·e artiste qui lui permette de construire des projets sur le long cours, qu’il·elle se sente chez lui·elle. On a donc donné carte blanche à Raouf Raïs pour permettre de faire découvrir le Théâtre autrement. Son idée : transformer le bâtiment, de la salle aux loges, en passant par les bureaux, en immense train fantôme. C’est une très belle réussite qui donne à voir le Théâtre sous un autre angle et rend compte de la vie d’un lieu en dehors du plateau tout en jouant à se faire peur. Nous allons reconduire ce rendez-vous un mercredi par mois toute la saison prochaine.
En parallèle, nous avons voulu imaginer des projets hybrides afin d’investir le territoire en faisant se croiser des disciplines de secteurs différents. Raouf s’imprégnera du Théâtre et de ses alentours pour inventer de nouvelles formes artistiques en lien avec le tissu associatif et les animateur·rice·s de la vie locale du 13ème arrondissement, afin de continuer à créer du théâtre là où on ne l’attend pas. C’est dans ce cadre qu’il sera aussi en résidence au Théâtre 13 / Glacière pour l’écriture et la construction d’un spectacle autour du sport et du théâtre, spectacle qui sera créé lors de la saison 23/24. 

Qu’en est-il de la programmation à venir ?
Vers le spectre - Maurin Ollès  © Lucas Palen

Lucas Bonnifait : Elle est dans la suite logique de ce que nous avons entamé cette année. À savoir des formes ambitieuses formellement qui traitent des sujets forts qui traversent notre société avec toujours une forme d’engagement dans le propos. Nous avons aussi fait le choix de privilégier les séries plus longues de quinze dates sur trois semaines. Nous avons été contraint·e·s cette année dû aux nombreux reports à présenter des séries sur cinq dates. Ce qui n’est pas suffisant pour installer les œuvres, leur donner une chance de rencontrer leur public. Nous souhaitons contribuer à une meilleure diffusion des œuvres. Nous aurons à titre exceptionnel quelques exploitations très courtes comme par exemple deux dates en partenariat avec le Festival d’Automne.
Enfin le travail autour de la jeune création et des jeunes artistes se traduira comme un fil rouge tout au long de la saison au travers des différents événements que sont le Festival Fragments, le festival Impatience et le Prix Théâtre 13. Et également dans de nombreux accueils d’équipes en résidence dans les différents espaces du Théâtre 13.

Les prix ont bientôt lieu. Comment vont-ils se dérouler ? 
Strip : au risque d’aimer ça de et avec Julie Benegmos et Marion Coutarel © Marie Clauzade

Ils vont se dérouler comme avant c’est-à-dire que la sélection des 6 spectacles finalistes joueront deux dates en juin et l’un d’entre eux sera sélectionné par un jury de professionnel·le·s et jouera 10 dates la saison prochaine en octobre. À terme, je souhaite que le Prix Théâtre 13 s’inscrive de manière plus forte encore dans le paysage professionnel, notamment avec de nouveaux partenaires. C’est un événement créé par le Théâtre 13 il y a plus de quinze ans maintenant et qui devrait profiter d’un rayonnement plus important. J’en veux pour preuve l’historique des artistes reconnu·e·s maintenant et qui sont passé·e·s par le Prix : Julie Deliquet, Pauline Bayle, Alexandre Zeff, Elise Noiraud, Nelson-Rafaell Madel, Jean Bechetoille ou encore Pierre Cuq

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore 

Théâtre 13
30, rue du Chevaleret
75013 Paris

Crédit photos © Jacques Demarthon, © Kevin Lebrun, © Gérald Kurdian, © Lucas Palen et © Marie Clauzade

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