Chers Parents Une comédie d’Emmanuel Patron et Armelle Patron. Mise en scène Armelle Patron et Anne Dupagne © Christophe Lebedinsky
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Un bel air de famille au Théâtre de Paris

Au théâtre de Paris, Salle Réjane, jusqu'au 31 décembre, les Patron signent une belle comédie sur la famille et ses petits arrangements.

En cette période où les théâtres peinent à faire le plein, au Théâtre de Paris, le public a vite répondu présent, salle Réjane. Chers parents, une comédie, délicieuse et craquante signée Emmanuel et Armelle Patron, est une des belles surprises de cette saison. Succès assuré.

Emmanuel et Armelle Patron sont frère et sœur à la ville. Donc on imagine bien qu’ils connaissent bien leur sujet. La fratrie est un lien dont ils savent les rouages, les félicités, les grincements, les libertés de langage. C’est pour cela que chaque réplique, chaque intention font mouche. La famille est un cocon dont ils ont su tirer les fils, pour en faire sortir une histoire formidable. Ici, nous ne sommes pas chez les Atrides mais chez les Gauthier, qui ont su cultiver leur jardin et élever leurs enfants.

Une unité familiale en péril 

Chers Parents Une comédie d’Emmanuel Patron et Armelle Patron. Mise en scène Armelle Patron et Anne Dupagne © Christophe Lebedinsky
© Christophe Lebedinsky

À une période de la vie, ce ne sont plus les parents qui s’inquiètent du sort de leurs enfants mais l’inverse. C’est pour cette raison que Pierre, Louise et Jules lâchent tout pour se précipiter, en catastrophe dans la maison parentale. Le message de leur père était plutôt inquiétant ! Un mauvais pressentiment ! Unis comme les mousquetaires, ils sont prêts à affronter la pire des nouvelles. Mais voilà, papa et maman se portent merveilleusement bien et ont même pleins de nouveaux projets en tête. Et c’est là que cela va un peu coincer. Comme quoi des bonnes nouvelles peuvent fragiliser la belle unité familiale. Et si l’argent ne fait pas le bonheur, il y contribue grandement.

Une comédie inattendue

La grande force de cette comédie, c’est que l’on ne tombe jamais dans les clichés et que les rebondissements sont assez inattendus. Le terreau dans lequel ont été plantés les enfants est d’une grande qualité, alors pas question de remuer de la boue, il n’y en a pas ! Ici, nous sommes juste dans les remises en question, celle que chacun de nous a été un jour amenés à penser. Nous nous promenons sur un terrain peu escarpé où les seuls accidents sont ceux de la vie. A chacun ses petites névroses, ses regrets, ses travers, mais pas de quoi bouleverser le moindre psychiatre ! Et cela ne fait pas de mal à entendre. Et tout ceci passé à la moulinette des deux auteurs devient franchement très divertissant.

Des parents divins 

Dans les personnages des parents, Jeanne et Vincent, nous retrouvons les délicieux Frédérique Tirmont et Bernard Alane. Ils sont très convaincants en éternels amoureux. Quoiqu’ils fassent, un geste, un regard, une attitude, ils nous donnent vraiment l’impression qu’ils sont mariés depuis 45 ans. Quant à la manière dont ils observent et secouent leurs adorables rejetons, qu’ils ont tant aimés, mais, à qui ils demandent de l’air, c’est impayable. Les deux comédiens possèdent, en plus de leur grand talent, chacun des tonalités de voix bien spécifiques qui donnent une musicalité particulière à la partition écrite pour eux. Ils font de ces parents ordinaires des personnages extraordinaires.

Une fratrie au cordeau 

Chers Parents Une comédie d’Emmanuel Patron et Armelle Patron. Mise en scène Armelle Patron et Anne Dupagne © Christophe Lebedinsky
© Christophe Lebedinsky

En parlant de musicalité de voix, il y en a tout autant chez les enfants. Surtout chez le petit dernier, incarné par l’impayable Rudy Milstein, sorte de Droopy ayant croisé Snoopy ! Le petit chéri est un écrivain non pas raté, car il faut avoir commencé, mais qui se cherche. Il est terriblement touchant. La cadette, Louise est délicieusement interprétée par Elise Diamant, qui sait polir les multiples facettes de son personnage. Elle est la fierté, celle qui a fait médecine. Bon d’accord, elle est toujours célibataire et étudiante à son âge ! L’aîné, Pierre est la figure de proue, celui sur qui l’on compte. Emmanuel Patron est remarquable. C’est très finement qu’il dévoile les quelques failles de ce quarantenaire rugissant de santé, de robustesse et de bonheur. Les liens qui unissent ces trois petits poussins depuis leur enfance sont très finement dessinés et on y croit complètement.

Une mise en scène lumineuse

Quant à la mise en scène co-signée par Armelle Patron, pour qui c’est une première, et Anne Dupagne, autant dire qu’elle est parfaite. Rien n’est laissé au hasard, tout est juste que cela soit dans les déplacements ou dans les intentions. Tout est à sa place. Cela donne du rythme et une belle vivacité. En regardant cette comédie très bien construite, on se dit que la sincérité n’empêche pas le rire. Oui, on se divertit beaucoup, mais il n’y a pas que cela. C’est avant tout un beau portrait de famille.

Marie-Céline Nivière

Chers parents d’Emmanuel et Armelle Patron
Salle Réjane – Théâtre de Paris
15 rue Blanche
75009 Paris
Jusqu’au 30 juin 2024
Durée 1h30

Mise en scène d’Armelle Patron et Anne Dupagne
Avec Frédérique Tirmont, Bernard Alane, Elise Diamant, Rudy Milstein, Emmanuel Patron
Costumes de Nadia Chmilewsky
Décor d’Edouard Laug
Lumière de Laurent Béal
Musique de Michel Amsellem

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