Zylan ne chantera plus de Richard Brunel © Jean Louis Fernandez

Un opéra itinérant contre l’homophobie à Lyon

À Lyon, dans le cadre des itinérances du théâtre du Point du jour, Richard Brunel propose sort l’art lyrique de ses ors pour aller à la rencontre de nouveaux publics.

À Lyon, dans le cadre des itinérances du théâtre du Point du jour, auxquelles se sont associées l’opéra de Lyon, Richard Brunel propose à travers la tragique histoire de Zylan, de sortir l’art lyrique de ses ors pour aller à la rencontre de nouveaux publics, qu’ils soient lycéens, pensionnaires d’un établissement de santé, ou tout simplement curieux de découvrir d’autres formes artistiques. 

En s’emparant de l’histoire vraie d’un chanteur populaire ,en pleine ascension, disparu du jour au lendemain, emmené par la milice de son pays natal, pour son orientation sexuelle, le metteur en scène et tout nouveau directeur de l’institution lyonnaise souhaite sensibiliser les spectateurs aux dérives de l’homophobie dans un état totalitaire tout en leur permettant de se familiariser avec un art, qu’à tort beaucoup croit poussiéreux, éloigné des préoccupations sociétales actuelles et surtout inaccessible aux communs des mortels. 

En confiant au dramaturge Yann Verburgh le livret et à la compositrice née à Singapour, Diana Soh, la délicate mission de le transposer en musique, Richard Brunel signe un spectacle intimiste, qui touche au cœur et glace les sangs. La scénographie très simple et assez légère de Stephan Zimmerli, permet à la mise en scène d’aller au plus près des doutes et des peurs qui traversent Zylan, des violences subies par les bourreaux inhumains d’un totalitarisme aveugle, barbare. 

Entremêlant instruments traditionnels et dispositifs sonores plus contemporains, faisant appel autant à la virtuosité des musiciens qu’à leur inventivité, la partition ciselée de Diana Soh sert d’écrin au drame qui se joue devant nos yeux, l’enveloppe lui insufflant troublantes émotions et douloureux émois. Rien n’est laissé au hasard, tout concourt à s’approprier l’histoire de Zylan, à en faire l’étendard d’une cause juste. Dans la peau du chanteur pop, résistant, au cœur pur, le ténor Benoit Rameau est touchant de vérité. Toute la détresse de son personnage se lit dans ses yeux clairs. 

Joué en lycée, Zylan ne chantera plus passe sans qu’aucun chuchotement, sifflement, rejet, ne viennent perturber la représentation. Tous sont attentifs et loin de questionner le sujet, dont la cause leur semble acquise, ils s’intéressent à l’objet opératique, à la manière dont les sonorités se conjuguent, au pourquoi du comment avoir imaginé un opéra plutôt qu’une pièce de théâtre. Tout simplement comme le dira Richard Brunel, s’inspirant de Heiner Muller, « ce dont on ne peut pas parler, il faut le chanter. »

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Zylan ne chantera plus de Yann Verburgh
Opéra itinérant
Lycée Branly
Théâtre du Point du Jour 
7
rue des Aqueducs
69005 Lyon

Composition de Diana Soh
Livret de Yann Verburgh

Mise en scène de Richard Brunel
Collaboration à la mise en scène – Valérie Marinese-Barboza
Avec Benoît Rameau (tenor), Maarten Stragier (guitare électrique), Loris Sikora (violoncelle), Yi-Ping Yang (percussions), Valérie Marinese-Barboza (jeu)
Scénographie de Stephan Zimmerli
Costumes de Mathieu Trappler
Lumières deVictor Egéa
Dramaturgie de Youness Anzane
Collaboration artistique – Catherine Ailloud-Nicolas

Crédit photos © Jean Louis Fernandez

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