Henri VI de Shakespeare. théâtre Nanterre-Amandiers. Mise en scène de Christophe Rauck. © Simon Gosselin

Henri VI, une saga baroque pour une sortie d’école flamboyante

otion 6 de l’École du Nord, dernière de l’ère Rauck, donne intensément corps à la saga historique de Shakespeare, Henry VI.

Aux Amandiers, la promotion 6 de l’École du Nord, dernière de l’ère Rauck, donne intensément corps à la saga historique de Shakespeare, Henry VI. Sous le regard précis et ingénieux du tout nouveau directeur du CDN de Nanterre et de Cécile Garcia Fogel, les seize élèves sortant, font feu de tout bois et font vibrer haut l’art dramatique. 

Des palissades blanches cachent à la vue du public le théâtre, en travaux depuis plusieurs mois. Une flèche indique le chemin menant au Lieu éphémère, scène provisoire du CDN, joliment aménagée par Alain Lagarde, le scénographe attitré de Christophe Rauck, dans les anciens ateliers de décor. Tapis au sol, vieux mobiliers disparates et œuvres d’art en tout genre accrochées au mur, transforment le hangar en un cocon douillet, un endroit où il fait bon s’attarder. Les portes de la salle s’ouvrent. Il est temps de laisser place au théâtre et de se glisser dans les coulisses de l’histoire anglaise, celle de la guerre des Deux-Roses, dont William Shakespeare s’est inspiré pour sa célèbre trilogie. 

Intrigues et complots à gogo 

Henri VI de Shakespeare. théâtre Nanterre-Amandiers. Mise en scène de Christophe Rauck. © Simon Gosselin

Le grand et respecté roi Henri V vient de mourir. Son fils, âgé de neuf mois, lui succède. Dans l’ombre, les intrigues se tissent. L’animosité entre les York et les Lancastre, deux royales et cousines familles, prétendantes au trône, ne cesse de croître au fil des ans rendant impossible le règne de l’humaniste et falot d’Henri VI (délicat Louis Albertosi). Totalement dépassé par les forces politiques en présence et par les noirs desseins des grands du royaume, à commencer par sa femme, la manipulatrice et ambitieuse Margaret d’Anjou (rageuse Mathilde Auneveux), le souverain, trop sensible, n’arrive pas à asseoir son autorité, entraînant son pays dans le chaos des guerres intestines, fratricides. 

Fresque baroque survoltée

Menant tambour battant, comédiens – Louis AlbertosiMathilde AuneveuxAdèle ChoubardMaxime CresciniOrlène DabadieSimon DecobertJoaquim FossiAntoine HeuilletPierre-Thomas JourdanSolène PetitRebecca TetensNine d’Urso et Paola Valentin – et auteurs – Constance de Saint RémyNicolas Girard-Michelotti et Noham Selcer – de la promotion 6 de l’École du NordChristophe Rauck, avec peu de moyen, donne vie à tout une époque, à tout un monde. Adaptant la saga shakespearienne, monstre du théâtre élisabéthain comptant pas moins de trois pièces, de 15actes, de 12 000 vers et de plus de 150 personnages, à la manière d’un feuilleton télévisé, façon Les Rois Maudits ou Game of Thrones, il signe avec sa complice Cécile Garcia Fogel, une épopée théâtrale magistrale, hyper rythmée que le public suit avec une belle gourmandise.

Écrin épuré pour du grand théâtre

Henri VI de Shakespeare. théâtre Nanterre-Amandiers. Mise en scène de Christophe Rauck. © Simon Gosselin

Plateaux tournants, estrades en bois brut, fumigènes et lumières stroboscopiques, suffisent à imaginer parlement, salle du trône, Tour de Londres et champs de bataille qui ont conduit à la chute d’Henri VI. Épurant sa mise en scène, Christophe Rauck offre à chacun de ses poulains, tous excellents, de belles partitions, de jolis morceaux de bravoure. En Jeanne d’Arc, Paola Valentin est tout simplement lumineuse. En Roi Louis de France, Antoine Heuillet est impayable. En intriguant prélat, Rebecca Tetens est retorse à souhait. Impossible de tous les citer, mais chacun à son endroit déploie habillement les différentes facettes de l’art, qu’ils ont eu l’opportunité de savamment ciseler durant les trois dernières années passées à l’École du Nord. Sous les yeux d’un public ébahi, les seize artistes brûlent les planches, font vibrer les mots de Shakespeare, leur donnent corps et chair.

Entre rires et larmes, Cet Henri VI se déguste sans modération. Du grand théâtre donc, porté par de jeunes pousses bien plantées, qui ne demandent qu’à éclore et s’épanouir. Bravo !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Henry VI de Shakespeare
Spectacle de sortie de la promotion 6 de l’École du Nord
1er épisode: Le Cercle dans l’Eau  
Durée estimée : 2h
Second épisode : L’Orage des fous 
Durée estimée : 2h

Lieu éphémère 
Théâtre Nanterre-Amandiers
7 Av. Pablo Picasso
92000 Nanterre
Jusqu’au 24 octobre 2021

mise en scène de Christophe Rauck
Collaboration artistique – Cécile Garcia Fogel
D’après la traduction de Stuart Seide
Avec Louis Albertosi, Mathilde Auneveux, Adèle Choubard, Maxime Crescini, Orlène Dabadie, Simon Decobert, Constance de Saint Rémy, Joaquim Fossi, Nicolas Girard-Michelotti, Antoine Heuillet, Pierre-Thomas Jourdan, Solène Petit, Noham Selcer, Rebecca Tetens, Nine d’Urso et Paola Valentin
Lumières d’Olivier Oudiou
Son de Sylvain Jacques
Costumes de Fanny Brouste
Travail du corps – Philippe Jamet

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