La mousson d'été - Pont-à-Mousson - Michel Didym © OFGDA

Coup d’envoi de l’édition 2021 de la Mousson d’été

En cette fin août, la 26e édition de la mousson d'été prend une nouvelle fois possession de l'abbaye des Prémontrés, à Pont-à-Mousson.

Fin août, comme chaque année depuis maintenant 26 ans, l’Abbaye des Prémontrés, en bordure de Moselle, à Pont-à-Mousson, fait la part belle aux dramaturges d’aujourd’hui, aux plumes de demain. Une semaine durant, les rencontres théâtrales internationales de la Mousson d’été invitent amoureux et néophytes à découvrir des textes venus du monde entier, des auteurs contemporains. Reportage. 

Au commencement de Nathalie Fillion. La mousson d'été © Boris Didym

Un soleil de fin d’été réchauffe les murs de l’ancien édifice religieux. Alors que les discours d’inauguration de cette 26e édition se terminent, des nuages gris menacent la courte lecture à venir. En quelques minutes, le ciel devenu noir déverse ses premières grosses gouttes de pluie sur les festivaliers. Bien que de nombreux auditeurs se soient mis à l’abri, imperturbable, contre vents et orages, Julie Pilod ne lâche rien. Droite, détrempée, elle donne la réplique à Guillaume Durieux, fait entendre les mots de Nathalie Fillion. Avec Au commencement, l’écrivaine répond à une commande de Wiener Wortstaetten dans le cadre du projet de coopération entre théâtres, festivals et organisations culturelles de 10 pays Européens, Fabulamundi – Playwriting Europe. Un moment improbable qui fait de ce festival humain et chaleureux d’écritures contemporaines son étonnante singularité. 

Schizophrénie actuelle
Nous sommes des guerriers de Monica Isakstuen - La mousson d'été © Boris Didym

Après quelques agapes et le retour du beau temps, sur la scène de l’amphithéâtre, Maud Le Grevellec, accompagnée musicalement par Frédéric Fresson, donne corps à Nous sommes des guerriers de l’auteure norvégienne Monica Isakstuen. Questionnant son existence, Moi, telle une exploratrice revient sur des événements marquants de sa vie, cherche à comprendre ce qu’ils ont provoqué en elle, à en vérifier les contours, la véracité de ses souvenirs. Interrogeant les protagonistes de ces histoires qui ont fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui, elle en appelle à des voix intérieures qui brouillent les pistes, changent les lignes, modifient sa propre mémoire, jusqu’à la perte de repères, voire de raison. Mise en espace par Pascal Deux, pour France Culture, le spectacle polyphonique invite à un lâcher-prise avec une quelque conque réalité. Offrant plusieurs pistes de compréhension, le texte traduit par Marianne Ségol-Samoy invite chacunà se faire sa propre idée ou son propre ressenti sur cette histoire à tiroirs. Portée par les voix et les présences habitées de Quentin BaillotChristophe BraultCatherine MatisseMaud Le Grevellec et Alexiane Torres, cette lecture théâtralisée ouvre joliment les festivités. 

Un Américain face au destin d’une nation en perdition
L’Âge tendre de George Brant. clovis Cornillac. Michel Didym. La mousson d'été © Boris Didym

Pas le temps de se poser, au Gymnase, Michel Didym, directeur du festival, enchaine en donnant vie à l’écriture de George Branttrès ancrée dans le quotidien d’une Amérique rongée par une politique ouvertement libérale et centrée sur ses propres intérêts. Après s’être intéressé au traumatisme post traumatique d’un pilote de drones dans Cloué au sol, l’auteur illinoisais conte la vie de Martin, un texan moyen face au chômage et aux fins de mois difficiles, qui pour subvenir aux besoins de sa femme et de ses filles, accepte de travailler dans un centre commercial transformé en camp de rétention pour jeunes filles et garçons migrants. En questionnant la politique migratoire de Donald Trump, le dramaturge confronte son personnage à l’impact direct du choix inhumain de séparer les enfants de leurs parents. Porté par Clovis Cornillac, qui offre au texte densité et puissance, L’Âge tendre touche par sa thématique sans pour autant attraper, saisir. Préférant s’intéresser aux réflexions de son personnage, sans élever le débat vers une dimension plus universel, George Brant signe le portrait en creux d’une Amérique moyenne prise en étau dans ses propres contradictions. 

Undernier regard sur la façade éclairée de l’Abbaye, la journée dense, chargée d’émotions diverses, s’achève ouvrant sur de belles promesses d’un lendemain tout aussi intense et éclectique.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

La mousson d’été – Abbaye des Prémontrés – Pont-à-Mousson
Jusqu’au 29 août 2021

Nous sommes des guerriers de Monica Isakstuen (Novège),
traduction de Marianne Ségol-Samoy
direction d’acteur et mise en ondes par Pascal Deux
avec Quentin Baillot, Christophe Brault, Catherine Matisse, Maud Le Grevellec et Alexiane Torres
musique originale Fréderic Fresson
assistante à la réalisation Justine Dibling
équipe technique Stéphane Beaufils, Mathieu Touren et Bastien Varigault,
coordination technique Francesca Fossati 
enregistrée en public à la Mousson d’été, une réalisation France Culture
texte traduit avec le soutien de l’Ambassade de Norvège et de la Maison Antoine-Vitez, Centre international de la traduction théâtrale 

L’Âge tendre de George Brant (États-Unis)
traduction de Dominique Hollier
mise en espace de Michel Didym
avec Clovis Cornillac, musique Vassia Zagar
texte traduit avec le soutien de la Maison Antoine-Vitez, Centre international de la traduction théâtrale
 

Crédit photos © OFGDA et © Boris Didym

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